AA/Tunis/Esma Ben Said
La Chine, devenue plus grand investisseur commercial de l’Afrique en l'espace de 5 ans, profite de son expansion économique d’exception pour s'imposer comme le partenaire le plus influent du continent noir et asseoir, ainsi, sa force politique, selon le politologue tchadien Evariste Ngarlem Toldé, joint par Anadolu.
En s’imposant comme un partenaire économique privilégiée, la Chine a pu développer dans le même temps ses relations militaires, diplomatiques et, par extension, politique avec l’Afrique, selon la lecture de l'enseignant chercheur à l'Université de N'djamena Dr. Evariste Ngarlem Toldé.
Elle s'est, par exemple, imposée comme le médiateur du conflit au Sud Soudan -elle y est le plus gros investisseur et le plus gros acheteur dans le domaine pétrolier- où un accord de paix doit être signé le 17 août prochain afin de mettre fin à la guerre civile aux ramifications internationales qui ravage le pays depuis plus d'un an et demi, rappelle-t-il.
La Chine a également su développer sa stratégie politique en s'engageant dans le domaine de l'éducation: les départements de l’Institut Confucius (établissement culturel qui offre aux étrangers la possibilité d'apprendre le chinois et connaître la culture chinoise), considéré comme le principal vecteur du «soft power» chinois (puissance douce) opère - selon l'agence de presse chinoise "Xinhua" - dans pas moins de 22 pays africains.
Des milliers d’étudiants africains bénéficient d'ailleurs de bourses et suivent une formation en Chine afin de pouvoir communiquer librement avec leurs partenaires chinois et d'accroitre la coopération bilatérale Chine-Afrique, selon le même support d'information.
"En quelques années, la Chine s'est retrouvée en position de force, influençant indirectement les grandes décisions politiques des pays africains partenaires, parce que, "la main qui donne est toujours au dessus". Elle est parvenue à prendre une place laissée par l'Occident", commente Toldé.
"En 2006, le Tchad a même été obligé d'exclure Taïwan de ses relations pour normaliser ses rapports avec la Chine qui s'étendait peu à peu sur le continent. Ce choix a été fait en réponse à une demande directe de Pékin qui se sentait menacé en voyant l'opposition tchadienne se rapprocher de son frère ennemi", illustre-t-il.
Par crainte de perdre son influence politique et pour à la fois rappeler l'existence de cette dernière, la Chine n'a pas hésité à critiquer médiatiquement les Etats-Unis, un partenaire africain en perte d'influence (les USA investissent deux fois moins que la Chine), en arguant que la tournée africaine du président Barack Obama, démarrée la semaine passée par le Kenya (consacré à la lutte contre le terrorisme), est essentiellement motivé par la crainte de la présence chinoise sur le continent.
Cette visite vise à "contrebalancer" l'influence chinoise et à se "rattraper" pour l'indifférence historique des USA pour le continent noir qui "n'a pas de politique cohérente", avait indiqué lundi, en ce sens, le quotidien chinois «The Global Times», (qui appartient au Parti communiste chinois au pouvoir).
Lors de sa visite à Nairobi, Obama avait pour sa part indiqué, face à la presse, que "l’Afrique est un lieu de dynamisme incroyable" et que "ce continent doit être un futur centre de la croissance mondiale" confirmant la convoitise dont fait l’objet le continent noir par les grandes puissances mondiales, à l’instar de la Chine qui a su devenir, en une demi-décennie, le partenaire incontestable de l’Afrique, devançant largement les Etats-Unis, relève Toldé.
Outre le domaine diplomatique et politique, la Chine s'illustre par son investissement dans le domaine militaire sur le continent. "Elle est un partenaire de choix puisque les pays plongés dans les conflits armés s'approvisionnent auprès d'elle (Congo, Centrafrique...)", explique encore le géopolitologue.
Dans une interview consacrée au quotidien français "Le Monde", début juillet, l'Ancien ambassadeur des Etats-Unis en Somalie et au Burkina Faso, David Shinn, également expert de "la Chinafrique", a confirmé cette expansion militaire de la Chine en Afrique, notant, qu'aujourd'hui, 25% des armes conventionnelles en Afrique sont chinoises (sans compter les armes légères) contre 3 à 5 % dans les années 60.
Par ailleurs, la Chine est très impliquée dans les opérations de maintien de la paix de l'ONU, indique Shinn, rappelant qu'elle est le premier contributeur en termes d'hommes avec actuellement 2 664 casques bleus chinois déployés sur le continent, notamment au Mali et au Soudan du Sud et qu'elle participe à sept opérations de maintien de la paix en Afrique.
"La Chine a su donc imposer les règles d'un jeu économique et politique, favorable à ses intérêts. En échange elle a sa part de gâteau dans les exploitations minières et les marchés des grands travaux d'infrastructures" sur le continent noir, ajoute le professeur Toldé.
"Elle a compris qu'il fallait investir économiquement dans de multiples domaines ce qui a amené, progressivement les gouvernants du continent à dépendre politiquement du nouveau maitre des lieux", explique encore l'expert.
L’expansion économique chinoise est en effet bien réelle sur le sol africain puisque, d'après les statistiques officielles de la Banque Mondiale, le volume des échanges commerciaux entre la Chine et l'Afrique a atteint 222 milliards de dollars en 2014 (il était à 200 milliards en 2013) et devrait atteindre les 400 milliards de dollars en 2020.
Depuis 2012, la Chine a également accordé près de 30 milliards USD de prêts préférentiels aux pays africains afin de soutenir le développement des projets prioritaires que ce soit dans les domaines de l’infrastructure, l’agriculture, l’industrie manufacturière et les PME. Elle a également établi un fonds de développement Chine-Afrique avec 605 milliards USD entre 2001 et 2009 et ont annulé 312 dettes de 35 pays africains les plus endettés (qui s’élèvent à 3 milliards de dollars),toujours selon la même source.
Avec près de 1 046 projets en Afrique, plus de 2 500 grandes et moyennes entreprises chinoises issues d'une grande variété de secteurs présentes sur plus de 50 pays et régions du continent, la construction de 2 233 kilomètres de voie ferrée et 3 530 km de routes - une ligne de chemin de fer est d'ailleurs actuellement en construction au Kenya afin de relier davantage de pays en Afrique de l'Est- , la Chine a permis l'intégration du continent noir dans l'économie mondiale et ne compte pas s'arrêter en si bonne route, confirment les experts.
En s’imposant comme un partenaire économique privilégiée, la Chine a pu développer dans le même temps ses relations militaires, diplomatiques et, par extension, politique avec l’Afrique, selon la lecture de l'enseignant chercheur à l'Université de N'djamena Dr. Evariste Ngarlem Toldé.
Elle s'est, par exemple, imposée comme le médiateur du conflit au Sud Soudan -elle y est le plus gros investisseur et le plus gros acheteur dans le domaine pétrolier- où un accord de paix doit être signé le 17 août prochain afin de mettre fin à la guerre civile aux ramifications internationales qui ravage le pays depuis plus d'un an et demi, rappelle-t-il.
La Chine a également su développer sa stratégie politique en s'engageant dans le domaine de l'éducation: les départements de l’Institut Confucius (établissement culturel qui offre aux étrangers la possibilité d'apprendre le chinois et connaître la culture chinoise), considéré comme le principal vecteur du «soft power» chinois (puissance douce) opère - selon l'agence de presse chinoise "Xinhua" - dans pas moins de 22 pays africains.
Des milliers d’étudiants africains bénéficient d'ailleurs de bourses et suivent une formation en Chine afin de pouvoir communiquer librement avec leurs partenaires chinois et d'accroitre la coopération bilatérale Chine-Afrique, selon le même support d'information.
"En quelques années, la Chine s'est retrouvée en position de force, influençant indirectement les grandes décisions politiques des pays africains partenaires, parce que, "la main qui donne est toujours au dessus". Elle est parvenue à prendre une place laissée par l'Occident", commente Toldé.
"En 2006, le Tchad a même été obligé d'exclure Taïwan de ses relations pour normaliser ses rapports avec la Chine qui s'étendait peu à peu sur le continent. Ce choix a été fait en réponse à une demande directe de Pékin qui se sentait menacé en voyant l'opposition tchadienne se rapprocher de son frère ennemi", illustre-t-il.
Par crainte de perdre son influence politique et pour à la fois rappeler l'existence de cette dernière, la Chine n'a pas hésité à critiquer médiatiquement les Etats-Unis, un partenaire africain en perte d'influence (les USA investissent deux fois moins que la Chine), en arguant que la tournée africaine du président Barack Obama, démarrée la semaine passée par le Kenya (consacré à la lutte contre le terrorisme), est essentiellement motivé par la crainte de la présence chinoise sur le continent.
Cette visite vise à "contrebalancer" l'influence chinoise et à se "rattraper" pour l'indifférence historique des USA pour le continent noir qui "n'a pas de politique cohérente", avait indiqué lundi, en ce sens, le quotidien chinois «The Global Times», (qui appartient au Parti communiste chinois au pouvoir).
Lors de sa visite à Nairobi, Obama avait pour sa part indiqué, face à la presse, que "l’Afrique est un lieu de dynamisme incroyable" et que "ce continent doit être un futur centre de la croissance mondiale" confirmant la convoitise dont fait l’objet le continent noir par les grandes puissances mondiales, à l’instar de la Chine qui a su devenir, en une demi-décennie, le partenaire incontestable de l’Afrique, devançant largement les Etats-Unis, relève Toldé.
Outre le domaine diplomatique et politique, la Chine s'illustre par son investissement dans le domaine militaire sur le continent. "Elle est un partenaire de choix puisque les pays plongés dans les conflits armés s'approvisionnent auprès d'elle (Congo, Centrafrique...)", explique encore le géopolitologue.
Dans une interview consacrée au quotidien français "Le Monde", début juillet, l'Ancien ambassadeur des Etats-Unis en Somalie et au Burkina Faso, David Shinn, également expert de "la Chinafrique", a confirmé cette expansion militaire de la Chine en Afrique, notant, qu'aujourd'hui, 25% des armes conventionnelles en Afrique sont chinoises (sans compter les armes légères) contre 3 à 5 % dans les années 60.
Par ailleurs, la Chine est très impliquée dans les opérations de maintien de la paix de l'ONU, indique Shinn, rappelant qu'elle est le premier contributeur en termes d'hommes avec actuellement 2 664 casques bleus chinois déployés sur le continent, notamment au Mali et au Soudan du Sud et qu'elle participe à sept opérations de maintien de la paix en Afrique.
"La Chine a su donc imposer les règles d'un jeu économique et politique, favorable à ses intérêts. En échange elle a sa part de gâteau dans les exploitations minières et les marchés des grands travaux d'infrastructures" sur le continent noir, ajoute le professeur Toldé.
"Elle a compris qu'il fallait investir économiquement dans de multiples domaines ce qui a amené, progressivement les gouvernants du continent à dépendre politiquement du nouveau maitre des lieux", explique encore l'expert.
L’expansion économique chinoise est en effet bien réelle sur le sol africain puisque, d'après les statistiques officielles de la Banque Mondiale, le volume des échanges commerciaux entre la Chine et l'Afrique a atteint 222 milliards de dollars en 2014 (il était à 200 milliards en 2013) et devrait atteindre les 400 milliards de dollars en 2020.
Depuis 2012, la Chine a également accordé près de 30 milliards USD de prêts préférentiels aux pays africains afin de soutenir le développement des projets prioritaires que ce soit dans les domaines de l’infrastructure, l’agriculture, l’industrie manufacturière et les PME. Elle a également établi un fonds de développement Chine-Afrique avec 605 milliards USD entre 2001 et 2009 et ont annulé 312 dettes de 35 pays africains les plus endettés (qui s’élèvent à 3 milliards de dollars),toujours selon la même source.
Avec près de 1 046 projets en Afrique, plus de 2 500 grandes et moyennes entreprises chinoises issues d'une grande variété de secteurs présentes sur plus de 50 pays et régions du continent, la construction de 2 233 kilomètres de voie ferrée et 3 530 km de routes - une ligne de chemin de fer est d'ailleurs actuellement en construction au Kenya afin de relier davantage de pays en Afrique de l'Est- , la Chine a permis l'intégration du continent noir dans l'économie mondiale et ne compte pas s'arrêter en si bonne route, confirment les experts.