Comme annoncé, la première conférence de presse de la Coordination nationale pour la démocratie à Djibouti (CNDD) s'est tenue vendredi 17 février à Paris, soit la veille du premier anniversaire de la manifestation historique du 18 février 2011 à Djibouti, anniversaire que la CNDD a aussi tenu à marquer par cet événement. Elle s'est déroulée de 15 à 17 heures en présence de plusieurs journalistes et de nombreux démocrates djiboutiens et français parmi lesquels des personnalités politiques et de la société civile. Outre Daher Ahmed Farah (DAF), président du MRD, Mohamed Kadamy Youssouf, président du FRUD, et Mohamed Moussa Aïnaché, personnalité politique, tous trois fondateurs de la CNDD, en plus des démocrates djiboutiens venus de différentes villes de France et d'Europe, ou Daniel Feurtet, ancien maire français de Blanc Mesnil, l'on pouvait remarquer des journalistes de la presse écrite et de la télévision. Sans oublier toutes celles et ceux, démocrates djiboutiens ou non, auxquels des obligations impérieuses n'ont pas permis de faire le déplacement, et qui pour certains, comme Ahmed Aden de l'Association ADDC d'Ottawa, ont envoyé des messages de soutien.
La conférence a débuté par les interventions des dirigeants de la CNDD, avec pour modératrice, la journaliste chevronnée AugustaConchiglia d’Afrique Asie. Kadamy, Aïnaché et DAF ont successivement pris la parole.
Kadamy a donné un éclairage de la situation politique. Il a rappelé que les confiscations des libertés dès l’indépendance ont conduit inexorablement à l’accaparement de l'État par le noyau dirigeant. Il a stigmatisé les razzias des biens publics et privés, les divisions, les exclusions et autres crimes. Il a poursuivi son propos avec les résistances et les luttes des démocrates djiboutiens qui ont failli jeter à bas le régime au cours des années 1990, les accords de paix inappliqués, les efforts d'unité de l'opposition dont la CNDD est la dernière illustration en date. Il a expliqué que la CNDD (fruit d’un long processus) est un pôle de rassemblement qui propose une charte de transition pour l’ensemble des forces de changement.
Aïnaché a, lui, brossé un tableau d'une économie djiboutienne dominée par les services et malmenée par la malgouvernance. Il a évoqué l'importante aide financière extérieure reçue dès l'Indépendance, mais aussi la gabegie, la corruption, l'inflation bancaire ou encore la mainmise du régime sur l'activité économique. Toutes choses de nature à décourager les investisseurs, qu'ils soient locaux ou étrangers, et que de grandes institutions internationales telles que la Banque africaine de développement (BAD) et le Fonds monétaire international (FMI), bailleurs de fonds majeurs pour le pays, dénoncent dans des documents récents, document de stratégie pays 2011-2015 pour la BAD et compte rendu de mission daté d'octobre 2011 pour le FMI. Il a aussi pointé les effets sociaux de cette politique prédatrice dont un chômage massif, des retards de salaires, une pauvreté généralisée et des problèmes de soif.
Pour sa part, DAF a livré un exposé sur la situation des libertés publiques et des droits de l'Homme. Il a souligné le verrouillage absolu et les violations massives des droits de l'Homme qui se sont abattus sur le pays dès les lendemains de l'Indépendance. Il a dit l'impossible alternance par les urnes. Il a pointé la suppression des libertés publiques (d'expression, de presse, d'association, syndicale, etc.), la mise en place du système du tout unique (parti unique, gouvernants uniques, médias uniques, syndicat unique...), les droits humains bafoués, la répression tous azimuts qui n'épargne aucune composante nationale, les emprisonnements, les tortures, les meurtres, les viols, les refoulements illégaux et autres disparitions. Autant de dérives que dénoncent (chacune à sa manière) des organisations supranationales telles que l'Union européenne, des organisations de défense des droits de l'Homme telles que FIDH et OMCT, ou de défense de la liberté de presse telles que RSF, ou encore des États tels que les États-Unis d'Amérique (cf rapport annuel du Département d'État sur la situation des droits humains dans le monde). Autant de dérives sur lesquelles des capitales «amies» de Djibouti dont Paris et Washington tardent à ouvrir les yeux.
Après ces interventions, les journalistes présents ont pu poser des questions aux trois dirigeants de la CNDD. Des questions portant entre autres sujets sur les violations des libertés et des droits de l'Homme, sur les relations extérieures de Djibouti, notamment avec la France et les pays de la région. Ils y ont longuement répondu.
La salle a également pris la parole. Ainsi l'ancien maire de Blanc Mesnil, Monsieur Daniel Feurtet, ou encore le président de l'Amicale panafricaine, Monsieur Zang, qui a exprimé sa solidarité et celle de son organisation aux luttes du peuple djiboutien pour la démocratie.