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Élections américaines : Trump, attentif à l’économie ouest-africaine ?


Alwihda Info | Par Koffi Dieng - 20 Novembre 2024


Donald Trump a été élu président des États-Unis le 5 novembre dernier. Bien que son intérêt pour l’Afrique reste minime, il aura néanmoins à gérer de nombreux dossiers avec le continent africain, en particulier sur le plan économique et commercial.


L’un des premiers chantiers auquel le président Trump devrait s’atteler est la reconduction en 2025 de l’African Growth and Opportunity Act (AGOA), la « Loi sur la croissance et les possibilités économiques en Afrique ».

Adoptée en mai 2000 par le Congrès des États-Unis, cette loi vise à soutenir l’économie des pays africains. Elle leur facilite notamment l’accès au marché américain, en franchise de droits de douane, si les pays africains « suivent les principes de l’économie libérale ».

En contrepartie, les États-Unis bénéficient d’un accès privilégié aux ressources de pays concernés. Ceux-ci sont au nombre de 49, parmi lesquels 13 de l’Afrique de l’Ouest. Mais seuls 35 pays entretiennent réellement des relations commerciales avec les Américains dans le cadre de l’AGOA. En effet, Washington a exclu 14 pays dont quatre de l’Afrique de l’Ouest (Cameroun, Guinée, Mali, Niger), principalement pour des raisons d’atteinte au pluralisme et aux droits de l’Homme.

Restrictions ?
L’AGOA arrive à échéance en septembre 2025. Un groupe bipartisan de sénateurs américains a déjà présenté, en avril dernier, un projet de loi portant sur la prorogation du programme AGOA jusqu’en 2041. Parmi les scénarios envisagés, deux paraissent tenir la corde : soit une reconduction en l’état avec des ajustements mineurs, soit une remise en question plus profonde.

Sceptique envers les accords multilatéraux, Donald Trump, pourrait saisir la seconde option, d’autant que les législateurs américains ont déjà exprimé leur inquiétude quant à l’éligibilité de certains pays africains au programme, sans toutefois préciser les pays visés.

Une fois installé à la Maison Blanche, le président américain pourrait demander de restreindre l’accès aux produits africains, hors pétrole bien sûr. L’enjeu est loin d’être négligeable pour les pays africains. En effet, en 2023, les États-Unis ont soutenu et aidé à conclure 547 accords d’une valeur totale estimée à 14,2 milliards de dollars en nouveaux échanges commerciaux et investissements bilatéraux entre les États-Unis et des pays africains.

A titre d’exemple, le Nigeria s’est révélé le principal pays bénéficiaire de l’AGOA durant l’année écoulée. Les importations américaines de ce pays producteur pétrole brut ont atteint 3,8 milliards de dollars.

Chine et Russie
Les États-Unis devraient également poursuivre leur politique d’investissements conformément aux conclusions du Sommet USA-Africa de 2022, avec la promesse d’une manne financière de 55 milliards de dollars. L’objectif affiché de ce « Prosper Africa » est clair : endiguer l’offensive économique chinoise.

Car la concurrence est rude. Au premier semestre 2024, la Chine était le premier partenaire commercial de l'Afrique dans le monde, avec des échanges commerciaux s'élevant à environ 160 milliards de dollars. En outre, Pékin a investi en 2023 pas moins de 665 milliards de francs CFA (1,1 milliards de dollars) au Sénégal et 5 milliards de dollars en 2022 au Nigeria, principalement pour construire de nouvelles liaisons de transport et des installations énergétiques, et pour exploiter des mines.

L’administration Trump devra aussi veiller à canaliser les velléités économiques et commerciales russes. Car, petit à petit Moscou avance ses pions. Les États-Unis voudront-ils se faire damer le pion par leurs adversaires économiques ? Bien que l’Afrique ne soit pas sa priorité, Donald Trump veillera à préserver l’essentiel des intérêts économiques américains sur ce continent.

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