Par Franck CANA
Christiane Taubira. Crédit photo : Sources
Après avoir franchi les marches intellectuelles et spirituelles qui s'imposent à ceux qui veulent parvenir au cercle du pouvoir de la république française, Christiane Taubira est devenue garde des Sceaux. Pour autant, cette afro-française de 61 ans, née en Guyane, rompue à l'adversité, n'aurait jamais imaginé devoir livrer un combat d'une autre nature une fois parvenue au firmament de sa carrière politique. Celui contre l'ignorance de certains de ses compatriotes.
Derrière la ministre, noirs et arabes sont visés
A n'en point douter, la ministre de la justice qui est à l'origine de la loi de 2001 faisant de l'esclavage un crime contre l'humanité était avertie. L'évangéliste Matthieu dira : « L'homme aura pour ennemis les gens de sa maison. » C'est donc sans surprise qu'un an après son entrée au gouvernement en 2012, qu'elle devient la cible d'un discours haineux et raciste dopé surtout par un personnel politique assoiffé de pouvoir et prêt à tout pour y accéder ou le conserver.
Bien sur, personne n'est dupe et qu'en réalité, derrière Christiane Taubira, ce sont tous les afro-français originaires d'outre mer et d'Afrique qui sont visés. Mais à la vérité, ces snipers que l'on retrouve aussi bien dans la France d'en-bas que dans celle d'en haut, excipent une haine souvent étouffée et lâchée par à-coups, dans une ignorance sans égal pour le bas peuple. Ils estiment que ces français qu'ils considèrent comme étant de « seconde zone » et tous ceux qui leur ressemblent profitent de la France.
Une ignorance du fonctionnement des institutions de la république
Disons-le également, l'hallali dont est victime Madame la ministre n'est pas dissociable de l'adoption de la loi relative au mariage homosexuel en France. Mais là encore, ceux qui maugréent et tiennent des propos oiseux contre la garde des Sceaux font montre d'une méconnaissance du fonctionnement des institutions de la république. En effet, le rôle dévolu à un ministre en France est celui de mettre en application les orientations du président de la république sous la responsabilité du premier ministre. Madame Taubira n'est donc pas l'idéologue de cette loi qui est tirée de « l'engagement 31 » de la campagne électorale de François Hollande de 2012. Une frange de la population considère à tort, qu'elle a contourné la volonté populaire en faisant adopter ce texte par le parlement au lieu de soumettre le texte à référendum.
Manger un kebab ou manger son pain noir
En attendant, la ministre Christiane Taubira n'a pas daigné donner suite à cette vaine tentative répulsive du rejet de l'autre, à travers sa personne, par des gens ignorants et instrumentalisés. Toujours est-il que les concernés feraient mieux de se ressaisir en partageant « un kébab » avec leurs compatriotes d'origine maghrébine par exemple, afin de mieux connaître la France. A défaut de cela, ils risqueraient d'avoir à manger pour longtemps leur « pain noir. »
Franck CANA
Écrivain progressiste
Analyste sociopolitique
cana.franck@orange.fr
Auteurs des ouvrages :
L'aube de l'odyssée, éditions La Bruyère, Paris