Du Franc CFA à l'ECO : une réforme de façade pour sauver les meubles. © DR
Les présidents Macron et Ouattara ont annoncé ce samedi 21 décembre 2019 une réforme du Franc CFA. La France, face à une pression populaire grandissante, lâche du lest, mais entend bien empêcher une vraie rupture avec la monnaie coloniale.
Depuis plusieurs années et dans la plupart des pays d'Afrique de l'Ouest, des mouvements de contestation populaire contre la politique de la France se font de plus en plus entendre, sur différents sujets : insécurité, domination des entreprises françaises, soutien aux régimes autoritaires. La mainmise de la France sur le Franc CFA cristallise ce ras-le-bol et de longs mois de mobilisations ont permis d'arracher des avancées. En Afrique de l'Ouest, le Franc CFA va être remplacé par l'Eco ; la fin de la centralisation de 50% de la réserve de change au trésor français et le départ des administrateurs français des institutions en charge du Franc CFA sont annoncés.
Cependant, cette réforme apparaît comme le paravent du maintien d’une certaine domination monétaire de la France, pour plusieurs raisons. Elle reste le garant de la parité entre l’Eco et l’Euro et se réserve le droit de revenir au sein des instances décisionnelles si les États africains venaient à faire défaut de paiement. Ce rôle de garant a permis à la France d’imposer la dévaluation de 50% du Franc CFA en 1994. Ensuite, l’arrimage pour l’instant fixe à l’Euro, interdit la souveraineté monétaire des pays, qui leur permettrait d’injecter des liquidités dans les économies nationales selon leurs besoins. Cette monnaie forte et son taux de change mondial ne répondent en rien aux besoins des économies locales, notamment pour les pays exportateurs de matières premières, et sont clairement identifiés comme des freins au développement économique. Enfin, l'exclusion de fait des deux plus grosses économies de l'Afrique de l'Ouest (le Nigeria et le Ghana) du processus de construction de ce nouveau système monétaire est un signal clair quant au maintien des frontières du pré carré françafricain.
Selon Pauline Tetillon, co-présidente de Survie, "cette annonce de Messieurs Macron et Ouattara sur la fin du Franc CFA permet de récupérer et d’empêcher la réforme d’intégration monétaire des pays de la CEDEAO, et témoigne plutôt d’une volonté de maintenir la domination de la France sur cette nouvelle monnaie."
Pour Patrice Garesio, co-président de Survie, "cette réforme a été annoncée par le Président français et par son homologue ivoirien, M. Ouattara, qui a pris le pouvoir grâce à l’intervention de l’armée française en 2011. Ces dirigeants, tous deux défenseurs du CFA jusqu’à hier, n’ont aucune légitimité pour porter une telle réforme, qui n’est issue d’aucune concertation avec les représentants des pays de la sous région."
Depuis plusieurs années et dans la plupart des pays d'Afrique de l'Ouest, des mouvements de contestation populaire contre la politique de la France se font de plus en plus entendre, sur différents sujets : insécurité, domination des entreprises françaises, soutien aux régimes autoritaires. La mainmise de la France sur le Franc CFA cristallise ce ras-le-bol et de longs mois de mobilisations ont permis d'arracher des avancées. En Afrique de l'Ouest, le Franc CFA va être remplacé par l'Eco ; la fin de la centralisation de 50% de la réserve de change au trésor français et le départ des administrateurs français des institutions en charge du Franc CFA sont annoncés.
Cependant, cette réforme apparaît comme le paravent du maintien d’une certaine domination monétaire de la France, pour plusieurs raisons. Elle reste le garant de la parité entre l’Eco et l’Euro et se réserve le droit de revenir au sein des instances décisionnelles si les États africains venaient à faire défaut de paiement. Ce rôle de garant a permis à la France d’imposer la dévaluation de 50% du Franc CFA en 1994. Ensuite, l’arrimage pour l’instant fixe à l’Euro, interdit la souveraineté monétaire des pays, qui leur permettrait d’injecter des liquidités dans les économies nationales selon leurs besoins. Cette monnaie forte et son taux de change mondial ne répondent en rien aux besoins des économies locales, notamment pour les pays exportateurs de matières premières, et sont clairement identifiés comme des freins au développement économique. Enfin, l'exclusion de fait des deux plus grosses économies de l'Afrique de l'Ouest (le Nigeria et le Ghana) du processus de construction de ce nouveau système monétaire est un signal clair quant au maintien des frontières du pré carré françafricain.
Selon Pauline Tetillon, co-présidente de Survie, "cette annonce de Messieurs Macron et Ouattara sur la fin du Franc CFA permet de récupérer et d’empêcher la réforme d’intégration monétaire des pays de la CEDEAO, et témoigne plutôt d’une volonté de maintenir la domination de la France sur cette nouvelle monnaie."
Pour Patrice Garesio, co-président de Survie, "cette réforme a été annoncée par le Président français et par son homologue ivoirien, M. Ouattara, qui a pris le pouvoir grâce à l’intervention de l’armée française en 2011. Ces dirigeants, tous deux défenseurs du CFA jusqu’à hier, n’ont aucune légitimité pour porter une telle réforme, qui n’est issue d’aucune concertation avec les représentants des pays de la sous région."