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ACTUALITES

Cameroun : A Maroua, manger du « soya » est devenu un exploit.


Alwihda Info | Par - 11 Juillet 2015


Très prisée par la population, la viande de bœuf braisé au feu de bois, encore appelée « soya » est devenue rare en journée ; dans la ville de Maroua.




« Consommée du soya en journée  en cette  période du mois de jeûne de  Ramadan n’est plus une sinécure » ; lance devant un foyer de braise vide,  Serge Ndongo , enseignant d’université à Maroua.  
Il est midi dans la capitale régionale de l’Extrême-Nord Cameroun ; zone à forte obédience musulmane. En ce mercredi du mois de jeûne  de ramadan, l’universitaire, d’obédience catholique, parcourt les  étales du quartier Domayo, en pleine ville de Maroua, à la recherche de la viande cuite à la braise : « je sors du campus et j’ai faim. Depuis une heure, je cherche vainement où trouver à manger comme du soya », déclare à Alwihdainfo, l’universitaire, qui ajoute par la suite que : « j’ai déjà parcouru plusieurs zones comme le quartier Kaysery , mais, partout, on trouve des foyers vides ».
Non loin de là, au quartier Dougoi, à un jet de pierre de la préfecture de la ville, Moussa s’affaire derrière son foyer, à nettoyer son grillage pour la braise du soir. A ses cotés, deux gigots de viande emballés dans les sacs et posés sur un étal. Moussa  indique  qu’: « avec la période du jeûne de Ramadan, nous, les vendeurs de soya avons changé d’habitudes. Puisque la plupart des clients sont musulmans et que tous observent le jeûne, nous préférons commencer la braise vers 17h30 minutes pour que ça soit chaud à l’heure de casser le jeûne ».
Moussa précise que : «dans les années 2000 à 2002,  le marché du soya s’arrêtait totalement en période de Ramadan. Les activités liées à la vente des produits alimentaires prenaient alors un sérieux coup en journée. Mais, avec l’arrivée des universités et facultés qui drainent des étudiants venant des horizons divers, certains commerçants du soya continuent à vendre en journée en cette période de Ramadan. Mais, la viande se vend de moins en moins avant 18h30 minutes. Il n’est plus possible d’écouler un gigot en journée comme pendant les périodes ordinaires ». Pour parer aux pertes, Moussa a déclaré à Alwihdainfo  avoir « pris des dispositions pour éviter la faillite ».Pour lui : «  on préfère ne pas prendre trop de risques en braisant une grande quantité pour la petite clientèle constituée des non-musulmans. Nous, les commerçants de la viande à la braise, avons compris que même le soya peut observer son jeûne de ramadan. Nous sommes dans le commerce et pour cela, on observe la tendance du  moment. Et le moment où il ne faut pas prendre assez de risque à braiser la viande, c’est cette période de jeûne. Le gros de la clientèle ne mange plus en journée. Et le soir, les clients en majorité musulmans viennent pour casser le jeûne. C’est le moment où nous pouvons enregistrer une recette équivalente aux 2/3 habituelle ».
Pour  Moussa : «  la plupart des vendeurs du soya ont préféré en journée, sacrifier le temps à la prière et au jeûne du ramadan ». Conséquence : Les étales sont vides. Pas de feu sous les foyers et encore moins la viande sur du charbon ardent. 
Au quartier Maroua-Douggoi, en face  de l’antenne locale de l’Association Camerounaise pour l’Aide et la Solidarité(ACAMAS), structure d’appui à la coopération Turque, Assan mahamat  , 23 ans, est  l’un des rares vendeurs de soya en journée dans la ville de Maroua, en cette période de jeûne  du mois de ramadan. Devant son foyer, à peine trois clients. Selon Assan : « ma cible ici est les étudiants et enseignants non musulmans. Il y a aussi le personnel de la Cameroon Radio Télévision station régionale de l’Extrême-Nord. Comme ils ne sont pas très nombreux, j’ai préféré diminuer ma quantité de viande. En journée, je vends à peine 200 dollars. Le marché est devenu très difficile. Entre deux prières, on peut avoir cinq clients, loin de la centaine habituelle ».
Pendant les périodes ordinaires,  Assan Mahamat explique que : « le commerce du Soya est rentable. Cette activité me permet de nourrir ma fiancé et notre  fille de deux ans ».
A Maroua dans la capitale régionale de l’Extrême-Nord Cameroun, le mois du jeûne de ramadan est venu changer les habitudes des populations qui, pour la plupart, musulmans, s’abstiennent à manger en journée. Conséquence :les gargotes, cafés et autres restaurants traditionnels …  tournent au ralenti en journée lorsqu’ils ne sont pas simplement fermés ; pour ne reprendre leurs activités  qu’après 18heures et 30 minutes.
 


Ismael Lawal
Correspondant d'Alwihda Info à Yaoundé, Cameroun. +237 695884015 En savoir plus sur cet auteur



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