Fernando Cancio
BANGUI (LNC) — Les opérations de vote pour le référendum constitutionnel en Centrafrique auront essentiellement été marquées par cette curiosité voulant que les électeurs sollicités iraient voter pour accepter ou refuser un texte dont ils n’en connaissaient nullement le contenu.
En effet, avec uniquement une présentation en catimini sur internet, et seulement 15.000 copies imprimées, et pour l’essentiel, diffusées pratiquement que dans la capitale Bangui. Les centrafricains devaient voter en aveugle. Et beaucoup, ignorant tout, de penser qu’ils devaient voter pour oui ou non du maintien de Catherine Samba-Panza au pouvoir. Confusion et cacophonie.
Un paradoxe qui ne semblait pas déranger le chanteur auto-proclamé porte parole de la société civile Gervais Lakosso, déclarant :
“De toutes façons en RCA, on dit toujours OUI aux Constitutions.”
Manière de dire, qu’importe si les gens ne savent rien du texte, ils diront oui quand même. Ce qui en quelque sorte fait des électeurs des godillots manipulés dont on se sert.
Pour un électeur à Bangui assez agacé :
“Voter ou pas voter, ça ne sert à rien. Les jeux sont déjà fait. Les urnes étaient remplis de OUI par avance. Sinon, comment allez-vous expliquer que l’organisation des élections déjà programmées dépendait du oui à ce referendum ? Ces gens se moquent de nous.”
VIOLENCES AMATEURISME ET PRESSIONS
Dimanche, dans pratiquement tous les bureaux de vote, les matériels de vote n’auront été mis en place qu’à peine une heure avant l’ouverture des portes. Ce qui avait causé des retards allant d’une à deux heures.
Ajouté à cela, des listes électorales fantaisistes, dans lesquels nombre des électeurs ne trouvaient pas leurs noms. Du cocasse quand les agents des bureaux de vote étaient contraints d’écrire les noms de électeurs sur les listes manuellement.
Devant l’urgence de ces dérèglements, l’A.N.E, l’Autorité Nationale des Elections en charge du processus d’improviser.
Les électeurs pourraient voter avec les récépissés qui leur avaient été remis lors de leurs inscriptions sur les listes.
Impossible donc de contrôler les véritables identités des individus.
A ces aléas, s’ajoutent les violences et pressions ayant émaillées ce Referendum.
A Bangui, exceptionnellement, ce lundi 14 décembre, dans le quartier à coloration musulmane du PK5, on vote, sous haute protection des Minusca et des Sangaris. Car hier, le scrutin avait été perturbé par des tirs à l’arme lourde qui ont fait cinq morts et une vingtaine de blessés, selon le dernier bilan de la Croix-Rouge centrafricaine.
En province, comme redouté, il y a eu de vastes perturbations.
Dans les villes de N’Délé, Birao, Kaga-Bandoro ou Bossangoa, personne n’a pu voter, du fait des intimidations et violences des bandes armées.
A Bossangoa par exemple, les Anti-Balaka ont fait pression sur les populations pour les dissuader d’aller voter.
Idem à Kaga-Bandoro, fief de l’ex numéro deux de la Séléka, Nourredine Adam, qui pourtant quelques jours plus tôt, ce dernier au téléphone nous avait juré qu’il n’y aurait pas de blocage de la part de ses hommes.
CREDIBILITE ?
Ce scrutin, se voulant être un test avant les élections présidentielle et législatives prévues le 27 décembre, comme aime à s’en gargariser les chefs de la Minusca aura bien du mal à sérieusement être perçu comme véritablement crédible.
Prélude d’élections générales censées mettre fin à trois années de guerre civile et clore une transition politique à bout de souffle et permettre un retour à l’ordre constitutionnel.
Cependant, Gervais Lakosso de nouveau de prévenir :
“Elections crédibles ou pas, il faut les faire. Les élections véritables ne seront tenues qu’en 2020. Là ce sera une nouvelle transition en attendant, mais au moins dans l’ordre constitutionnel.”
© Décembre 2015 LNC - LA NOUVELLE CENTRAFRIQUE
BANGUI (LNC) — Les opérations de vote pour le référendum constitutionnel en Centrafrique auront essentiellement été marquées par cette curiosité voulant que les électeurs sollicités iraient voter pour accepter ou refuser un texte dont ils n’en connaissaient nullement le contenu.
En effet, avec uniquement une présentation en catimini sur internet, et seulement 15.000 copies imprimées, et pour l’essentiel, diffusées pratiquement que dans la capitale Bangui. Les centrafricains devaient voter en aveugle. Et beaucoup, ignorant tout, de penser qu’ils devaient voter pour oui ou non du maintien de Catherine Samba-Panza au pouvoir. Confusion et cacophonie.
Un paradoxe qui ne semblait pas déranger le chanteur auto-proclamé porte parole de la société civile Gervais Lakosso, déclarant :
“De toutes façons en RCA, on dit toujours OUI aux Constitutions.”
Manière de dire, qu’importe si les gens ne savent rien du texte, ils diront oui quand même. Ce qui en quelque sorte fait des électeurs des godillots manipulés dont on se sert.
Pour un électeur à Bangui assez agacé :
“Voter ou pas voter, ça ne sert à rien. Les jeux sont déjà fait. Les urnes étaient remplis de OUI par avance. Sinon, comment allez-vous expliquer que l’organisation des élections déjà programmées dépendait du oui à ce referendum ? Ces gens se moquent de nous.”
VIOLENCES AMATEURISME ET PRESSIONS
Dimanche, dans pratiquement tous les bureaux de vote, les matériels de vote n’auront été mis en place qu’à peine une heure avant l’ouverture des portes. Ce qui avait causé des retards allant d’une à deux heures.
Ajouté à cela, des listes électorales fantaisistes, dans lesquels nombre des électeurs ne trouvaient pas leurs noms. Du cocasse quand les agents des bureaux de vote étaient contraints d’écrire les noms de électeurs sur les listes manuellement.
Devant l’urgence de ces dérèglements, l’A.N.E, l’Autorité Nationale des Elections en charge du processus d’improviser.
Les électeurs pourraient voter avec les récépissés qui leur avaient été remis lors de leurs inscriptions sur les listes.
Impossible donc de contrôler les véritables identités des individus.
A ces aléas, s’ajoutent les violences et pressions ayant émaillées ce Referendum.
A Bangui, exceptionnellement, ce lundi 14 décembre, dans le quartier à coloration musulmane du PK5, on vote, sous haute protection des Minusca et des Sangaris. Car hier, le scrutin avait été perturbé par des tirs à l’arme lourde qui ont fait cinq morts et une vingtaine de blessés, selon le dernier bilan de la Croix-Rouge centrafricaine.
En province, comme redouté, il y a eu de vastes perturbations.
Dans les villes de N’Délé, Birao, Kaga-Bandoro ou Bossangoa, personne n’a pu voter, du fait des intimidations et violences des bandes armées.
A Bossangoa par exemple, les Anti-Balaka ont fait pression sur les populations pour les dissuader d’aller voter.
Idem à Kaga-Bandoro, fief de l’ex numéro deux de la Séléka, Nourredine Adam, qui pourtant quelques jours plus tôt, ce dernier au téléphone nous avait juré qu’il n’y aurait pas de blocage de la part de ses hommes.
CREDIBILITE ?
Ce scrutin, se voulant être un test avant les élections présidentielle et législatives prévues le 27 décembre, comme aime à s’en gargariser les chefs de la Minusca aura bien du mal à sérieusement être perçu comme véritablement crédible.
Prélude d’élections générales censées mettre fin à trois années de guerre civile et clore une transition politique à bout de souffle et permettre un retour à l’ordre constitutionnel.
Cependant, Gervais Lakosso de nouveau de prévenir :
“Elections crédibles ou pas, il faut les faire. Les élections véritables ne seront tenues qu’en 2020. Là ce sera une nouvelle transition en attendant, mais au moins dans l’ordre constitutionnel.”
© Décembre 2015 LNC - LA NOUVELLE CENTRAFRIQUE