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POINT DE VUE

DEMOCRATIE OU SYNDICAT DES PUISSANTS?


Alwihda Info | Par [email protected] - 9 Février 2008



Au Tchad, il ne fait aucun doute que le pouvoir de Deby est décrié par la plus grande partie de la population. Malheureusement, seul ceux qui en profitent parlent haut. Qu’il ait réussi à repousser la rébellion ne peut surprendre si la stratégie d’épuisement était le seul argument avancé. Mais, à écouter les uns et les autres, à lire les articles de gauche à droite et à regarder les chaînes de télévision du monde entier, beaucoup d’interrogations sont posées et des langues semblent se délier !

Pourquoi s’empressent-ils de remercier la France et de suggérer qu’il n’hésiterait pas à « libérer les condamnés de l’affaire l’arche de Zoé si la France le lui demande » ?
Une analyse mérite d’être faite à un moment de cette affaire : si la France voulait protéger l’Etat tchadien contre une agression extérieure, pour attendre jusqu’à ce que les rebelles se soient battus dans la capitale pendant deux jours avant d’intervenir ? Quelles transactions se faisaient entre temps pour ce fait ? Voilà un chef d’Etat à qui on proposait une exfiltration le vendredi et que l’on défend deux jours plus tard ! Est-ce le Tchad que la France a défendu ou Idriss Deby ?
Il va sans dire que la France savait et les tchadiens savent que les rebelles ne sont pas meilleurs que Deby parce que ce sont les « notables de la cour princière ».

« La grâce des six membres de l’Arche de Zoé a certainement été négociée avant l’intervention de la France aux côtés de l’armée tchadienne. Mais Idriss Déby utilise les derniers événements pour donner plus d’effet à une annonce qu’il aurait faite tôt ou tard» annonce Philippe Hugon dans un des articles du journal « La Croix » (http://www.la-croix.com/article/index.jsp?docId=2328321&rubId=786). Tôt ou tard mais pourquoi immédiatement après que ce marché qui fait la fierté des tchadiens soient devenu décombres et que des marchandises soient parties en fumée ? Il suffit de regarder ces images de New York times pour s’en faire une idée : http://www.nytimes.com/slideshow/2008/02/06/world/20080206_CHAD_SLIDESHOW_index.html.
Si la France voulait protéger le Tchad, et donc les Tchadiens, elle devrait prendre des dispositions pour éviter cela mais, la réalité est celle que tous les bons observateurs dénoncent.
Pires, des sources concordantes annoncent que le Président Deby avait avec lui tous les généraux et ministres à l’exception du Premier Ministre qui, après que tout les précédents intervenants aient affirmé que l’armée tchadienne a repoussé les rebelles, crie sur les antennes de la RFI « nous avons repoussé les rebelles grâce à l’aide de quelques amis » avant de s’apercevoir qu’il est allé trop loin et de dire que le moment viendra où ces amis seront nommés. Des otages dont la vie a valu celles des autres ?

Le pouvoir de Deby est sauvé mais des milliers de tchadiens sont affamés, loin de chez eux, des millions de commerçants partis en fumée, des vies perdues, des enfants traumatisés comme leurs grands frères des années 1979, 1982, 1984 et 1990. Quand est-ce que le peuple tchadien, et surtout les enfants tchadiens pourront-ils mener une vie normale comme les autres ?
Si la Communauté Internationale, l’ONU, la France et tous les autres, disons le syndicat des puissants, veut aider le Tchad à asseoir une démocratie, il faut soigner le mal à la racine : le stade d’aujourd’hui de la rébellion est dû à la modification de la constitution et c’est là qu’une solution peut être trouvée. Sinon, on vient de mettre en liberté un lion blessé et tout le monde sait ce dont un lion blessé est capable.
Guelmbaye Ngarsandjé



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