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Coopération: Kadhafi contre le projet méditerranéen de Sarkozy


Alwihda Info | Par - ҖЭBIЯ - - 11 Juin 2008


Le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi a laissé éclater sa vindicte contre le projet d'Union pour la Méditerranée, mardi 10 juin, à l'occasion d'une réunion de pays arabes qu'il avait convoquée à Tripoli pour tenter de faire partager ses vues sur cette initiative de coopération euro-méditerranéenne voulue par la France.


Coopération: Kadhafi contre le projet méditerranéen de Sarkozy

Par Natalie Nougayrède

Les propos du "Guide" libyen ont constitué une rebuffade pour Nicolas Sarkozy, qui avait été en décembre 2007 le premier chef d'Etat occidental à recevoir Mouammar Kadhafi avec les honneurs, scellant sa réhabilitation diplomatique après des années de soutien au terrorisme et des tentatives d'acquérir des armes de destruction massive, auxquelles il avait renoncé en 2003. M. Kadhafi avait accédé en juillet 2007 à la demande pressante de M. Sarkozy de libérer les infirmières bulgares et le médecin palestinien qu'il détenait depuis des années.

"Nous ne sommes ni des affamés ni des chiens pour qu'ils nous jettent des os", a déclaré le colonel Kadhafi en parlant des projets économiques proposés aux pays du sud dans le cadre du projet d'Union pour la Méditerranée que M. Sarkozy entend lancer le 13 juillet en coprésidant un sommet à Paris. Ces projets sont, selon le dirigeant libyen, "un appât", "une sorte d'humiliation". Il s'exprimait devant les présidents algérien, tunisien, mauritanien, syrien, et le premier ministre marocain.

"Nous sommes des pays membres de la Ligue arabe et aussi de l'Union africaine et nous ne prendrons en aucun cas le risque de déchirer l'unité arabe ou africaine. Il faut que nos partenaires (européens) comprennent bien cela", a dit le colonel. "L'Union européenne veille sur son unité et refuse sa division, et l'initiative de notre cher ami Sarkozy a été rejetée fermement par l'Europe", a-t-il poursuivi, en allusion aux modifications que la France a dû introduire dans son projet initial pour tenir compte des critiques de l'Allemagne. "La Ligue arabe n'accepte pas non plus de disperser ses rangs et de détruire son unité", a lancé le dirigeant libyen.

La pensée du "Guide" de la "Grande Jamariya islamique", le nom officiel de la Libye, était déjà connue par les diplomates. Les griefs du colonel portent sur le fait que l'Union pour la Méditerranée ne représente guère plus, à ses yeux, qu'une nouvelle mouture du processus de Barcelone de 1995, dont il s'était tenu à l'écart. Il critique la participation d'Israël au projet. Il ne lui plaît guère que les pays de la rive est de la Méditerranée, qu'il qualifie en privé d'"asiatique", soient inclus.

Nicolas Sarkozy avait expliqué, lors d'un discours prononcé à Tanger en octobre 2007, que son projet visait à sortir du "cycle infernal de la vengeance et de la haine" en répliquant l'expérience des pères fondateurs de l'Europe, qui s'étaient appuyés sur des projets économiques concrets pour bâtir une unité.

S'agissant du colonel Kadhafi, l'Elysée s'était félicité en février de sa coopération sur le Tchad : des munitions fournies à l'armée d'Idriss Déby, aux prises avec une rébellion armée, avaient transité par Tripoli. En 2007, la Libye a été un des premiers pays arabes à se voir proposer une coopération nucléaire civile par la France, et un accord dans le domaine militaro-industriel avait été signé.

De source française, on cherchait mardi à relativiser la position adoptée par le "Guide" libyen sur le projet euro-méditerranéen, jugeant sa capacité d'entraînement des autres chefs d'Etat arabes limitée. Tout en constatant néanmoins que le président algérien, Abdelaziz Bouteflika, lui prête une oreille attentive.


Coopération: Kadhafi contre le projet méditerranéen de Sarkozy
Chronologie

6 mai 2007 : au soir de son élection, Nicolas Sarkozy appelle à bâtir une "Union méditerranéenne".

25 juillet : vingt-quatre heures après la libération des infirmières bulgares, M. Sarkozy est reçu à Tripoli et signe avec M. Kadhafi un accord sur le nucléaire civil.

23 octobre : à Tanger (Maroc), M. Sarkozy appelle les chefs d'Etat de la Méditerranée à participer à un sommet en 2008 en France.

10-15 décembre : Mouammar Kadhafi est reçu avec les honneurs à Paris.
Janvier 2008 : l'Allemagne manifeste ses réticences à l'égard du projet.

5-6 juin : le président Bouteflika réserve sa réponse sur sa participation au sommet prévu à Paris le 13 juillet.


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