Par Maki Houmed-Gaba
Compte rendu de la Conférence de presse de l’Union pour le Salut National (USN) à Paris le 22 février 2014
Le premier anniversaire des élections législatives du 22 février 2013 à Djibouti a été commémoré à Paris le 22 février 2014 lors d’une conférence de presse tenue au Café Bord de Seine de la Place Châtelet, à laquelle ont été conviés les membres de la communauté internationale, des citoyens djiboutiens et les responsables des organisations de la société civile française et africaines.
Cette conférence de presse a été animée par M. Maki Houmed-Gaba, représentant en France de l’Union pour le Salut National (USN), accompagné de M. Hachin Loïta Ahmed, porte-parole et représentant de l’UDJ pour l’Europe et de la militante du PND Saïda Barré-Falcou, et modérée par le journaliste et blogueur tchadien Makaila NGUEBLA.
Après avoir introduit le thème de la conférence qui était de faire le bilan et les perspectives des actions menées par l’USN depuis les élections frauduleuses de 2013, le modérateur a donné la parole à M. Maki Houmed-Gaba, qui est revenu la situation globale socio-politique qui prévaut dans le pays, une année après.
Il a présenté de manière synthétique l’histoire de la bataille politique depuis l’indépendance de Djibouti le 27 juin 1977, jusqu’aux élections législatives du 22 février 2013.
Les décennies de lutte pour la démocratie ont commencé après l’euphorie de l’indépendance, au lendemain de la première interdiction en 1981 du premier parti d’opposition de Djibouti, à savoir : le Parti populaire pour la démocratie (PPD).
La chape de plomb contre le désir de liberté des citoyens a été une première fois battue en brèche sous la férule d’une lutte armée fratricide à partir de 1991, accompagnée d’une répression féroce des civils accusés de collision.
Deux accords de paix arrachés arme à la main à la dictature entre 1994 et 2001 avaient donné l’espoir d’une première conquête démocratique avec la participation d’une opposition unie aux élections législatives de janvier 2003.
Mais la fraude caractérisée et la répression brutale à l’encontre des membres de l’opposition au lendemain des législatives de 2003 a amené celle-ci à s’abstenir de toute participation à la parodie électorale jusqu’en 2013.
Après une décennie de boycott des urnes, un rassemblement populaire inédit a détonné le 18 février 2011 à Djibouti-ville sous le signe d’un printemps arabe djiboutien qui a rassemblé 30.000 manifestants dans les rues de la capitale. Et un nouveau pacte en a été scellé entre le peuple et une opposition unifiée dans le nouveau cadre de l’Union pour le salut national (USN) pour un projet de participation solidaire.
Dès le lendemain des fraudes aux élections de février 2013 qui attribuèrent la victoire au parti présidentiel RPP en inversant globalement les résultats des urnes, les Djiboutiens occupent les rues plusieurs fois par semaine, bravant la répression et les arrestations systématiques qui s’abattent sur eux.
Le nombre de prisonniers politiques n’a cessé de grimper atteignant la trentaine en janvier de cette année, sans oublier les morts suspectes dans les prisons.
Malgré ce niveau insolite de répression, l’USN a toujours affirmé son esprit de responsabilité en axant les négociations sur ses propres revendications, notamment la publication des résultats par bureau de vote, les réformes démocratiques et le préalable de la libération de tous prisonniers politiques.
Au cours de la conférence de presse, le représentant de l’USN a rappelé que la coalition a proposé des négociations dès le début de la crise politique en mars 2013 en sollicitant une médiation. Elle a accepté d’honorer sa participation à quatre réunions avec les délégués du gouvernement du 14 août au 14 septembre 2013, sans aucun résultat encourageant.
Le 1er février 2014, à la demande du président djiboutien, un délégué de l’USN a été reçu au palais présidentiel. Ce dernier a été mandaté par un engagement formel de poser les mêmes revendications qui s’inscrivent dans le cadre des réformes démocratiques, de la libération des prisonniers politiques et de la reconnaissance de la victoire de l’USN aux élections législatives. Il n’a obtenu cependant qu’une promesse verbale du président djiboutien. Le 6 février, l’USN a remis un projet d’accord politique détaillant ses revendications mais n’a toujours pas reçu de réponse de la part du gouvernement à ce jour, le 22 février 2014.
Pour sa part, le représentant pour l’Europe et porte-parole de l’UDJ, Hachin Loïta, a fustigé les pratiques du régime dont la stratégie consiste à faire semblant de proposer l’ouverture de dialogue à l’USN. Il a insisté sur les signes contradictoires qui ne trompent pas sur la véritable volonté politique du président djiboutien.
Hachin Loïta a pu décrire le stratagème du gouvernement djiboutien pris dans l’étau d’un échéancier politique européen, onusien et américain durant l’année 2014, ce qui le décide à se lancer dans des propositions de dialogue visant à chercher à détourner la critique ou la condamnation de la communauté internationale.
Madame Saïda Barre-Falcou, militante de longue date pour la liberté et la démocratie à Djibouti et membre du PND, a fustigé l’attitude de « folie » qui caractérise l’actuel président Ismaël Omar Guelleh, puisque rien ne peut expliquer son entêtement à maintenir l’oppression alors tout le peuple est debout comme un seul homme pour lui demander de cesser de réprimer son peuple.
Madame Saïda Barré a énuméré les dernières victimes de la dictature, notamment l’enseignant mort en prison Mahmoud Elmi Rayaleh et les familles djiboutiennes expulsées de leur pays accusées de soutenir la coalition USN.
A une question d’« Afriques en lutte » sur les liens de l’USN avec le FRUD qui prône la lutte armée, le représentant de l’USN en France a rappelé les conditions historiques de l’avènement de cette lutte, pour conclure sur le dépassement de cette forme de lutte aujourd’hui, les Djiboutiens ayant choisi d’investir massivement la lutte pacifique et bénéficiant pour ce faire d’un soutien de la communauté internationale.
En réponse à une question sur l’islam politique à Djibouti, Hachin Loïta a rappelé combien l’islam était pacifique et tolérant dans son pays, où se côtoient des lieux de culte de toute obédience situés côte à côte dans les mêmes rues et accueillant librement leurs fidèles.
Abdourahman Mohamed Habib, dit Amigo, représentant le Comité d’opposition djiboutienne à Brest a énuméré la stratégie d’implantation de comités de soutien du gouvernement djiboutien dans plusieurs villes d’Europe, destinés à préparer une certaine diaspora à une nouvelle candidature constitutionnellement illégale du président djiboutien aux présidentielles d’avril et mai 2016.
S’agissant d’une question sur l’Union européenne qui utilise les bases militaires de Djibouti pour sa politique de défense, le représentant de l’USN a rappelé l’intérêt stratégique que représente Djibouti pour l’Europe et pointé combien les aides attribuées à Djibouti ne profitaient nullement aux Djiboutiens appauvris.
Ont été évoquées les démarches entreprises par les représentants de l’USN pour déjouer cette stratégie de communication mensongère du gouvernement djiboutien concernant l’affectation de l’aide européenne. Depuis lors, l’Union européenne en a pris acte et le parlement européen a déjà adopté une résolution le 4 juillet 2013 dénonçant la situation de crise sociale et politique qui perdure à Djibouti et demandant que la démocratie et les droits de l’homme ne soient pas sacrifiés à la sécurité et la paix.
La conférence de l’USN a permis enfin d’échanger sur diverses questions sur l’actualité djiboutienne, telles que la place des femmes dans la société et dans la lutte pour les droits.
Les perspectives nées des élections législatives de février 2013 consistent à maintenir le cap de la mobilisation des Djiboutiens pour un changement dans leur pays. Et seule la forte mobilisation unitaire enclenchée à l’occasion de ces élections pourra vaincre l’autocratie qui prévaut à Djibouti.
L’Union pour le salut national (USN) a élaboré un programme politique partagé avec le peuple djiboutien qui fait l’objet d’une réflexion profonde en y adjoignant une charte visant à refonder le projet sur des bases nouvelles.
Le modérateur Makaïla Nguebla a dénoncé à son tour les manipulations des dictateurs en Afrique qui utilisent les leviers identitaires pour affaiblir la marche de la révolte populaire. Makaïla a rendu hommage à ce titre aux Djiboutiens qui ont su garder le cap de la mobilisation en faisant fi de tous ces paramètres.
Un hommage particulier a été rendu à l’invité de renom de la conférence Jean-Loup Schaal, président de l’Association pour le respect des droits de l’homme à Djibouti (ARDHD), pour les nombreux services rendus à la lutte des Djiboutiens depuis la création de l’ARDHD en 1992.
Commencée à 15 heures, la conférence a pris fin à 18 heures 30 mn.
Maki Houmed-Gaba
Représentant de l’USN en France
Fait à Paris, le 28 février 2014
Tél. 06.25.52.08.85
Le premier anniversaire des élections législatives du 22 février 2013 à Djibouti a été commémoré à Paris le 22 février 2014 lors d’une conférence de presse tenue au Café Bord de Seine de la Place Châtelet, à laquelle ont été conviés les membres de la communauté internationale, des citoyens djiboutiens et les responsables des organisations de la société civile française et africaines.
Cette conférence de presse a été animée par M. Maki Houmed-Gaba, représentant en France de l’Union pour le Salut National (USN), accompagné de M. Hachin Loïta Ahmed, porte-parole et représentant de l’UDJ pour l’Europe et de la militante du PND Saïda Barré-Falcou, et modérée par le journaliste et blogueur tchadien Makaila NGUEBLA.
Après avoir introduit le thème de la conférence qui était de faire le bilan et les perspectives des actions menées par l’USN depuis les élections frauduleuses de 2013, le modérateur a donné la parole à M. Maki Houmed-Gaba, qui est revenu la situation globale socio-politique qui prévaut dans le pays, une année après.
Il a présenté de manière synthétique l’histoire de la bataille politique depuis l’indépendance de Djibouti le 27 juin 1977, jusqu’aux élections législatives du 22 février 2013.
Les décennies de lutte pour la démocratie ont commencé après l’euphorie de l’indépendance, au lendemain de la première interdiction en 1981 du premier parti d’opposition de Djibouti, à savoir : le Parti populaire pour la démocratie (PPD).
La chape de plomb contre le désir de liberté des citoyens a été une première fois battue en brèche sous la férule d’une lutte armée fratricide à partir de 1991, accompagnée d’une répression féroce des civils accusés de collision.
Deux accords de paix arrachés arme à la main à la dictature entre 1994 et 2001 avaient donné l’espoir d’une première conquête démocratique avec la participation d’une opposition unie aux élections législatives de janvier 2003.
Mais la fraude caractérisée et la répression brutale à l’encontre des membres de l’opposition au lendemain des législatives de 2003 a amené celle-ci à s’abstenir de toute participation à la parodie électorale jusqu’en 2013.
Après une décennie de boycott des urnes, un rassemblement populaire inédit a détonné le 18 février 2011 à Djibouti-ville sous le signe d’un printemps arabe djiboutien qui a rassemblé 30.000 manifestants dans les rues de la capitale. Et un nouveau pacte en a été scellé entre le peuple et une opposition unifiée dans le nouveau cadre de l’Union pour le salut national (USN) pour un projet de participation solidaire.
Dès le lendemain des fraudes aux élections de février 2013 qui attribuèrent la victoire au parti présidentiel RPP en inversant globalement les résultats des urnes, les Djiboutiens occupent les rues plusieurs fois par semaine, bravant la répression et les arrestations systématiques qui s’abattent sur eux.
Le nombre de prisonniers politiques n’a cessé de grimper atteignant la trentaine en janvier de cette année, sans oublier les morts suspectes dans les prisons.
Malgré ce niveau insolite de répression, l’USN a toujours affirmé son esprit de responsabilité en axant les négociations sur ses propres revendications, notamment la publication des résultats par bureau de vote, les réformes démocratiques et le préalable de la libération de tous prisonniers politiques.
Au cours de la conférence de presse, le représentant de l’USN a rappelé que la coalition a proposé des négociations dès le début de la crise politique en mars 2013 en sollicitant une médiation. Elle a accepté d’honorer sa participation à quatre réunions avec les délégués du gouvernement du 14 août au 14 septembre 2013, sans aucun résultat encourageant.
Le 1er février 2014, à la demande du président djiboutien, un délégué de l’USN a été reçu au palais présidentiel. Ce dernier a été mandaté par un engagement formel de poser les mêmes revendications qui s’inscrivent dans le cadre des réformes démocratiques, de la libération des prisonniers politiques et de la reconnaissance de la victoire de l’USN aux élections législatives. Il n’a obtenu cependant qu’une promesse verbale du président djiboutien. Le 6 février, l’USN a remis un projet d’accord politique détaillant ses revendications mais n’a toujours pas reçu de réponse de la part du gouvernement à ce jour, le 22 février 2014.
Pour sa part, le représentant pour l’Europe et porte-parole de l’UDJ, Hachin Loïta, a fustigé les pratiques du régime dont la stratégie consiste à faire semblant de proposer l’ouverture de dialogue à l’USN. Il a insisté sur les signes contradictoires qui ne trompent pas sur la véritable volonté politique du président djiboutien.
Hachin Loïta a pu décrire le stratagème du gouvernement djiboutien pris dans l’étau d’un échéancier politique européen, onusien et américain durant l’année 2014, ce qui le décide à se lancer dans des propositions de dialogue visant à chercher à détourner la critique ou la condamnation de la communauté internationale.
Madame Saïda Barre-Falcou, militante de longue date pour la liberté et la démocratie à Djibouti et membre du PND, a fustigé l’attitude de « folie » qui caractérise l’actuel président Ismaël Omar Guelleh, puisque rien ne peut expliquer son entêtement à maintenir l’oppression alors tout le peuple est debout comme un seul homme pour lui demander de cesser de réprimer son peuple.
Madame Saïda Barré a énuméré les dernières victimes de la dictature, notamment l’enseignant mort en prison Mahmoud Elmi Rayaleh et les familles djiboutiennes expulsées de leur pays accusées de soutenir la coalition USN.
A une question d’« Afriques en lutte » sur les liens de l’USN avec le FRUD qui prône la lutte armée, le représentant de l’USN en France a rappelé les conditions historiques de l’avènement de cette lutte, pour conclure sur le dépassement de cette forme de lutte aujourd’hui, les Djiboutiens ayant choisi d’investir massivement la lutte pacifique et bénéficiant pour ce faire d’un soutien de la communauté internationale.
En réponse à une question sur l’islam politique à Djibouti, Hachin Loïta a rappelé combien l’islam était pacifique et tolérant dans son pays, où se côtoient des lieux de culte de toute obédience situés côte à côte dans les mêmes rues et accueillant librement leurs fidèles.
Abdourahman Mohamed Habib, dit Amigo, représentant le Comité d’opposition djiboutienne à Brest a énuméré la stratégie d’implantation de comités de soutien du gouvernement djiboutien dans plusieurs villes d’Europe, destinés à préparer une certaine diaspora à une nouvelle candidature constitutionnellement illégale du président djiboutien aux présidentielles d’avril et mai 2016.
S’agissant d’une question sur l’Union européenne qui utilise les bases militaires de Djibouti pour sa politique de défense, le représentant de l’USN a rappelé l’intérêt stratégique que représente Djibouti pour l’Europe et pointé combien les aides attribuées à Djibouti ne profitaient nullement aux Djiboutiens appauvris.
Ont été évoquées les démarches entreprises par les représentants de l’USN pour déjouer cette stratégie de communication mensongère du gouvernement djiboutien concernant l’affectation de l’aide européenne. Depuis lors, l’Union européenne en a pris acte et le parlement européen a déjà adopté une résolution le 4 juillet 2013 dénonçant la situation de crise sociale et politique qui perdure à Djibouti et demandant que la démocratie et les droits de l’homme ne soient pas sacrifiés à la sécurité et la paix.
La conférence de l’USN a permis enfin d’échanger sur diverses questions sur l’actualité djiboutienne, telles que la place des femmes dans la société et dans la lutte pour les droits.
Les perspectives nées des élections législatives de février 2013 consistent à maintenir le cap de la mobilisation des Djiboutiens pour un changement dans leur pays. Et seule la forte mobilisation unitaire enclenchée à l’occasion de ces élections pourra vaincre l’autocratie qui prévaut à Djibouti.
L’Union pour le salut national (USN) a élaboré un programme politique partagé avec le peuple djiboutien qui fait l’objet d’une réflexion profonde en y adjoignant une charte visant à refonder le projet sur des bases nouvelles.
Le modérateur Makaïla Nguebla a dénoncé à son tour les manipulations des dictateurs en Afrique qui utilisent les leviers identitaires pour affaiblir la marche de la révolte populaire. Makaïla a rendu hommage à ce titre aux Djiboutiens qui ont su garder le cap de la mobilisation en faisant fi de tous ces paramètres.
Un hommage particulier a été rendu à l’invité de renom de la conférence Jean-Loup Schaal, président de l’Association pour le respect des droits de l’homme à Djibouti (ARDHD), pour les nombreux services rendus à la lutte des Djiboutiens depuis la création de l’ARDHD en 1992.
Commencée à 15 heures, la conférence a pris fin à 18 heures 30 mn.
Maki Houmed-Gaba
Représentant de l’USN en France
Fait à Paris, le 28 février 2014
Tél. 06.25.52.08.85