TCHAD

Ahmad Hussein Haroun : 8 ans de privation de justice et de droit


Alwihda Info | Par AZOUD Gédéon - 18 Octobre 2018


En 2010, Ahmad Hussein Haroun, un citoyen tchadien qui a travaillé pour PETRONAS dans son siège à Kuala Lumpur en Malaisie, de janvier 2002 à décembre 2010, a démissionné à la suite d’un traitement injuste par son supérieur malaisien qui « le ciblait consciemment pour l'énerver dans sa quête, et le faire partir de PETRONAS ». La tentative d’engager la responsabilité de son de-employeur afin de mettre fin au conflit et faire entrer l’ex-salarié dans ses droits est demeurée jusqu’aujourd’hui infructueuse. Révélations.


Le tchadien Ahmad Hussein Haroun.
Dans une correspondance datée du 12 juin 2018 et adressée au ministre des Affaires étrangères, de l’Intégration africaine, de la Coopération internationale et de la Diaspora, dont nous avons reçu copie, l’Ambassadeur du Tchad au Canada, Mahamat Ali Adoum, écrit : « j’ai l’honneur de vous faire parvenir ci-joint pour attribution et compétence le dossier de revendication des droits sociaux de M. Ahmad Hussein Haroun, citoyen tchadien, contre la société malaisienne PETRONAS ».

En effet, après avoir travaillé chez PETRONAS pendant huit (8) ans, le tchadien Ahmad Hussein Haroun, a démissionné librement de cette société multinationale, après plusieurs vaines tentatives de résoudre le problème qui le mettait en difficulté avec son ex-patron. C’est ainsi qu’il sera contraint de quitter contre son gré l’entreprise, sans être remis dans ses droits. Il sera obligé de rentrer au Tchad bredouille, sans que cela n’émeuve les responsables de cette société dans laquelle il a été utilisé pour être rejeté comme un malpropre.

PATRONAS tentera de le corrompre. « A l’arrivée à N’Djaména, j'ai engagé les services juridiques d'un avocat tchadien pour m'aider à récupérer mes droits. Mon avocat a envoyé une lettre à PETRONAS pour l’informer d'une procédure juridique contre elle. PETRONAS m'a immédiatement envoyé une lettre avec une offre de MR21000,00 (l’équivalent de 2 millions Fcfa) à condition que je laisse tomber le procès juridique contre elle et toutes ses filiales. PETRONAS m’a fixé un délai de 2 semaines pour accepter l'offre, au cas contraire, elle ignorerait complètement mes revendications », a expliqué Ahmad Hussein Haroun lors d’une conférence, animée le 13 septembre 2018. Une situation que plusieurs médias ont dénoncée mais, qui, jusqu’ici ne prospère pas en faveur du citoyen Ahmad Hussein Haroun.

Après cinq (5) années de silence et du mutisme de la part des responsables de PATRONAS -en 2015, l’angoisse d’Ahmad Hussein Haroun s’accentue lorsque la justice tchadienne se déclare incompétente du dossier car les faits ont lieu hors de sa zone de compétence. « La justice tchadienne a soutenu que comme il a signé son contrat de travail avec PETRONAS en Malaisie, il doit donc déposer une plainte contre PETRONAS en Malaisie », nous renseignent des sources judiciaires.

Interrogé, Ahmad Hussein Haroun laisse entendre que toutes les démarches qu’il a entreprises auprès de la justice malaisienne n’ont abouties à rien. En effet, « comme PETRONAS est 100 % possédée par le gouvernement malaisien, aucun avocat malaisien n'est disposé à prendre un dossier contre PETRONAS, surtout si le cas l’oppose à un étranger », informe la victime qui dit avoir contacté un avocat qui s’est désisté pour cette raison.

En désespoir de cause, le 3 avril 2018, Ahmad Hussein Haroun aurait envoyé un mail à la directrice des ressources humaines de PETRONAS, FAREHANA en vue de lui rappeler ses droits (le mail en fin d’article). Elle aurait effectivement répondu en accusant la réception et aurait même reconnu le caractère légal des revendications de Hussein, tout en lui promettant un règlement à l’amiable. En dépit de cette promesse, Ahmad Hussein Haroun n’est pas jusque-là entré dans ses droits. Ses multiples tentatives de joindre à nouveau la direction des ressources humaines restent sans suite : aucune réponse ne lui est retournée. Aujourd’hui, Ahmad Hussein Haroun est à bout de souffle après tous les efforts qui n’ont pas fait fléchir les responsables de cette société.

Devant cette difficulté majeure, il n’y a que l’État tchadien qui puisse intercéder en faveur de ce concitoyen qui crie justice dans le silence depuis plus de huit (8) ans ; privé de droit et de justice parce qu’il est tchadien. La seule issue par laquelle Ahmad Hussein Haroun peut entrer dans ses droits, c’est la voie diplomatique. C’est d’ailleurs pourquoi, l’ambassadeur du Tchad au Canada a sollicité l’implication du ministère des Affaires étrangères tchadien. C’est une responsabilité de l’Etat tchadien face à la privation de son citoyen, de tous les droits qui lui sont dus. C’est urgent et impérieux φ




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