François Hollande entame ce matin, à Dakar, une tournée de 48h en Afrique dans une posture offensive que la diplomatie française n'avait pas eu sur le continent noir depuis le sommet franco-africain de La Baule. À l'époque, François Mitterrand annonçait que l'aide au développement française serait désormais liée à la démocratisation. Le président de la République a donc contredit l'approche conciliante de la ministre de la Francophonie, Yamina Benguigui, sur la tenue des élections de novembre 2011 au retour de sa visite à Kinshasa en juillet dernier. Au passage, il a été reproché à l'ancienne productrice de télévision, comme le révèle Le Canard Enchaîné, d'avoir emprunté un Falcon plutôt qu'une ligne régulière pour se rendre dans la capitale de la République démocratique du Congo. Surtout, le chef de l'État, qui recevait en milieu de semaine le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-Moon, a estimé la situation en RDC «tout à fait inacceptable» en regard «des droits, de la démocratie et de la reconnaissance de l'opposition». Des propos fort peu diplomatiques qui ont déplu à Kinshasa où le régime a estimé que ce jugement ne correspondait «à aucune réalité», invitant le Français à «compléter son information» sur place.
Le contre-pied de Sarkozy
Pour autant, l'idée de délocaliser le 14e sommet de la Francophonie à Paris, afin de sanctionner les fraudes électorales, comme ce fut le cas en 1991 avec l'ancien Zaïre de Mobutu, n'a jamais été réellement envisagée. Les chefs d'États africains n'auraient sans doute pas suivi la France dont l'aide au développement pèse désormais peu et a été réduite à sixmilliards d'euros. Plusieurs d'entre eux, dont les nouveaux présidents sénégalais et ivoiriens, Macky Sall et Alassane Ouattara, en ont d'ailleurs dissuadé François Hollande, plaidant que cela risquait de fragiliser encore plus le régime de Joseph Kabila dont le père, Laurent Désiré, fut assassiné en 2001. Du coup, le président français en profitera pour rencontrer toute l'opposition, ce qui fait penser à François Mitterrand, lequel aimait bien dire le droit en toute latitude, notamment au Kremlin pendant la glaciation. Avant cet intermède francophone qui risque d'être un peu tendu mais dont l'enjeu reste, malgré tout, relatif dans cet immense pays considéré comme un «trou noir de la diplomatie française», Hollande aura pris le contre-pied de Sarkozy. On se souvient que le discours de Dakar, concocté par Henri Guaino et reprochant aux Africains «de ne pas être entrés dans l'histoire», avait fait grincer des dents. Certes, on assure à l'Élysée que le sujet n'est pas là mais l'idée d'une rupture avec la «Françafrique » incarnée par des personnages tonitruants de la sarkozie, comme Robert Bourgi ou Patrick Balkany, demeure bien présente.
Diplomatie plus classique
François Hollande veut replacer le débat sur un plan strictement politique, son entourage se félicitant par exemple des manifestations annoncées à Kinshasa pour saluer sa venue et ne se privant pas de souligner que les patrons des grandes entreprises comme Orange et Areva n'accompagneront pas sa délégation. Et cela afin de bien souligner sa rupture avec l'ère sarkozyste qui fut aussi celle du mélange des genres. Une volonté de transparence et une approche qui se veut plus vertueuse, comme il l'a souligné dans une interview à TV5 Monde. Cependant, ce retour à une diplomatie plus classique et moins économique, à l'heure où l'Afrique entre dans la croissance, manque peut-être de réalisme.
Démarche prédatrice de la Chine
Si l'on affirme à l'Élysée ne pas vouloir affronter les Chinois qui s'imposent sur les marchés africains avec des espèces sonnantes et trébuchantes, on entend bien les inciter à adopter les nouveaux standards de développement plutôt que de les laisser piller les ressources naturelles du continent noir, sans vergogne et sans aucun respect de l'environnement. L'idée étant que les Africains ont désormais pris la mesure de cette démarche prédatrice et sont heureux qu'il existe une alternative française. Dans sa volonté d'écrire une nouvelle page avec l'Afrique, voire même d'y créer un nouveau rapport de force, le président français n'est pas à l'abri de futurs ajustements. En particulier sur une intervention au Mali pour lequel les troupes françaises sont hors-jeu, même si la force africaine de 3.000 hommes que s'apprête à constituer la CDEAO (*) tarde à se concrétiser. Télégramme
Le contre-pied de Sarkozy
Pour autant, l'idée de délocaliser le 14e sommet de la Francophonie à Paris, afin de sanctionner les fraudes électorales, comme ce fut le cas en 1991 avec l'ancien Zaïre de Mobutu, n'a jamais été réellement envisagée. Les chefs d'États africains n'auraient sans doute pas suivi la France dont l'aide au développement pèse désormais peu et a été réduite à sixmilliards d'euros. Plusieurs d'entre eux, dont les nouveaux présidents sénégalais et ivoiriens, Macky Sall et Alassane Ouattara, en ont d'ailleurs dissuadé François Hollande, plaidant que cela risquait de fragiliser encore plus le régime de Joseph Kabila dont le père, Laurent Désiré, fut assassiné en 2001. Du coup, le président français en profitera pour rencontrer toute l'opposition, ce qui fait penser à François Mitterrand, lequel aimait bien dire le droit en toute latitude, notamment au Kremlin pendant la glaciation. Avant cet intermède francophone qui risque d'être un peu tendu mais dont l'enjeu reste, malgré tout, relatif dans cet immense pays considéré comme un «trou noir de la diplomatie française», Hollande aura pris le contre-pied de Sarkozy. On se souvient que le discours de Dakar, concocté par Henri Guaino et reprochant aux Africains «de ne pas être entrés dans l'histoire», avait fait grincer des dents. Certes, on assure à l'Élysée que le sujet n'est pas là mais l'idée d'une rupture avec la «Françafrique » incarnée par des personnages tonitruants de la sarkozie, comme Robert Bourgi ou Patrick Balkany, demeure bien présente.
Diplomatie plus classique
François Hollande veut replacer le débat sur un plan strictement politique, son entourage se félicitant par exemple des manifestations annoncées à Kinshasa pour saluer sa venue et ne se privant pas de souligner que les patrons des grandes entreprises comme Orange et Areva n'accompagneront pas sa délégation. Et cela afin de bien souligner sa rupture avec l'ère sarkozyste qui fut aussi celle du mélange des genres. Une volonté de transparence et une approche qui se veut plus vertueuse, comme il l'a souligné dans une interview à TV5 Monde. Cependant, ce retour à une diplomatie plus classique et moins économique, à l'heure où l'Afrique entre dans la croissance, manque peut-être de réalisme.
Démarche prédatrice de la Chine
Si l'on affirme à l'Élysée ne pas vouloir affronter les Chinois qui s'imposent sur les marchés africains avec des espèces sonnantes et trébuchantes, on entend bien les inciter à adopter les nouveaux standards de développement plutôt que de les laisser piller les ressources naturelles du continent noir, sans vergogne et sans aucun respect de l'environnement. L'idée étant que les Africains ont désormais pris la mesure de cette démarche prédatrice et sont heureux qu'il existe une alternative française. Dans sa volonté d'écrire une nouvelle page avec l'Afrique, voire même d'y créer un nouveau rapport de force, le président français n'est pas à l'abri de futurs ajustements. En particulier sur une intervention au Mali pour lequel les troupes françaises sont hors-jeu, même si la force africaine de 3.000 hommes que s'apprête à constituer la CDEAO (*) tarde à se concrétiser. Télégramme