Le constat d'échec du continent africain en général et celui de Djibouti en particulier, aujourd'hui n'est plus qu'un truisme. Ce constat glauque fait naître en tout djiboutien conscient de ses origines et de son devenir une coalition nébuleuse de sentiments au goût d'eau de mer qui émergent de son tréfonds et lui mouillent les yeux. Le djiboutien continuera à couler des larmes intérieures aussi longtemps que la situation de Djibouti, si dramatique et qui s'envenime davantage depuis plus de trois décennies, ne parviendra pas à réveiller les consciences. Aussi longtemps que l'industrie, le commerce, le budget, la santé et l'éducation rimeront avec le terme "recul", l'individu n'aura pour préoccupation essentielle que la survie face à un régime mafieux, terroriste et dictatorial, dans la mesure où chaque jour Djibouti se meurt. Agir ou Gémir? Devant une telle situation, comment ne pas être inquiet et triste? Mais où est la jeunesse djiboutienne lorsque Djibouti se meurt? La jeunesse djiboutienne a-t-elle le droit d'être désespérée? N'est-elle pas responsable devant la postérité qui, assurément, lui demandera des comptes? Gémir ou agir, telle est la question que notre jeunesse responsable d'aujourd'hui doit se poser. Or la jeunesse constitue la fine fleur, la sève et le suc vivifiant de tout peuple. A Djibouti, cette jeunesse ne sait plus à quel saint se vouer et garde une attitude fataliste. Mais l'histoire de notre jeunesse nous enseigne qu'elle a été très incisive et souvent à l'avant garde de tous les changements. La jeunesse des dictatures, n'ayant connu que des désillusions et n'ayant devant elle que le chômage, le désespoir, l'exil et l'avenir incertain, a été , dans la plupart des pays africains, le détonateur et la première à vouer aux gémonies les pères des indépendances, très tôt mués en dinosaures, ainsi que les satrapes qui leur ont succédé. Aujourd'hui, ce sont les trois"M" ( Misère, Maladie, Mort ) qui peuplent dangereusement Djibouti. Mais qui peut dire pourquoi devant les trois "M", cette situation où elle perd toute dignité et n'est régit que par un instinct de survie, la jeunesse djiboutienne apathique est comme frappée d'apoplexie? Notre jeunesse n'est plus offensive ni positivement agressive. Elle est comme paresseuse, indolente ou comme atteinte d'une incroyable impassibilité. Notre jeunesse a--t-elle déjà atteint son apogée? La peine qu'elle s'est donnée et se donne toujours pour poursuivre ses études pendant des années, loin de son pays, pour enfin réussir, doit-elle se solder par une inertie devant le chômage, l'exil, le désœuvrement et un avenir sombre? Il faut dire, à l'instar d'Alphonse Quenum, que la jeunesse djiboutienne “n'a pas d'autre choix que d'accepter de se mettre face à elle même, dans une laborieuse quête de sa vérité, en s'avouant ses faiblesses pour mieux tirer parti de ses richesses. C'est à ce prix et à ce prix seulement, qu'elle sera digne d'elle même, mieux comprise et respectée comme partenaires".