A l'approche des législatives de février 2018, Kadar Abdi Ibrahim, donne un point de vue saillant sur l'échec de l'opposition Djiboutienne.
L’histoire de l'opposition Djiboutienne est jalonnée par l’inconstance. Elle n'a jamais été harmonieuse, mais particulièrement sinueuse, balafrée de déchirements, défigurée par des trahisons perpétuelles, pour finalement succomber au sabre, pourtant sans lame, du régime. Son histoire n'est ni prestigieuse ni heureuse. Elle est surtout faite de fulgurances : énergiquement rassemblée, elle jaillit juste avant une élection tel un météore irrésistible et inspire de l'espérance. Ou plutôt des éclairs d'espérance. Puis, dans une unité imaginaire, elle ruisselle pendant les deux semaines de campagne, en sort goguenarde, sûre de sa victoire. Réellement victorieuse après chaque élection mais toujours battue après chaque tripatouillage, elle s’enlise aussitôt dans des guéguerres picrocholines, produisant, ainsi, plus de cauchemars que de rêves. Décennies après décennies, les ressorts de ces querelles vivaces dont les formes évoluent, les thèmes se transforment et dont les personnages qui l’incarnent se renouvellent de génération en génération, restent immuables par leur profondeur, entretiennent les plaies saignantes et font leur travail d’érosion et de ressentiment. Malheureuse spécificité de l’opposition Djiboutienne.
Engoncée dans une langueur d’une instabilité crépusculaire, elle est généralement versatile. La légèreté avec laquelle elle retourne, assez souvent, sa veste et ses bifurcations kaléidoscopiques montrent cruellement la ronde perverse de son inconstance : tantôt opposante qui ne cesse d’envoyer des œillades enamourés à son adversaire, tantôt alliée à lui, -en témoigne le vote à l’assemblée nationale en 2015-, elle se retrouve pleinement vassalisée et noyée indécemment dans la glu et la confiture du régime. Du coup, corvéable pour la gloire de celui-ci, elle se condamne elle-même à emprunter d’obscures routes de la servitude négligeant paradoxalement ce qu’il y a de plus légitime dans un engagement : la constance. Preuve de son ambivalence éternelle et de son instabilité permanente et extrême.
Perfide sur la fidélité de ses engagements et sur l’exigence de la morale, elle adopte la plupart du temps une attitude au son dissonante. Qu’importent les entorses à la déontologie. Les combinards de l’ombre, maniant avec dextérité l’art de la combine, agissant comme le venin du serpent, prennent tout le temps le dessus. Parce qu’en son sein, ils y pullulent, se fédèrent et s’entraident dans la fourberie. Quelques uns, disons à l’esprit candide, avançant obliquement, s’encanaillent avec eux et se font gruger. L’engagement s’éclipse, alors, devant les petits arrangements, l’on préfère s’accommoder plutôt que de refuser, l’amoralisme prime sur l’éthique. La déraison sur la raison. En son sein, les batailles d’idées sont esquivées et lorsqu’elles s’y invitent, elles sont combattues. Toutes les décisions prises sont mues par les intérêts personnels plutôt que par la conviction. A force de tout céder dans le compromis ambigu et dans le renoncement, elle finit par gâcher le présent et compromettre le futur. Le régime, lui, s’en délecte tout en tirant les ficelles de la scissiparité et de la fissiparité des partis et des coalitions, et retrouve, ainsi, une fringale de pouvoir pour un certain temps. En témoigne, les législatives de février 2018, dont on ironise sur la place publique les alliances contre nature et les oppositions frelatées. Acédie de l’opposition Djiboutienne.
Son inconstance s’affiche et s’étale partout. C’est la maladie politique génétique la plus répandue et la plus persistante dont elle souffre. Là réside, sans doute, le fond de son problème. Actuellement, elle fait une pâle figure. Elle en a été ainsi hier. Elle en est ainsi aujourd’hui. L’on peut espérer que la véritable opposition est en soins palliatifs. Pourvu qu’elle en sorte saine, régénérée et renouvelée. Le pays en a tant besoin. « Il n’y a d’opposition qu’inconditionnelle » écrivait François Mitterrand dans son livre « Coup d’état permanent ». Pourvu que ceux qui restent soient des inconditionnels.
Kadar Abdi Ibrahim.
Engoncée dans une langueur d’une instabilité crépusculaire, elle est généralement versatile. La légèreté avec laquelle elle retourne, assez souvent, sa veste et ses bifurcations kaléidoscopiques montrent cruellement la ronde perverse de son inconstance : tantôt opposante qui ne cesse d’envoyer des œillades enamourés à son adversaire, tantôt alliée à lui, -en témoigne le vote à l’assemblée nationale en 2015-, elle se retrouve pleinement vassalisée et noyée indécemment dans la glu et la confiture du régime. Du coup, corvéable pour la gloire de celui-ci, elle se condamne elle-même à emprunter d’obscures routes de la servitude négligeant paradoxalement ce qu’il y a de plus légitime dans un engagement : la constance. Preuve de son ambivalence éternelle et de son instabilité permanente et extrême.
Perfide sur la fidélité de ses engagements et sur l’exigence de la morale, elle adopte la plupart du temps une attitude au son dissonante. Qu’importent les entorses à la déontologie. Les combinards de l’ombre, maniant avec dextérité l’art de la combine, agissant comme le venin du serpent, prennent tout le temps le dessus. Parce qu’en son sein, ils y pullulent, se fédèrent et s’entraident dans la fourberie. Quelques uns, disons à l’esprit candide, avançant obliquement, s’encanaillent avec eux et se font gruger. L’engagement s’éclipse, alors, devant les petits arrangements, l’on préfère s’accommoder plutôt que de refuser, l’amoralisme prime sur l’éthique. La déraison sur la raison. En son sein, les batailles d’idées sont esquivées et lorsqu’elles s’y invitent, elles sont combattues. Toutes les décisions prises sont mues par les intérêts personnels plutôt que par la conviction. A force de tout céder dans le compromis ambigu et dans le renoncement, elle finit par gâcher le présent et compromettre le futur. Le régime, lui, s’en délecte tout en tirant les ficelles de la scissiparité et de la fissiparité des partis et des coalitions, et retrouve, ainsi, une fringale de pouvoir pour un certain temps. En témoigne, les législatives de février 2018, dont on ironise sur la place publique les alliances contre nature et les oppositions frelatées. Acédie de l’opposition Djiboutienne.
Son inconstance s’affiche et s’étale partout. C’est la maladie politique génétique la plus répandue et la plus persistante dont elle souffre. Là réside, sans doute, le fond de son problème. Actuellement, elle fait une pâle figure. Elle en a été ainsi hier. Elle en est ainsi aujourd’hui. L’on peut espérer que la véritable opposition est en soins palliatifs. Pourvu qu’elle en sorte saine, régénérée et renouvelée. Le pays en a tant besoin. « Il n’y a d’opposition qu’inconditionnelle » écrivait François Mitterrand dans son livre « Coup d’état permanent ». Pourvu que ceux qui restent soient des inconditionnels.
Kadar Abdi Ibrahim.