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Darfour : Deux otages seront éxécutés Si l'Arche de Zoé n'est pas rejugée


Alwihda Info | Par Djamil @ - 12 Avril 2009


KHARTOUM - Les ravisseurs de deux travailleurs humanitaires dont une Française au Darfour ont menacé dimanche de les exécuter si Paris n'organisait pas un nouveau procès pour les membres de l'Arche de Zoé.


Les six membres de cette association ont été condamnés à huit ans de prison pour tentative d'enlèvement de 103 enfants au Tchad avant d'être graciés par le président Idriss Déby après cinq mois passés en prison à N'Djamena puis en France.

Un membre du groupe qui se présente sous le nom des Aigles africains de la liberté a en outre menacé de s'attaquer aux intérêts français au Soudan, au Tchad et en République centrafricaine.

"Nous demandons à la France de rouvrir le dossier des criminels de l'Arche de Zoé et de les juger devant un tribunal juste", a déclaré à Reuters ce membre du groupe, sous le sceau de l'anonymat.

"Si le gouvernement français n'est pas sérieux dans les négociations avec nous et n'accède pas à notre requête, nous tuerons les deux travailleurs humanitaires", a-t-il ajouté.

A Paris, le ministère des Affaires étrangères et l'Elysée se sont refusés à tout commentaire dans l'immédiat.

"Nous ne faisons jamais de commentaires sur ce type de dossier", a déclaré un porte-parole du Quai d'Orsay.

Le président de l'Arche de Zoé, Eric Breteau, a quant à lui affirmé qu'il était prêt à un nouveau procès si cela pouvait permettre la libération des otages.

"Si un procès de l'Arche de Zoé peut sauver des vies, j'y suis prêt. Après toutes les infamies que nous avons subies au Tchad et en France, on n'est plus à ça près", a-t-il réagi.

La justice tchadienne avait conclu que les 103 enfants n'étaient pas des orphelins du Darfour mais des enfants tchadiens enlevés à leurs familles, ce que les membres de l'ONG française ont toujours nié, plaidant la bonne foi.

"NOUS ALLONS BIEN"

"Il n'existe pas la moindre preuve de l'identité tchadienne de ces enfants (...) J'espère qu'un vrai procès pourra faire toute la lumière", a dit Eric Breteau à Reuters par téléphone.

Pour lui, "cette nouvelle crise diplomatique n'est qu'une crise parmi d'autres" et illustre, a-t-il affirmé, l'échec de la diplomatie à aider les populations du Darfour où il appelle le président Nicolas Sarkozy à faire davantage.

En avril 2008, quelques jours après sa libération de prison, il avait déjà évoqué cette volonté de "jeter un pavé dans la mare" diplomatique pour forcer la communauté internationale à agir dans cette région en proie à une guerre civile depuis 2003.

Les deux employées de l'organisation humanitaire Aide médicale internationale ont été enlevées le 4 avril dernier à Ed el Foursan, dans le sud de la région occidentale du Soudan.

Il s'agit d'une Française, Claire Dubois, et d'une Canadienne, Stéphanie Joidon.

"Nous allons bien, nous avons de la nourriture et de l'eau et ils se comportent correctement avec nous, mais nous sommes impatientes de rentrer chez nous", a dit l'otage canadienne, autorisée à parler à Reuters par ses ravisseurs.

Un responsable du ministère soudanais des Affaires étrangères a par ailleurs expliqué à Reuters que les ravisseurs avaient demandé au gouvernement soudanais de se tenir à l'écart des négociations.

Khartoum était intervenu directement dans les pourparlers qui avaient abouti, à la mi-mars, à la libération de trois employés occidentaux de l'organisation Médecins sans frontières, détenus pendant trois jours au Darfour.

La tension s'est fortement accrue dans la région après l'émission en mars par la Cour pénale internationale d'un mandat d'arrêt contre le président soudanais Omar Hassan al Bachir.

Le procureur du tribunal basé à La Haye a inculpé le chef d'Etat soudanais de crimes de guerre et crimes contre l'humanité au Darfour, où au moins 200.000 personnes ont été tuées et 2,5 millions d'autres contraintes à fuir selon des organisations internationales.

Bachir a en outre expulsé 13 ONG étrangères du Darfour et interdit trois organisations locales il y a plus d'un mois le mois dernier, invoquant leur coopération avec la Cour pénale internationale.

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