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ANALYSE

Élections américaines :Trump, vers un recentrage militaire sur le golfe de Guinée


Alwihda Info | Par Koffi Dieng - 20 Novembre 2024


L’élection de Donald Trump le 5 novembre dernier, à la tête des États-Unis pourrait bien rebattre les cartes militaires de l’Afrique de l’Ouest. Le président américain devrait valider la réorientation du dispositif militaire américain sur le golfe de Guinée.


Le golfe de Guinée. Illustration © Nemrod
Le golfe de Guinée. Illustration © Nemrod
La vision du 47ème président des États-Unis sur l’Afrique ne devrait pas changer une fois qu’il aura pris possession des clés de la Maison Blanche en janvier prochain. L’Afrique est et reste pour lui un sujet de moindre importance.

Au cours de son premier mandat (2016-2020), il avait notamment ordonné le retrait des troupes américaines de Somalie, où elles participaient à la lutte contre les rebelles islamistes shebab. Sa stratégie pour lutter contre le djihadisme en Afrique et au Moyen-Orient avait été jugée « illisible » par de nombreux chefs d’État et d’experts politiques.

Les événements de Tongo-Tongo en octobre 2017 et le retrait des troupes américaines du Niger en septembre dernier ont pesé sur la stratégie militaro-diplomatique des États-Unis.

Ce sont autant de revers vécus comme des échecs. Même si l’administration américaine semble redécouvrir l’Afrique avec quelques restes du prisme de la guerre froide, notamment comme champ de bataille entre grandes puissances (Chine, Russie), l’administration Trump devra tenir compte d’un élément crucial : les Africains ne souhaitent plus être considérés comme de simples pions dans des combats qui ne sont pas les leurs.

Cette normalisation des relations, que les États africains de l’Ouest souhaitent instaurer sur un même pied d’égalité, explique en partie l’inflexion de la doctrine militaire américaine exprimée en septembre dernier par le général Michael Langley. Pour le chef du commandement militaire américain pour l'Afrique (Africom), « il faut réinitialiser et recalibrer l’aide militaire sur le continent africain », a-t-il déclaré.

L’administration militaire américaine devra aussi compter sur l’émergence d’un sentiment anti-américain que les Russes alimentent régulièrement à travers les réseaux sociaux africains. Pas à pas, Washington multiplie les contacts auprès des pays du golfe de Guinée.

Surveillance des côtes
Après leur retrait du Niger, les forces armées américaines se sont repliées en Côte d’Ivoire désignée comme le « leader régional en matière de sécurité ».

Le gouvernement ivoirien a donné son feu vert pour l’implantation d’une base militaire américaine à Odienné, au nord-ouest du pays. Les États-Unis se sont rapprochés du Bénin. Pour la toute première fois depuis sa mise en fonction opérationnelle en 2008, l’Africom a été reçue par les autorités béninoises en mai dernier.

Objectif : « témoigner du partenariat en expansion […] pour se défendre contre l'extrémisme violent et promouvoir le développement économique ». C’est grâce à ce contact qu’en septembre, la capitale Cotonou a ouvert ses portes à une unité des forces spéciales américaines pour conseiller les troupes béninoises dans leurs missions de lutte contre le terrorisme. D’autres négociations sont en cours avec le Ghana et le Togo pour déployer des drones dans plusieurs bases le long de la côte ouest-africaine.

Ces drones permettraient aux forces américaines d'effectuer une surveillance aérienne le long de la côte et de fournir des conseils tactiques aux troupes locales. Ces drones permettraient d’endiguer l’avancée des terroristes du Sahel qui ont fait du golfe de Guinée l’un de leurs objectifs.

De plus, le golfe de Guinée qui connaît de nombreux actes de pirateries (environ 300 par an) est considérée comme « priorité stratégique » par Africom. Malgré les réticences de Donald Trump, cette stratégie devrait perdurer. On le voit mal délaisser l’Afrique de l’Ouest après que son pays ait mis en place tant d’initiatives.



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