L'ancien président du Burundi, Pierre Buyoya, en novembre 2003. | AFP/RAJESH JANTILAL
Message de M. Pierre Buyoya, Haut représentant de l’Union africaine (UA) pour le Mali et le Sahel, Chef de la Mission de l’UA pour le Mali et le Sahel (MISAHEL)
A l’occasion de la Journée de l’Afrique
25 mai 2014
«Panafricanisme et Renaissance africaine»
“Si nous voulons que nos nations soient des entités ethniques parlant la même langue, ayant la même psychologie, et bien on ne trouvera en Afrique aucune véritable nation. La République du Mali est constituée d’une dizaine de races qui ont transcendé leurs différenciations ethniques et tribales pour constituer aujourd’hui la République du Mali”.
Président Modibo Keita, le 25 mai 1963 à Addis Abéba
Les Pères fondateurs de l’Organisation de l’unité africaine et de l’Union africaine (OUA-UA) nourrissaient un profond rêve d’unité pour l’Afrique entière, à commencer par mais aussi pour leurs nations respectives. Ce rêve d’unité s’est matérialisé un 25 mai 1963 à Addis Abéba en Ethiopie lorsque trente-deux nations africaines indépendantes se réunirent pour ensemble affirmer tout à la fois leur souveraineté et leur attachement à leur intégrité territoriale ainsi qu’à l’intangibilité de leurs frontières, et leur désir de mener le continent «vers la consolidation d’une fraternité et d’une solidarité intégrées au sein d’une unité vaste qui transcende les divergences ethniques et nationales » de manière à parler d’une seule voix et à prétendre à un certain poids dans la société mondiale.
Le 25 mai 2014 l’Afrique célèbre et commémore un rêve réalisé depuis plus d’un quart de siècle et envisage son avenir pour les cinquante prochaines années à travers l’Agenda 2063. Ainsi, à l’occasion de la Journée de l’Afrique, je voudrais, avec humilité, partager avec vous un mon rêve pour la région du Sahel et le Mali et vous inviter à sa réalisation afin qu’ensemble nous puissions le réaliser.
Au cours de la dernière décennie, des fossoyeurs du panafricanisme et de la paix ont tenté d’ériger le Sahel en terre de violences, de déchirements et d’obscurantisme. La meilleure célébration que nous puissions faire à partir de la Journée de l’Afrique est de nous liguer fermement contre cette tentative absurde. Afin d’atteindre nos objectifs, il est important d’assurer une participation effective de tous les états ainsi que de la jeunesse africaine. Ensemble, nos moyens seront accrus, notre voix pèsera davantage et notre désir d’un Sahel paisible vivant à l’abri de la peur et du besoin sera une réalité.
En 1963, le Président Modibo Keita rappelait, devant ses pairs à Addis Abéba, les valeurs cardinales qui ont guidé la construction du Mali d’aujourd’hui. Je reprends ses propos à mon compte et rappelle qu’il ne saurait y avoir d’avenir et de solution ni dans la violence ni dans l’obscurantisme. Le 25 mai, la Journée de l’Afrique est certes une journée de célébration mais elle doit aussi constituer un moment de réflexion pour la vie en communauté en faveur de la paix et du développement.