La république centrafricaine est entrain de devenir pour le monde un problème. Non pas à cause de son peuple mais à cause de ce qui est convenu d’appeler ses élites. Ils apparaissent de plus en plus comme un facteur de désordre national, entretenant, en fonction de leurs intérêts propres (ou ceux de leurs alliés), l’incertitude et conflit. Ces élites exigent de la communauté internationale qu’elle reconnaisse et adopte leur vision binaire et duale. « Les bons et les méchants » : avant-hier ils indexaient les mutins, hier les Tchadiens ou musulmans et aujourd’hui le KM5, qui constitue à leurs yeux un « axe du mal » ou une « zone à risque » et qui doit être combattu et supprimé. On assiste ici à une transposition de la théorie du « Bouc émissaire » qui renvoi à des postures métaphysiques chargées d’idéalisation éloignant ainsi la solution recherchée au problème que ces élites ont eux-mêmes posé. Un vrai casse-tête !
Autrefois, c’était le secteur du Boy-rabe qui était surnommé « quartier rouge » par le « Président à vie » et Maréchal Bokassa, d’où partiraient toutes les manœuvres de déstabilisation, de séditions ou subversions. C’était l’axe du mal des années 1970. Autres temps, autres mœurs, dit le proverbe.
Mais par quelle opération de Saint-Esprit ce changement de perception de l’image d’un quartier et de ses habitants a-t-il pu s’opérer ? Voilà un sujet de mémoire pour les étudiants en sciences sociales de l’université de Bangui.
Et pourtant, Boy-rabe comme KM5 sont résolument engagés dans un processus d’apaisement intérieur et ils ne sont pas prêts à subir les frappes nucléaires de la part de « l’axe du bien », car la République centrafricaine n’est pas un pays nucléarisé. Des voisins (Pétévo, Combattants…) sont d’autant plus inquiets qu’ils se trouvent à proximité des zones désignées par leurs élites comme sensibles.
Evitons l’amalgame qui légitimerait n’importe quelle action punitive. De tous les quartiers de la capitale viennent un désir actif de solidarité, s’exprimant par des dons de nourritures fournis par les « Wali gara » aux déplacés de la Mosquée centrale et ceux livrés par Mgr NZAPALENGA. Il en est de même de la reconstruction de la mosquée du quartier Ouango et Lakouanga, etc.
DANGABO MOUSSA