Kaar Kaas Sonn.
Sur l'envoi des forces armées au Cameroun...
Apparemment, l'homme fort de N'Djamena a enfourché son cheval de bataille pour "aider le Cameroun" à vaincre la secte Boko Haram qui étend son expansion. Le Tchad prouve ainsi qu'en la matière, il reste le maître incontesté. Cela relance l'éternelle question de l'intervention ou non dans un État souverain en situation d'imminence -ou d'effectivité- de dommages graves et irréparables touchant des êtres humains. L'histoire nous montre que la communauté internationale n'était pas intervenue au Rwanda, avec les conséquences que l'on sait. Mais, elle était intervenue au Kosovo ou en Somalie avec les conséquences que l'on sait également.
En réalité, la situation d'insécurité au nord du Nigeria dure depuis de longs mois. Et le monde entier semble réduit à compter les morts et les prises d'otages de la secte. Certaines puissances ont pointé du doigt l'attitude complaisante de l'armée nigériane. Paris, par exemple, hésite à apporter son aide au Nigeria. Ainsi, la grande muette française ne veut pas communiquer des renseignements à son homologue nigériane de peur qu'ils soient éventés. Paris pense qu'il y a "des complicités au Nord avec Boko Haram, y compris familiale."
Eu égard à ce qui précède, quelques questions méritent d'être posées :
- comment N'Djamena espère-t-il mener la lutte contre une secte qui bénéficie aussi clairement de complicités en haut lieu?
- que fait le Tchad du principe de souveraineté qui veut que l’État assure lui-même la sécurité de sa population?
- pourquoi ce n'est pas le Conseil de sécurité des Nations Unies qui prend la décision de protéger les populations en souffrances conformément à l'article 24 de la Charte des Nations Unies?
- suffit-il que l'Assemblée nationale donne son blanc seing au pouvoir pour envoyer des militaires sur des théâtres extérieurs?
Quoi qu'il en soit, la responsabilité de protéger implique celle de prévenir. Le Tchad a-t-il épuisé les moyens de prévention? Jusqu'à preuve du contraire, la secte n'a pas encore attaqué le territoire tchadien.
Si les derniers événements survenus à Baga peuvent être considérés comme une cause exceptionnelle et extraordinaire justifiant une intervention, le manque de sceau international donne à l'intervention tchadienne des allures de mercenariat. Il va sans dire que des voix s'élèvent pour pointer l'agitation du président tchadien de se maintenir au pouvoir, en se faisant passer pour un allié incontournable de la guerre contre le terrorisme -quelques voix avaient présumé le rôle trouble du Tchad dans cette situation pour pouvoir s'ériger en sauveur. Et les manifestations organisées par le régime de N'Djamena rappellent étrangement celles contre Kadhafi dans les années 80, pendant la guerre pour la Bande d'Aozou. Comme à cette époque, toute manifestation d'opinion était réprimée très sévèrement; on l'a vu avec les manifestations contre la vie chère observées à la fin de 2014 au Tchad -les tchadiens savent maintenant qu'ils ont le droit de manifester!
Enfin, le contexte de cette intervention apporte de l'eau au moulin des détracteurs du président Déby. Le Tchad a renoncé récemment à abriter le sommet de l'UA en juin prochain, arguant du manque de moyens -dû à la chute des prix du pétrole, dont l'économie tchadienne dépend presque exclusivement. Sauf à prendre les gens pour des dindons, les manifestations "historiques" actuelles ressemblent étrangement à une propagande d'un autre siècle : un peuple qui n'a pas d'eau ni d'électricité, ni de carburant, qui soutient son gouvernement engagé à dilapider ses derniers deniers dans une guerre extérieure -encore évitable-, ça pose quelques questions...
Apparemment, l'homme fort de N'Djamena a enfourché son cheval de bataille pour "aider le Cameroun" à vaincre la secte Boko Haram qui étend son expansion. Le Tchad prouve ainsi qu'en la matière, il reste le maître incontesté. Cela relance l'éternelle question de l'intervention ou non dans un État souverain en situation d'imminence -ou d'effectivité- de dommages graves et irréparables touchant des êtres humains. L'histoire nous montre que la communauté internationale n'était pas intervenue au Rwanda, avec les conséquences que l'on sait. Mais, elle était intervenue au Kosovo ou en Somalie avec les conséquences que l'on sait également.
En réalité, la situation d'insécurité au nord du Nigeria dure depuis de longs mois. Et le monde entier semble réduit à compter les morts et les prises d'otages de la secte. Certaines puissances ont pointé du doigt l'attitude complaisante de l'armée nigériane. Paris, par exemple, hésite à apporter son aide au Nigeria. Ainsi, la grande muette française ne veut pas communiquer des renseignements à son homologue nigériane de peur qu'ils soient éventés. Paris pense qu'il y a "des complicités au Nord avec Boko Haram, y compris familiale."
Eu égard à ce qui précède, quelques questions méritent d'être posées :
- comment N'Djamena espère-t-il mener la lutte contre une secte qui bénéficie aussi clairement de complicités en haut lieu?
- que fait le Tchad du principe de souveraineté qui veut que l’État assure lui-même la sécurité de sa population?
- pourquoi ce n'est pas le Conseil de sécurité des Nations Unies qui prend la décision de protéger les populations en souffrances conformément à l'article 24 de la Charte des Nations Unies?
- suffit-il que l'Assemblée nationale donne son blanc seing au pouvoir pour envoyer des militaires sur des théâtres extérieurs?
Quoi qu'il en soit, la responsabilité de protéger implique celle de prévenir. Le Tchad a-t-il épuisé les moyens de prévention? Jusqu'à preuve du contraire, la secte n'a pas encore attaqué le territoire tchadien.
Si les derniers événements survenus à Baga peuvent être considérés comme une cause exceptionnelle et extraordinaire justifiant une intervention, le manque de sceau international donne à l'intervention tchadienne des allures de mercenariat. Il va sans dire que des voix s'élèvent pour pointer l'agitation du président tchadien de se maintenir au pouvoir, en se faisant passer pour un allié incontournable de la guerre contre le terrorisme -quelques voix avaient présumé le rôle trouble du Tchad dans cette situation pour pouvoir s'ériger en sauveur. Et les manifestations organisées par le régime de N'Djamena rappellent étrangement celles contre Kadhafi dans les années 80, pendant la guerre pour la Bande d'Aozou. Comme à cette époque, toute manifestation d'opinion était réprimée très sévèrement; on l'a vu avec les manifestations contre la vie chère observées à la fin de 2014 au Tchad -les tchadiens savent maintenant qu'ils ont le droit de manifester!
Enfin, le contexte de cette intervention apporte de l'eau au moulin des détracteurs du président Déby. Le Tchad a renoncé récemment à abriter le sommet de l'UA en juin prochain, arguant du manque de moyens -dû à la chute des prix du pétrole, dont l'économie tchadienne dépend presque exclusivement. Sauf à prendre les gens pour des dindons, les manifestations "historiques" actuelles ressemblent étrangement à une propagande d'un autre siècle : un peuple qui n'a pas d'eau ni d'électricité, ni de carburant, qui soutient son gouvernement engagé à dilapider ses derniers deniers dans une guerre extérieure -encore évitable-, ça pose quelques questions...