ACTUALITES

Afrique et Québec, prenons le leadership de l'économie durable


Alwihda Info | Par - 30 Décembre 2012


Au-delà d’un souhait personnel, nous sommes persuadé qu’il y a une opportunité à saisir par le Québec et l’Afrique Francophone pour devenir les locomotives d’une économie responsable, inclusive, garante du bien être humain et respectueuse des cultures.




Meilleurs vœux de santé, bonheur et réussite pour 2013.



Et si cette année était celle d’un leadership de l’Afrique et du Québec pour impulser l’économie durable au sein de la Francophonie ? Ce sera l’un des messages délivrés par nos soins à la fin de l’intervention du 10 janvier à la Maison du Développement Durable de Montréal à l’invitation de Cataléthique réseau d’affaires des meilleures pratiques de responsabilité sociale et de développement durable au Québec.



Au-delà d’un souhait personnel, nous sommes persuadé qu’il y a une opportunité à saisir par le Québec et l’Afrique Francophone pour devenir les locomotives d’une économie responsable, inclusive, garante du bien être humain et respectueuse des cultures. A l’heure où la Francophonie donne enfin la priorité au développement économique, en s’appuyant sur les valeurs humanistes, écologiques et sociales, les francophones peuvent stimuler une autre économie dans un contexte de crise du capitalisme.



Lors du Sommet de la Francophonie à Kinshasa en octobre dernier, La Première Ministre du Québec, Pauline Marois a émis le souhait d’un rapprochement économique avec l’Afrique. Comme le rappelle Radio Canada , elle a déclaré « alors que l’Afrique ambitionne d’être un acteur qui compte sur la scène mondiale, il est temps de donner un nouvel élan à nos liens d’amitiés historiques et de revitaliser nos échanges politiques, culturels, économiques et commerciaux. »



Les investisseurs québécois auraient tort de ne pas se positionner dès à présent sur une Afrique, nouvelle frontière de l’économie. Les dernières perspectives économiques du Fonds Monétaire International démontrent encore une fois le dynamisme africain.



A l’invitation du Conseil des Relations Internationales de Montréal et du Conseil Canadien pour l’Afrique, le Président du Bénin et Président de l’Union Africaine Thomas Yayi Boni présentera le 11 janvier à Montréal, les opportunités d’investissements en Afrique.



Dans une Afrique en pleine mutation avec une jeunesse, qui représente autant d’espoirs que menaces, ainsi qu’une classe moyenne désormais très attentive aux valeurs sociales, environnementales et de partage équitable de la valeur, se lancer sur le juteux marché africain nécessite une autre approche.



Pour se positionner comme leader visionnaire de l’économie durable au sein de la Francophonie, l’Afrique Francophone et le Québec doivent porter le drapeau de l’économie verte, de l’économie sociale et solidaire et enfin de la Responsabilité Sociétale des Entreprises.



Concernant l’économie verte, plusieurs faits marqueront l’année 2013 en Afrique et au Québec. Adopté en décembre 2011 par le Gouvernement du Québec, le règlement concernant le Système de Plafonnement et d’Echange des Droits d’Emission de Gaz à Effet de Serre (SPEDE) entre en vigueur en janvier. On pourrait envisager dans le cadre du SPEDE, un partenariat privilégié avec les pays d’Afrique Francophone. Ce qui permettrait aux entreprises québécoises de compenser leurs émissions de carbone en investissant dans les projets sobres en carbone en Afrique. Cette démarche pourrait servir de tremplin pour la création d’un marché francophone du carbone.



Cette année, l’Afrique de l’économie verte sera également au rendez-vous avec des projets d’envergure. Plusieurs pays francophones comme le Maroc, le Gabon, l’Ile Maurice, le Sénégal, la Tunisie, l’Egypte et le Rwanda ont des programmes nationaux ambitieux. Déjà très engagée dans la promotion de l’économie verte, la Communauté Economique des Etats de l’Afrique Centrale (dont les 10 pays membres sont majoritairement francophones) va lancer une opération collective d’accompagnement des Etats dans l’économie verte. Le programme de Cités et Gouvernements Unis Locaux d’Afrique, d’accompagnement de 50 villes africaines dans la mise en œuvre de programme d’économie verte, est également très attendue.



Pour ces projets, il y a des possibilités de synergies avec Écothec Québec , le réseau des décideurs du secteur des technologies propres québécois. C’est également le cas pour le Conseil Patronal de l’Environnement du Québec (CPEQ) dont les membres pourraient saisir les opportunités de green business en Afrique. Le CPEQ, qui fait actuellement la promotion de l’écologie industrielle, peut aussi bénéficier des expériences africaines dans ce domaine ainsi que celles de l’économie circulaire prévues dans le programme économie verte de Cités et Gouvernements Unis Locaux d’Afrique. Cette démarche pourrait d’ailleurs poser les bases d’un projet francophone sur l’économie circulaire basé sur un partenariat entre l’Etat, les Entreprises et les Collectivités Territoriales.



Dans une entrevue à La Presse, Monique Leroux PDG du Mouvement des Caisses Desjardins évoquait son ambition de faire du Québec, le Davos du mouvement coopératif. L’enthousiasme de la PDG s’explique par le succès du Forum International des Coopératives organisé à Québec en 2012 en pleine année internationale des coopératives décrétée par l’Organisation des Nations Unies. En attendant la prochaine édition de ce forum, nous proposons de mener une réflexion sur un partenariat entre le Québec et l’Afrique pour l’impulsion d’une économie sociale et solidaire au sein de la Francophonie.



Le Québec est reconnu dans ce domaine et des initiatives remarquables sont déjà mises en œuvre en Afrique où il y a un important développement des coopératives. Mais il faut aujourd’hui aller plus loin et retrouver l’esprit et la vision qui ont poussé Alfonse Desjardins a lancé en 1900 un mouvement devenu aujourd’hui une référence mondiale. Et si l’Afrique vivait une situation similaire à celle du Québec il y a plus d’un siècle ?



En Afrique, les banques sont surliquides mais refusent des prêts alors que les agriculteurs manquent les moyens financiers pour investir dans l’amélioration de leurs outils de production, la conservation et la transformation de leurs récoltes dont plus 50 % voir plus pourrit dans les champs. C’est aussi le cas pour ces millions d’acteurs de l’économie informelle qui opèrent dans le secteur du commerce, de l’agriculture ou des services. Il suffirait de quelques milliers de dollars d’investissement à chacun pour en faire des acteurs économiques formels et développer leurs activités. Nous sommes profondément convaincu qu’après un regroupement en coopérative, l’économie sociale et solidaire permettrait le passage de l’informel vers le formel de ces opérateurs économiques qui ont un fort ancrage local et national.



Pour cela, un partenariat entre l’Etat, les collectivités territoriales et les entreprises dans le cadre de leur responsabilité sociétale, est indispensable. Cette orientation sera l’une des priorités de nos réflexions dans le cadre du groupe travail sur la Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE), tremplin pour la formation de l’informelle mis en place à l’issue de la deuxième édition du forum international des pionniers de la Responsabilité Sociétale des Entreprises et de l’économie verte inclusive en Afrique que nous venons d’organiser à Tunis. Il y a là une innovation que le Québec et l’Afrique pourraient promouvoir au sein de la Francophonie.



L’une des conclusions de Tunis est que la RSE est en cours de construction au niveau mondial et que l’Afrique peut y apporter des spécificités adaptées à son contexte et selon ses valeurs. Dans l’espace francophone, l’Afrique et le Québec peuvent donc impulser une dynamique de RSE. L’une des thématiques prioritaires à mettre sur la table des discussions serait la RSE des industries minières. En Afrique comme au Québec, il y a un actuellement un boom du secteur minier.



Dans le même temps, les conséquences économiques, sociales et environnementales de l’exploitation des mines sont au cœur de l’actualité. Parallèlement, le débat sur la Responsabilité Sociétale des Entreprises Minières prend de l’ampleur. Avec son ambitieux plan nord de 80 milliards de dollars, le Québec cherche la meilleure stratégie pour que l’exploitation durable des ressources naturelles profite prioritairement aux québécois. Les africains sont sur la même longueur d’onde.



Nous proposons donc à l’Afrique et au Québec de poser les bases de la Francophonie des Miniers Responsables (FMR) dont l’objectif serait non seulement de stimuler l’investissement minier dans l’espace francophone mais également de promouvoir une RSE ambitieuse des minières francophones. L’élection récente de Benoît La Salle à la Présidence du Conseil d’Administration du Conseil Canadien pour l’Afrique est une opportunité à saisir. M. Benoît La Salle est parmi les patrons d’industries minières très sensibles à la RSE.



Les autres opportunités à saisir sont la transformation de l’Institut de l’Energie et de l’Environnement de la Francophonie , dont est le siège est au Québec, en Institut Francophone du Développement Durable et l’organisation au Sénégal en 2014 du prochain Sommet de la Francophonie.



Africains et Québécois, nous pouvons et devons prendre le leadership de l’économie durable au sein de la Francophonie. Nous avons dix (10) ans pour impulser cette dynamique. Rio + 30 se prépare maintenant.



Thierry Téné, Directeur de A2D Conseil et Co-fondateur de l’Institut Afrique RSE



Etude en cours



Cités et Gouvernements Unis Locaux d’Afrique : Elaboration d’un dossier de faisabilité sur l’implication des collectivités locales d’Afrique dans la promotion et la mise en œuvre des initiatives et actions dans le domaine de l’économie verte



Votre fil d’information quotidien sur la RSE, la croissance verte et le green business en Afrique : www.agenceecofin.com/rse



Nos prochaines interventions à l’international :

· 11 décembre - 11 janvier au Canada, Mission de préparation d’un événement international

· 10 janvier, Maison du Développement Durable, Montréal, Intervention auprès des adhérents du réseau Cataléthique sur les enjeux de la RSE pour les entreprises africaines et pour les entreprises internationales en Afrique

· 27 février, Hôtel Hilton, Yaoundé, Communication sur la Responsabilité Sociétale des Sociétés d’Assurances lors de la 37ième Assemblée Générale Annuelle de la Fédération des sociétés d’assurances de droit national africaines (FANAF)
Institut Afrique RSE
Thierry Téné: ttene@institut-afrique-rse.com

Dans la même rubrique :