AFRIQUE

Burundi : la centrale de Rusumo Falls fournit de l’oxygène pour bébés prématurés et patients


Alwihda Info | Par Afdb - 2 Octobre 2024


D’une capacité de 80 mégawatts, partagée entre le Burundi, le Rwanda et la Tanzanie, l’infrastructure, d’un coût total de 340 millions de dollars américains, a été construite avec l’appui de la Banque africaine de développement.


« Un jour, j'étais au bloc opératoire, et au cours d’une laparotomie [ouverture de l'abdomen] pour une intervention que l’on appelle pelvis péritonite, nous avons eu une coupure d'électricité́. Nous avons dû terminer l'intervention avec une lampe torche. C'était pénible. »

Médecin et directeur adjoint à l'hôpital régional de Gitega, Dr Franck Arnaud Ndorukwigira garde un mauvais souvenir des coupures intempestives d’électricité dans ce centre hospitalier jadis condamné à l’usage de générateurs diesel pour s’alimenter en électricité. Cette situation a fortement pénalisé le fonctionnement des services de l’hôpital, obligé de réduire, par moments, les dépenses en carburant afin d’investir dans d’autres projets médicaux prioritaires.

Cette situation a changé depuis quelques mois grâce à un approvisionnement en électricité stable et régulière par la centrale hydroélectrique régionale de Rusumo d’une capacité de 80 mégawatts partagée entre le Burundi, le Rwanda et la Tanzanie.

D’un coût total de 340 millions de dollars américains, le projet a été financé par le Groupe de la Banque africaine de développement à hauteur de 107,11 millions de dollars dont 97,31 millions de dollars du Fonds africaine de développement – le guichet de prêts à taux concessionnel du Groupe de la Banque - et 9,8 millions de dollars du Fonds spécial du Nigéria, la troisième entité du Groupe de la Banque.

La Banque mondiale et l’Union européenne ont également participé au financement. Ce projet a permis de construire la centrale et les lignes de transport d’énergie, dont une ligne de 161 km pour fournir 27 mégawatts de courant au Burundi. Grâce à ce projet, l’hôpital de Gitega peut désormais consacrer ses ressources à renforcer ses équipements, et les équipes médicales peuvent se concentrer sur leur mission première : sauver des vies. Ainsi, l’hôpital s’est doté d’une unité de production d’oxygène capable de satisfaire ses propres besoins et fournir aux autres centres médicaux régionaux.

Il a, en outre, acquis de nouvelles couveuses connectées en permanence à la centrale d’oxygène pour son service de néonatalogie afin de sauver les vies des bébés prématurés. « L'impact est palpable, se réjouit Dr Ndorukwigira. Nous avons reçu une maman qui a accouché de triplés prématurés à six mois. Si nous n’avions pas eu ces nouvelles couveuses connectées 24h/24 à l'électricité́, nous n’aurions pas pu prendre efficacement ces bébés en charge et ils seraient probablement décédés. Aujourd’hui, ces bébés prématurés prennent progressivement du poids et leur maman en est très heureuse ».

« Auparavant, la ville de Gitega et les localités environnantes étaient confrontées à de fréquents et longs délestages et d’importantes chutes de tension, altérant ainsi la qualité de service (fourniture d’électricité) rendu aux populations du fait de l’insuffisance de l’énergie disponible et des faibles capacités des lignes existantes. Aujourd’hui, le projet a installé des lignes plus performantes et l’arrivée de l’énergie hydroélectrique de Rusumo Falls, permettent une meilleure desserte des populations de la région de Gitega et de tout le pays de façon générale », indique, avec enthousiasme, Ezéchiel Bagayuwitunze, coordinateur du projet au Burundi.

En effet, le développement des infrastructures énergétiques a non seulement permis d'alimenter des installations de santé, mais aussi de soutenir les petites entreprises locales et les ménages, stimulant ainsi l’économie régionale. Des projets d'extension de lignes électriques de moyenne tension sont en cours pour fournir davantage de localités rurales et favoriser ainsi une croissance économique inclusive.

« En axant sa stratégie d’accroissement de l’offre d’électricité sur l'hydroélectricité, le Burundi se construit un avenir plus vert et durable, tout en soutenant un développement économique et social décarbonisé », affirme Jean Barakamfitiye, ingénieur en charge des postes électriques de Gitega et Muyinga.

« Nous avons une vision d’un pays développé en 2040 et d’un pays riche en 2060... Le projet Rusumo contribuera fortement à atteindre cet objectif », ajoute-t-il. Le projet a également permis de mettre à l’arrêt une centrale thermique à fuel de 30 mégawatts, réduisant ainsi la dépendance aux énergies fossiles et l’émission de gaz à effets de serre.

L’arrêt de cette centrale thermique a également permis d’économiser deux millions de dollars par mois qui étaient destinés à l’achat des combustibles et des lubrifiants.

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