ANALYSE

Alliance des États du Sahel : une coalition sous épreuves ?


Alwihda Info | Par Koffi Dieng - 2 Février 2024


Dimanche dernier, les pays de l’AES annonçaient leur sortie sans délai de la CEDEAO. Retour sur l’évolution de cette nouvelle alliance et le contexte qui l’entoure.


Le 16 septembre 2023 à Bamako, le Burkina-Faso, le Mali et le Niger signent la charte du Liptako-Gourma. Celle-ci officialise la naissance de l’Alliance des États du Sahel (AES). Créé dans une recherche d’autonomie stratégique, ce pacte de défense mutuelle vise à soutenir la lutte anti-terroriste et l’émancipation des pays-membres au sein de la zone.

D’après l’ingénieur en politique sociale et politique publique, Mohamed Maiga, l’Alliance des États du Sahel naît surtout en réponse aux menaces de la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Cette idée est confortée par la sortie récente des trois pays de ladite organisation, annoncée le dimanche 28 janvier. L’article 91-1 du traité de la CEDEAO révisé stipule, cependant, qu’un délai d’un an est obligatoire avant tout départ.

L’article 6 de la charte du Liptako-Gourma affirme la décision du Burkina-Faso et du Mali d’assister le Niger, en cas d’opération armée de la CEDEAO. Pour rappel, l’institution régionale a finalement levé les sanctions économiques imposées au Mali, et accepté les deux ans de transition au Burkina en 2022. Pour autant, depuis l’été 2023, il n’exclut pas un recours à la force pour remettre au pouvoir le président déchu, Mohamed Bazoum, au Niger.

Quels défis pour l’AES ?
En plus de l’agitation des relations internationales, provoquée par l’émergence d’une énième organisation dans la zone des « trois frontières », l’AES doit faire face à de conséquents défis sécuritaires et financiers. De fait, l’alliance voit le jour dans un contexte de violences grandissantes. Selon « l’Indice Mondial du Terrorisme 2023 », publié par l’ONG australienne Institut d’Économie et de Paix, plus de 22 000 personnes sont décédées dans plus de 6 400 attaques terroristes depuis 2007.

Le Sahel est aujourd’hui la région la plus touchée par le terrorisme au monde. Un challenge de taille, suite au retrait des forces occidentales dans la zone, ainsi qu’au départ forcé de celles de l’ONU. Mi-novembre, le Mali se prive également du soutien fourni par les accords d’Alger, et enterre le mince espoir de paix avec les combattants Touaregs indépendantistes. Si les différentes autorités de cette alliance ont d’ailleurs pris le pouvoir pour pallier l’insécurité, elles peinent toujours à l’endiguer.

Autre défi d’ampleur majeure, la question des moyens de l’AES est largement relayée par les spécialistes. La question du financement est « assurée par les contributions des États parties » d’après l’article 10 de sa charte.

Pour Mohamed Maiga, les doutes autour de la réussite financière de l’AES sont bien fondés : « Est-ce que ces États vont finalement pouvoir mobiliser ensemble, mutualiser leurs ressources et faire face à la situation, pour faire en sorte que cette organisation ne meure pas, sachant que les soutiens, il n'y en a pas beaucoup ? »

Dans la même rubrique :