ANALYSE

Douanes centrafricaines: Rachel Ngakola contre vents et marées !


Alwihda Info | Par Yamina Perriere - 15 Novembre 2014


Aussi surement que Noël est célébrée en décembre, rarement un responsable d’une institution n’a fait l’objet d’autant d’attaques ad hominem et de critiques acerbes comme c’est le cas de la directrice des douanes centrafricaines.


À l’évidence et sans aucune raison objective ou rationnelle, Rachel Ngakola, c’est son nom, est aujourd’hui la personnalité de l’échiquier centrafricain la plus abhorrée. Avec ceci de particulier qu’elle est critiquée non pas pour ses défauts, nombreux, comme d’ailleurs ceux de monsieur tout-le-monde, mais parce qu’elle est la compagne du Premier ministre qui, à une époque encore récente, était le plus influent conseiller de la chef de l’État de transition. Rien que ça, sous les l'attitudes de Centrafrique, peut susciter inimitié des uns et procès en sorcellerie des autres.

Que les recettes réalisées par les services des douanes, sous la déterminante impulsion de madame Ngakola, dépassent toutes les prévisions même les plus optimistes, cela ne lui donne pas grâce auprès de ses détracteurs, toujours plus hargneux. Que grâce à son sens de contact et son entregent, la douane nigériane dote sa soeur centrafricaine en moyens roulants et en matériels de bureau, ce n’est pas du goût de ses « vilipendeurs » qui auraient plutôt préféré applaudir ses erreurs et sa chute.

On lui fait grief en effet, non pas pour une quelconque incompétence ou un cas supposé ou réel de mal gouvernance, mais tout simplement parce qu’elle essaie bon an mal an de faire correctement son travail. Cette haine irrationnelle est d’autant plus incompréhensible qu’à son poste, Rachel Ngakola obtient des résultats probants. Cela est incontestable. Et pour clouer la bec de ses ennemis, celle qui est devenue la femme à abattre à Bangui, multiplie les initiatives. Elle à même réussie, prouesse des prouesses au regard de l’état chaotique du pays, à remettre résolument ses troupes au travail.

Commentaire d’un homme d’affaires, habitué des allées de la douane: « Rachel est peut-être grande gueule et parfois agressive mais elle maitrise son domaine; si elle suscite tant de haine, c’est justement parce qu’elle travaille bien et qu’elle s’attaque à certains privilégiés qui, longtemps, ont eu à la fois le beurre et l’argent du beurre au détriment, bien sûr, du peuple centrafricain ». Justement à propos des privilèges et autres rentes qui firent le bonheur d’une catégorie de nababs de la République, il y a cette anecdotes qui met aux prises un ancien ministre, narrée par quelqu’un qui n’ira probablement pas en vacance avec Rachel Ngakola — parce qu’il ne l’aime pas du tout —, mais qui lève un coin de voile sur la détestation dont elle fait l’objet. Cet ancien ministre aurait sollicité et obtenu de l’ex-premier ministre André Nzapayeké une « main-levée » qui devait lui faciliter les formalités des douanes de son véhicule, importé de France. Quand elle est informée, Rachel Ngakola instruit plutôt ses services de n’accorder aucune facilité à l’ancien ministre de Bozizé et de lui faire payer comme tous les usagers les droits de douane de son véhicule. Et cerise sur le gâteau, au prix fort.

Ce que révèle cet épisode, c’est cette inégalable proportion, chez Rachel Ngakola, à bousculer les conformismes. Mais plus généralement cette faculté proprement fascinante d’aller à l’encontre des hypocrisies et des mensonges qui sont la marque de fabrique d’une certaine élite en République Centrafricaine. Elle est détestée parce qu’elle ne s’encombre pas du qu’en dira-t-on. Elle est comme elle est, naturelle.

La seule chose dont on est à peu près sûre, c’est à l’aune de ses résultats à la tête des douanes, bons ou mauvais, qu’il sera permis d’émettre un avis ou de porter, objectivement, un jugement.
Yamina Perriere.

Dans la même rubrique :