Par Gerard Boukanga
Photo AFP
Le pessimisme est de mise aujourd'hui et l'inquiétude a fini de gagner le cœur et l'esprit des Centrafricains. Il est vrai que les conditions de vie se sont dégradées dans un environnement dévasté dont les paysages ne nourrissent plus le regard de beauté. C'est le comble du sous-développement qui soumet un peuple dans la lassitude et la démobilisation. Dans un tel contexte, il revient à la politique de redonner l'espoir nécessaire pour mobiliser tout un chacun face à l'effort. Les échanges que nous avons ici et là nous confortent sur la vision de notre mouvement pour réenclencher les processus positifs à la base de notre bien-être et de notre devenir communs. Les Centrafricains se posent la question des moyens pour financer notre développement. Certains d'entre eux ignorent que les moyens pour un Etat découle des programmes pertinents qu'il sait mettre en œuvre face aux enjeux qui structurent son développement. Nous partageons beaucoup de constats, d'interrogations et les inquiétudes qu'ils soulèvent. Mais par-delà le constat, il urge d'orienter nos chantiers vers un réel développement pour espérer inverser les tendances lourdes qui nous semblent irréversibles en s'appuyant sur notre jeunesse notamment pour la relance de la machine productive nationale à travers l'agriculture mais pas seulement. Nos jeunes excellent dans bien d'autres domaines centraux pour le développement et ce sera là également par une politique de diversification de la productivité dans l'artisanat, la pêche, le tourisme, le sport, la culture et nous en passons des secteurs d'activité mal circonscrits et maîtrisés aujourd'hui pour orienter toute cette main d'oeuvre active et qui consent à s'investir. C'est ça le plaidoyer pour mobiliser l'effort national à travers des programmes d'envergure nationale pour la relance économique. Il n'est pas difficile d'occuper une jeunesse encore faudrait-il savoir lui tenir un langage politique de vérité et mobilisateur en mettant en place les dispositifs adéquats pour l'insertion dans l'activité productive, seule à même de permettre de faire naître l'espoir pour des lendemains meilleurs. C'est ce que font tous les pays du monde pour répondre aux besoins vitaux des populations d'abord et faire naître de la richesse ensuite. Il faut bien reconnaître que c'est l'inverse qui guide la vision de nos gouvernants qui pensent qu'il faut de la croissance pour régler tous les problèmes. Vous voyez bien alors qu'on s'y prend très mal en mettant les charrues avant les bœufs. Le développement prend corps avec l'effort consenti par un peuple dans sa globalité et pour ce faire il demeure essentiel de se fonder sur un modèle conforme aux réalités du pays. En ce qui concerne notre pays nous ne pouvons continuer à faire l'économie d'une vision d'ensemble de nos forces et faiblesses pour définir les priorités de nos investissements nationaux. Pour sortir de la morne routine du sous-développement, une réelle politique d'aménagement du territoire couplée à un investissement massif dans le développement local sont les passages obligés pour ventiler la densité de peuplement qui condense pauvreté et destruction de l'environnement dans nos espaces urbains. La fondation d'une réelle vision de notre développement constitue sans doute l'alternative la plus prometteuse pour pallier la désespérance qui étreint notre peuple et condamne sa jeunesse à l'émigration vers des pays qui renforcent de plus en plus leurs dispositifs anti-migratoires et où il devient très difficile de réussir quoique ce soit pour nos ressortissants qui y sont déjà installés.