La crise sanitaire du coronavirus a mis pratiquement aux arrêts le monde entier. Elle a affecté tous les secteurs : économie, santé (priorité accordée par les Etats à la lutte contre le COVID 19 au détriment des autres maladies), éducation, culture, sport, etc. Ce qui va amener les pays à changer leur mode vie et leur politique. Cette crise nous a appris tant de leçons, notamment sur la capacité des Etats à y faire face. Un voile est tombé : les pays développés ont montré leur faiblesses face à la pandémie, personne ne s’imaginait il y a quelques mois que les grandes puissances du monde allaient éprouver tant de difficultés ; les réalités sont ainsi dévoilées. Cela est aussi dû aux limites de la mondialisation par le fait de l’interdépendance croissante des Etats.
Les pays communistes à l’image de la Russie qui ont pu garder leur indépendance par rapport aux autres pays dans des domaines comme la production ont plus ou moins pu contenir les conséquences de la crise, le Cuba vole au secours des pays européens, etc. L’après-COVID 2019 va probablement renverser la donne. Cette situation va également modifier les rapports de force entre les Etats, accorder plus de place à l’Afrique et permettre au monde de voir plus clair par rapport aux préjugés étiquetés à l’Afrique. A titre d’exemple, c’est la République de Madagascar qui a réussi à offrir un traitement qui reste actuellement comme le plus efficace contre le Coronavirus. A l’instar des autres pays, l’économie tchadienne a été durement touchée par cette crise sanitaire. Parmi les effets pervers de la pandémie, l’on note l’exécution du budget de l’Etat tchadien qui s’est vu très affecté par cette pandémie car nul ne peut ignorer l’importance des recettes budgétaires sur l’économie d’un pays. En effet, les prévisions de la loi des Finances initiale 2020 tablent sur des recettes de 1 209 676 624 490 f CFA dont 729 943 027 467 f CFA pour les recettes fiscales sur lesquels il est prévu 328 434 930 000 f CFA d’impôt sur le revenu et bénéfice net. Il est également pré- vu des emprunts obligataires à court terme pour un montant de 126 580 000 000 f CFA. S’agis- sant des prévisions des dépenses, elles se chiffrent à 1 326 469 999 400 f CFA dont 337 000 000 000 f CFA sont dédiés aux dépenses d’investissement.
Des dépenses n’ont prévues sont nées avec la lutte contre le COVID 19. La fermeture des magasins de service, hormis les biens de 1ère nécessité comme les denrées alimentaires, les médicaments, l’essence... constitue un manque à gagner pour l’Etat. Cette situation rend donc difficile, voire impossible, le recouvrement des recettes prévues en vue de faire face aux dépenses budgétaires pour des raisons telles que la chute de la demande des produits sur lesquels l’Etat prélève les impôts, la chute des revenus des entreprises, la difficulté pour l’Etat de collecter l’emprunt obli- gataire prévu dans le budget, le pouvoir d’achat considérablement réduit de la population suite à l’effet du confinement avec le poids important du secteur informel dans l’économie (Secteur qui a été aussi frappé de plein fouet par la pandémie), la fermeture des frontières avec notamment la perte des débouchés, l’arrêt du trafic aérien (à l’excep- tion du fret), l’arrêt des activités touristiques, l’ar- rêt de certaines activités commerciales, l’annulation des commandes (Cas où les commerçants souhaitent effectuer absolument le voyage), la baisse du financement des activités génératrices de revenus (AGR), la baisse des prix internatio- naux des matières premières, etc. Les prévisions de la croissance économique sont ainsi faussées alors que le pays s’est fixé comme objectif de clô- turer l’année 2020 avec au moins une croissance du PIB de 3,4%. La loi des Finances initiale 2020 qui vise l’amélioration des finances publiques, la perception des recettes, le renforcement de l’éco- nomie et l’amélioration des conditions de vie des populations à travers une économie forte, transformatrice et durable nous amène à nous interroger sur sa réalisation. Quant aux partenaires techniques et financiers, ils sont préoccupés par leur propres situations. Cet état des choses laisse présager des difficultés dans l’exécution du bud- get de l’Etat d’où le remaniement du budget de l’exercice 2020. Par ailleurs, le Chef de l’Etat, lors de son adresse à la Nation en date du 14 avril 2020 a posé des actions à titre d’assistance et de soutiens aux opérateurs, entre autres, la suspen- sion de 3 mois de contrôles fiscaux externes, le paiement à 50% de la contribution au titre de la patente et de l’Impôt Général Libératoire (IGL).
Ces mesures qui visent à soulager la trésorerie des entreprises et assurer leur bonne continuité, combien salutaires, ne sont pas aussi sans incident sur le budget de l’Etat. Il faudrait par conséquent, concevoir et élaborer un budget de crise qui se bornera d’ajuster les investissements, avec de réformes conséquentes, un plan de relance économique approprié, de stratégies adaptées ... en vue d’amortir le choc de la pandémie mais aussi de remettre l’économie tchadienne sur les rails. Toutefois, il y a une lueur d’espoir avec le mo- ratoire sur la dette dont vient de bénéficier le Tchad car cet argent pourra atténuer l’impact de la pandémie et permettra aussi au pays de restructurer son économie et ses structures sa- nitaires. De même, le Tchad a bénéficié d’appuis de la part de ses partenaires financiers à travers de financements et prêts. Il faut aussi noter le fait que les choses reprennent actuellement. A titre d’exemple, il est prévu la reprise de tous les trafics pendant la période de mi-juin à début juillet. Cette crise qui a pratiquement paralysé toutes les activités n’a pas épargné le secteur de l’emploi. En effet, beaucoup de salariés ont perdu leur emploi du fait de la situation très difficile qu’ont vécue les différentes entités. Ce dégraissage du personnel, effectué à travers des licenciements a mis au chômage nombre d’employés et a eu donc de conséquences sur les ménages mais aussi sur l’économie puisque l’emploi relance la produc- tion et la consommation tout comme la perte de l’emploi constitue un manque à gagner pour l’économie et crée de problèmes dans les ménages. Face à cette situation, il va falloir envisager de solutions pérennes. Il faudrait ainsi réfléchir sur la création des activités qui, même en période de confinement produisent. Le développement des activités en lignes (achats, transactions, ...) et le développement de la monétique consti- tuent, entre autres, de solutions au problème de confinement d’autant plus que ces actions conti- nueront à produire, même après le confinement.
Beaucoup de pays avaient développé les ser- vices et les TIC ; ce qui leur a permis d’amoin- drir le choc de différentes crises sur leurs éco- nomies. Il est donc d’une grande importance
d’exploiter les opportunités qu’offre l’internet. Et cela passe d’abord par une offre d’internet disponible et abordable à toute la population. Si la Chine, considérée comme étant à l’origine du Coronavirus 2019 s’est miraculeusement relevée de la crise économique et sanitaire (même si une résurgence d’une deuxième vague de la maladie est observée) c’est avant tout grâce à son ingéniosité qui a permis au pays de s’accaparer de la techno- logie et d’en dicter ses règles, même si on sait que le pays a mis en place une « tactique économique » qui lui a permis d’acheter les actions des améri- cains et européens dans des entreprises technologiques à haute valeur ajoutée pour un prix minimal avant de nationaliser la plupart de ces entreprises. Le Tchad pourrait s’inspirer de l’exemple de la Chine en priorisant l’économie du savoir. Si le Madagascar est envié aujourd’hui par beaucoup de pays c’est d’abord parce que cette nation a investi à la base dans la recherche, surtout grâce à une longue expérience dans la pharmacopée qui lui a valu cette réputation. Et si on a une compé- titivité dans les ressources humaines, on devient compétents sur tous les plans. On s’impose. La Chine dont l’exemple vient d’être cité et Cuba n’ont pas forcément assez de matières premières mais se sont imposés aujourd’hui grâce à leur savoir. Le Tchad devrait donc miser sur le dé- veloppement scientifique à travers des inven- tions et innovations technologiques grâce aux centres de recherches, écoles de formation, ... Il faut relever que l’économie tchadienne est fragile, essentiellement fondée sur les secteurs primaire et tertiaire. Le constat est qu’il y a de problèmes structurels économiques basés sur des matières premières comme le pétrole dont les cours ont chuté au niveau mondial. Il est donc important de diversifier à partir de secteurs économiques moins exposés à des chocs externes pour permettre une diminution de l’impact macroéconomique négatif de l’instabilité des cours du pétrole sur l’économie tchadienne. L’on devrait ainsi favoriser la souveraineté économique en fabriquant de médicaments, de biens de première nécessité, ... sans pour autant dépendre de l’Extérieur. Il faudrait revoir les choses de fond en comble. Exemple : les masques nous parviennent de l’Etranger. C’est ce qui a fait qu’au début du confinement, la décision du port obligatoire du masque avait été prise mais faute de masques disponibles, l’Etat a du revenir sur sa décision. Cette initiative d’accélérer la diversification permettra l’élargissement de l’assiette fiscale en vue du financement des programmes de développement avec de ressources plus stables. Il faudrait également réfléchir sur des actions ten- dant à amener les entreprises tchadiennes à être plus dynamiques, performantes, visionnaires et innovantes, créant des richesses pour le pays et les ménages. Quelques actions pourraient contribuer dans la relance de l’économie : de nouveaux investissements et stratégies dans les domaines infrastructurel, touristique, agricole (exploitation des potentialités agricoles, mise en place de stock stratégique, mise sur pied de mécanismes de prêts garanties aux agriculteurs, mise en place d’une solution alternative à la subvention des tracteurs...). Bref, il faudrait non seulement chercher à limiter au maximum l’impact de cette crise sur l’économie tchadienne mais aussi per- mettre à cette dernière d’amorcer son décollage. D’autres actions pourraient permettre à l’économie tchadienne de se relever progressivement : l’amélioration du climat des affaires, un plus grand soutien aux initiatives entrepreneuriales, la transformation sur place des matières premières, la recherche de financements plus diversifiés, le soutien aux entreprises particulièrement affectées par la crise du COVID 19, la mise en place de partenariats solides avec le pool bancaire vers plus de financements et d’investissements. Mais avant tout, il est d’une importance capitale que l’Etat se saisisse de l’encadrement et la structura- tion dans la présentation des projets banquables. La crise sanitaire du COVID 19 devrait être aussi vue comme une opportunité car chaque épreuve endurée est une leçon. Et parmi les leçons apprises du confinement, il y a lieu de relever la question du personnel essentiel et non essentiel, situation à laquelle certains employés ne travaillent pas mais perçoivent tout de même, leur salaire. Ce phénomène peut s’expliquer aussi par le retard dans les TIC qui ne permet pas d’exécuter les tâches à dis- tance alors qu’il est requis une distanciation sociale d’où le déplacement vers le lieu de travail. Cela a également amené certaines entreprises à mettre en place de mécanismes de permutation. Cette situation a été décriée par nombre d’observateurs qui voient en cela un vide juridique quant à l’in- terprétation de la loi 038/PR/96 du 11 décembre 1996 instituant le Code du Travail. Heureusement
que cette situation n’a pas beaucoup duré car le pays se relève progressivement de la maladie. Pour finir, il faut noter qu’il y a certes un net recul de la pandémie mais l’ouverture des activités mérite une grande précaution. Le pays devrait aussi tirer toutes les leçons notamment en se préparant à une résurgence de la pandémie ou à une autre éventuelle crise. L’on devrait également rester positifs, croire ne nos capacités si l’on veut vaincre définitivement cette pandémie et relancer les activités économiques.
Mahamat Zene Ali Mahamat Zene, fonctionnaire au ministère des Finances et du Budget. Actuellement Chef de Division Contrôle des Dépenses des Entités Autonomes.
Les pays communistes à l’image de la Russie qui ont pu garder leur indépendance par rapport aux autres pays dans des domaines comme la production ont plus ou moins pu contenir les conséquences de la crise, le Cuba vole au secours des pays européens, etc. L’après-COVID 2019 va probablement renverser la donne. Cette situation va également modifier les rapports de force entre les Etats, accorder plus de place à l’Afrique et permettre au monde de voir plus clair par rapport aux préjugés étiquetés à l’Afrique. A titre d’exemple, c’est la République de Madagascar qui a réussi à offrir un traitement qui reste actuellement comme le plus efficace contre le Coronavirus. A l’instar des autres pays, l’économie tchadienne a été durement touchée par cette crise sanitaire. Parmi les effets pervers de la pandémie, l’on note l’exécution du budget de l’Etat tchadien qui s’est vu très affecté par cette pandémie car nul ne peut ignorer l’importance des recettes budgétaires sur l’économie d’un pays. En effet, les prévisions de la loi des Finances initiale 2020 tablent sur des recettes de 1 209 676 624 490 f CFA dont 729 943 027 467 f CFA pour les recettes fiscales sur lesquels il est prévu 328 434 930 000 f CFA d’impôt sur le revenu et bénéfice net. Il est également pré- vu des emprunts obligataires à court terme pour un montant de 126 580 000 000 f CFA. S’agis- sant des prévisions des dépenses, elles se chiffrent à 1 326 469 999 400 f CFA dont 337 000 000 000 f CFA sont dédiés aux dépenses d’investissement.
Des dépenses n’ont prévues sont nées avec la lutte contre le COVID 19. La fermeture des magasins de service, hormis les biens de 1ère nécessité comme les denrées alimentaires, les médicaments, l’essence... constitue un manque à gagner pour l’Etat. Cette situation rend donc difficile, voire impossible, le recouvrement des recettes prévues en vue de faire face aux dépenses budgétaires pour des raisons telles que la chute de la demande des produits sur lesquels l’Etat prélève les impôts, la chute des revenus des entreprises, la difficulté pour l’Etat de collecter l’emprunt obli- gataire prévu dans le budget, le pouvoir d’achat considérablement réduit de la population suite à l’effet du confinement avec le poids important du secteur informel dans l’économie (Secteur qui a été aussi frappé de plein fouet par la pandémie), la fermeture des frontières avec notamment la perte des débouchés, l’arrêt du trafic aérien (à l’excep- tion du fret), l’arrêt des activités touristiques, l’ar- rêt de certaines activités commerciales, l’annulation des commandes (Cas où les commerçants souhaitent effectuer absolument le voyage), la baisse du financement des activités génératrices de revenus (AGR), la baisse des prix internatio- naux des matières premières, etc. Les prévisions de la croissance économique sont ainsi faussées alors que le pays s’est fixé comme objectif de clô- turer l’année 2020 avec au moins une croissance du PIB de 3,4%. La loi des Finances initiale 2020 qui vise l’amélioration des finances publiques, la perception des recettes, le renforcement de l’éco- nomie et l’amélioration des conditions de vie des populations à travers une économie forte, transformatrice et durable nous amène à nous interroger sur sa réalisation. Quant aux partenaires techniques et financiers, ils sont préoccupés par leur propres situations. Cet état des choses laisse présager des difficultés dans l’exécution du bud- get de l’Etat d’où le remaniement du budget de l’exercice 2020. Par ailleurs, le Chef de l’Etat, lors de son adresse à la Nation en date du 14 avril 2020 a posé des actions à titre d’assistance et de soutiens aux opérateurs, entre autres, la suspen- sion de 3 mois de contrôles fiscaux externes, le paiement à 50% de la contribution au titre de la patente et de l’Impôt Général Libératoire (IGL).
Ces mesures qui visent à soulager la trésorerie des entreprises et assurer leur bonne continuité, combien salutaires, ne sont pas aussi sans incident sur le budget de l’Etat. Il faudrait par conséquent, concevoir et élaborer un budget de crise qui se bornera d’ajuster les investissements, avec de réformes conséquentes, un plan de relance économique approprié, de stratégies adaptées ... en vue d’amortir le choc de la pandémie mais aussi de remettre l’économie tchadienne sur les rails. Toutefois, il y a une lueur d’espoir avec le mo- ratoire sur la dette dont vient de bénéficier le Tchad car cet argent pourra atténuer l’impact de la pandémie et permettra aussi au pays de restructurer son économie et ses structures sa- nitaires. De même, le Tchad a bénéficié d’appuis de la part de ses partenaires financiers à travers de financements et prêts. Il faut aussi noter le fait que les choses reprennent actuellement. A titre d’exemple, il est prévu la reprise de tous les trafics pendant la période de mi-juin à début juillet. Cette crise qui a pratiquement paralysé toutes les activités n’a pas épargné le secteur de l’emploi. En effet, beaucoup de salariés ont perdu leur emploi du fait de la situation très difficile qu’ont vécue les différentes entités. Ce dégraissage du personnel, effectué à travers des licenciements a mis au chômage nombre d’employés et a eu donc de conséquences sur les ménages mais aussi sur l’économie puisque l’emploi relance la produc- tion et la consommation tout comme la perte de l’emploi constitue un manque à gagner pour l’économie et crée de problèmes dans les ménages. Face à cette situation, il va falloir envisager de solutions pérennes. Il faudrait ainsi réfléchir sur la création des activités qui, même en période de confinement produisent. Le développement des activités en lignes (achats, transactions, ...) et le développement de la monétique consti- tuent, entre autres, de solutions au problème de confinement d’autant plus que ces actions conti- nueront à produire, même après le confinement.
Beaucoup de pays avaient développé les ser- vices et les TIC ; ce qui leur a permis d’amoin- drir le choc de différentes crises sur leurs éco- nomies. Il est donc d’une grande importance
d’exploiter les opportunités qu’offre l’internet. Et cela passe d’abord par une offre d’internet disponible et abordable à toute la population. Si la Chine, considérée comme étant à l’origine du Coronavirus 2019 s’est miraculeusement relevée de la crise économique et sanitaire (même si une résurgence d’une deuxième vague de la maladie est observée) c’est avant tout grâce à son ingéniosité qui a permis au pays de s’accaparer de la techno- logie et d’en dicter ses règles, même si on sait que le pays a mis en place une « tactique économique » qui lui a permis d’acheter les actions des améri- cains et européens dans des entreprises technologiques à haute valeur ajoutée pour un prix minimal avant de nationaliser la plupart de ces entreprises. Le Tchad pourrait s’inspirer de l’exemple de la Chine en priorisant l’économie du savoir. Si le Madagascar est envié aujourd’hui par beaucoup de pays c’est d’abord parce que cette nation a investi à la base dans la recherche, surtout grâce à une longue expérience dans la pharmacopée qui lui a valu cette réputation. Et si on a une compé- titivité dans les ressources humaines, on devient compétents sur tous les plans. On s’impose. La Chine dont l’exemple vient d’être cité et Cuba n’ont pas forcément assez de matières premières mais se sont imposés aujourd’hui grâce à leur savoir. Le Tchad devrait donc miser sur le dé- veloppement scientifique à travers des inven- tions et innovations technologiques grâce aux centres de recherches, écoles de formation, ... Il faut relever que l’économie tchadienne est fragile, essentiellement fondée sur les secteurs primaire et tertiaire. Le constat est qu’il y a de problèmes structurels économiques basés sur des matières premières comme le pétrole dont les cours ont chuté au niveau mondial. Il est donc important de diversifier à partir de secteurs économiques moins exposés à des chocs externes pour permettre une diminution de l’impact macroéconomique négatif de l’instabilité des cours du pétrole sur l’économie tchadienne. L’on devrait ainsi favoriser la souveraineté économique en fabriquant de médicaments, de biens de première nécessité, ... sans pour autant dépendre de l’Extérieur. Il faudrait revoir les choses de fond en comble. Exemple : les masques nous parviennent de l’Etranger. C’est ce qui a fait qu’au début du confinement, la décision du port obligatoire du masque avait été prise mais faute de masques disponibles, l’Etat a du revenir sur sa décision. Cette initiative d’accélérer la diversification permettra l’élargissement de l’assiette fiscale en vue du financement des programmes de développement avec de ressources plus stables. Il faudrait également réfléchir sur des actions ten- dant à amener les entreprises tchadiennes à être plus dynamiques, performantes, visionnaires et innovantes, créant des richesses pour le pays et les ménages. Quelques actions pourraient contribuer dans la relance de l’économie : de nouveaux investissements et stratégies dans les domaines infrastructurel, touristique, agricole (exploitation des potentialités agricoles, mise en place de stock stratégique, mise sur pied de mécanismes de prêts garanties aux agriculteurs, mise en place d’une solution alternative à la subvention des tracteurs...). Bref, il faudrait non seulement chercher à limiter au maximum l’impact de cette crise sur l’économie tchadienne mais aussi per- mettre à cette dernière d’amorcer son décollage. D’autres actions pourraient permettre à l’économie tchadienne de se relever progressivement : l’amélioration du climat des affaires, un plus grand soutien aux initiatives entrepreneuriales, la transformation sur place des matières premières, la recherche de financements plus diversifiés, le soutien aux entreprises particulièrement affectées par la crise du COVID 19, la mise en place de partenariats solides avec le pool bancaire vers plus de financements et d’investissements. Mais avant tout, il est d’une importance capitale que l’Etat se saisisse de l’encadrement et la structura- tion dans la présentation des projets banquables. La crise sanitaire du COVID 19 devrait être aussi vue comme une opportunité car chaque épreuve endurée est une leçon. Et parmi les leçons apprises du confinement, il y a lieu de relever la question du personnel essentiel et non essentiel, situation à laquelle certains employés ne travaillent pas mais perçoivent tout de même, leur salaire. Ce phénomène peut s’expliquer aussi par le retard dans les TIC qui ne permet pas d’exécuter les tâches à dis- tance alors qu’il est requis une distanciation sociale d’où le déplacement vers le lieu de travail. Cela a également amené certaines entreprises à mettre en place de mécanismes de permutation. Cette situation a été décriée par nombre d’observateurs qui voient en cela un vide juridique quant à l’in- terprétation de la loi 038/PR/96 du 11 décembre 1996 instituant le Code du Travail. Heureusement
que cette situation n’a pas beaucoup duré car le pays se relève progressivement de la maladie. Pour finir, il faut noter qu’il y a certes un net recul de la pandémie mais l’ouverture des activités mérite une grande précaution. Le pays devrait aussi tirer toutes les leçons notamment en se préparant à une résurgence de la pandémie ou à une autre éventuelle crise. L’on devrait également rester positifs, croire ne nos capacités si l’on veut vaincre définitivement cette pandémie et relancer les activités économiques.
Mahamat Zene Ali Mahamat Zene, fonctionnaire au ministère des Finances et du Budget. Actuellement Chef de Division Contrôle des Dépenses des Entités Autonomes.