La semaine dernière, la capitale éthiopienne a abrité la cérémonie d’inauguration de la nouvelle liaison ferroviaire entre Addis-abeba et Djibouti-ville. Une cérémonie qui s’est déroulée dans la gare toute neuve de Feri-labu sise à quelques encablures du centre ville d’Addis-abeba, en présence de nombreux convives parmi lesquels une forte délégation chinoise. Le Premier ministre éthiopien, Hailemariam Desalegn, a inauguré en grande pompe cette nouvelle ligne ferroviaire entièrement électrifiée, la toute première du genre en Afrique. Ismail Omar Guelleh a été convié à cette cérémonie. En effet, il s’est rendu dans la capitale éthiopienne en compagnie d’une délégation composée essentiellement des membres de sa famille, notamment son frère Saad Omar Guelleh, son beau-fils Ali Hassan Bahdon ou encore ses cousins Aboubaker Omar Hadi du port et Hassan Said Madobé de la SDS.
Cette ligne ferroviaire reliant la capitale éthiopienne et Djibouti-ville a remplacé l’ancienne liaison héritée de la colonisation française. Distante de 752 kilomètres (652 km sont situés en Éthiopie), la nouvelle ligne a nécessité quatre ans de travaux et a coûté la bagatelle de 3,4 milliards de dollars. Elle a été largement financée par des capitaux chinois, en l’occurrence la banque chinoise « Exim Bank of China » qui a participé à hauteur de 70 %. Les 30 % restants étant pris en charge par l’état éthiopien. Quant à la réalisation de cette ligne, elle a été l’œuvre des sociétés China Railways Engineering Corporation (CREC) et China Civil Engineering Construction Corporation (CCECC). Pour faire court, il s’agit en fait d’un train chinois construit par des chinois pour l’Éthiopie voisine. Et notre pays dans tout ça ?
Exit Djibouti, il apparaît clairement que la nouvelle ligne ferroviaire appartient exclusivement à nos voisins éthiopiens comme l’atteste l’habillage des 41 locomotives et des 1 171 voitures ou wagons aux couleurs rouge, jaune et verte du pays et de l’opérateur du service, l’Ethiopian Railways Corporation. Le patron de l’Ethiopian Railways corporation, Getatchew Betru, n’a d’ailleurs pas fait mystère de la propriété exclusive de ce nouveau train par son pays. Dans une interview accordée à la presse étrangère le jour de l'inauguration, ce Betru a fait savoir que la ligne ferroviaire a été un projet éthiopien, de sa conception à la réalisation effective. Et il n’a pas tout à fait tort. Le nouveau chemin de fer baptisé « train de la renaissance » s’inscrit effectivement dans le cadre du plan quinquennal du gouvernement éthiopien intitulé « Growth and transformation plan », notamment dans le volet développement des infrastructures.
Dès 2009, l’Éthiopie décide unilatéralement d’abandonner définitivement le projet de réhabilitation de l’ancienne liaison avant de se lancer dans la construction d’un nouveau tracé. Ensuite, elle lance dans la foulée un appel d’offres. Seule la Chine y a répondu favorablement. En abandonnant le chemin de fer hérité de la colonisation française, l’Éthiopie a entériné du coup la mort du chemin de fer djibouto-éthiopien, plus connu sous l’acronyme du CDE. Le gouvernement abyssin a-t-il enterré la mythique ligne avec l’accord tacite du despote IOG ? Ou les dirigeants éthiopiens ne voulaient plus se coltiner ce partenaire peu fiable et défaillant qu'est le prédateur Guelleh ?
Le tyran Guelleh tient un tout autre discours : il se gargarise d’être l’initiateur du projet de cette nouvelle ligne ferroviaire reliant notre pays à l’Éthiopie après avoir « constaté la banqueroute de la société du chemin de fer djibouto-éthiopien, le CDE ». Il a déclaré cela lors d’un discours qu’il a prononcé en juin 2015 à l’occasion de la cérémonie de fin de construction de l’avant-dernier tronçon du nouveau chemin de fer éthiopien. Ce jour-là, Guelleh a également affirmé que « le nouveau chemin de fer, dès qu’il entrera en circulation, va impacter la vie des villes, des villages et des hameaux qu’il traverse. De la création d’emplois en passant par la circulation des biens et des personnes, il contribuera à irriguer les tissus économiques des localités et des communautés. De la sorte, il donnera une nouvelle impulsion au développement des territoires. ». Il a enfin indiqué que « Djibouti a investit massivement dans les infrastructures pour faire aboutir son ambition de devenir un hub pour la région ».
Nous avons ici la confirmation de l’abandon de notre chemin de fer par le président prédateur Guelleh au profit d’une autre liaison appartenant à un pays étranger, l’Éthiopie pour ne pas la citer. IOG a tout simplement enterré une compagnie centenaire héritée de la colonisation française tout en permettant à nos voisins éthiopiens de tirer leur épingle du jeu dans cette histoire de nouveau tracé. Avec la complicité d’un être honni par son peuple, l’Éthiopie a nationalisé la nouvelle ligne ferroviaire reliant Addis-abeba et Djibouti-ville sans tenir compte de l’avis de la population djiboutienne. Désormais, le chemin de fer New look est la propriété exclusive de l’état éthiopien. Avec cette nationalisation, L’Éthiopie a renoué avec son passé impérial et a ressuscité le train du Négus géré jadis par la compagnie impériale d’Éthiopie (CIE). L’éthiopien IOG a offert ce cadeau à sa terre natale. Ethiopia tikdem !
Retour vers le passé : il faut savoir que le chemin de fer reliant notre pays à l’Éthiopie s’appelait au début de l’aventure ferroviaire « la compagnie impériale d’Éthiopie » (CIE). Et il appartenait à l’empereur abyssin Ménélik II. Il convient de faire une brève présentation de l’histoire de la compagnie du chemin de fer djibouto-éthiopienne.
Tout débute un jour du 11 février 1893 quand un jeune ingénieur de nationalité suisse , un certain Alfred Ilg, obtint de l’empereur abyssin Ménélik II la concession de la construction de tous les chemins de fer en Éthiopie. Une année plus tard, Alfred Ilg fonde avec un négociant français, M. Chefneux, la compagnie impériale d’Éthiopie (CIE) afin de se lancer dans un projet de construction d’un chemin de fer reliant Addis-abeba à Djibouti. Les premiers coups de pioche sont donnés en octobre 1897 à Djibouti. Dix ans après le début des travaux, la CIE dépose le bilan avant d’être remplacée en mai 1909 par la compagnie du chemin de fer franco-éthiopien (CFE). Cette nouvelle compagnie va bénéficier de la garantie de l’état français. Ce qui a permis l’achèvement de la ligne ferroviaire interrompue faute des capitaux suffisants. Le 7 juin 1917, la ligne du CFE est officiellement ouverte au commerce.
Plusieurs traités sont signés entre les deux parties co-propriétaires de la ligne de chemin de fer. A titre d’exemple, citons l’accord paraphé en 1959 par la France et l’Éthiopie qui codifie le mode de fonctionnement de l’établissement ferroviaire. Le 12 novembre 1959, la France coloniale et l’Éthiopie signe un traité qui réaffirme « la garantie de l’utilisation du port de Djibouti par l’Éthiopie en temps de paix comme ne temps de guerre » et précise « qu’aucune mesure de restriction ne pourra être prise par le gouvernement français ou les autorités de la CFS à l’égard des passagers et des marchandises transitant par la CFS à destination ou en provenance de l’Éthiopie ». Cet accord est applicable jusqu’au 31 décembre 2016. Aussi étonnant que cela puisse paraître, la compagnie du chemin de fer continuera de porter l’appellation « chemin de fer franco-éthiopien » jusqu’à l’année 1981. En effet, il faut attendre quatre années après l’indépendance nationale pour que l’autocrate Gouled songe au changement de l’appellation de la ligne du chemin de fer. Un changement finalement acté le 21 mars 1981 dans le cadre d’un traité signé entre notre pays et l’Éthiopie de Mengistu. Le chemin de fer franco-éthiopien (CFE) devient le « Chemin de fer djibouto-éthiopien » (CDE). Le nouveau traité entérine donc la nouvelle appellation. Il est dorénavant institué « un établissement public bi-national à caractère industriel et commercial chargé de l’exploitation du chemin d fer ». Les deux pays deviennent co-propriétaires de la nouvelle compagnie et renouvellent la concession pour une durée de 50 ans.
Dès l’avènement du prédateur Guelleh à la tête de notre pays, on observe une mort lente du chemin de fer du fait de la gestion délibérément erratique et calamiteuse du pouvoir en place. Sur ordre de son ami Meles Zenawi, Guelleh a décidé de liquider la compagnie ferroviaire. Il commence par brader le patrimoine du CDE, une entreprise bi-nationale. C’est ainsi que les locaux sis au plateau du Serpent et les terrains appartenant à cette entreprise sont tout simplement tombés dans l’escarcelle du couple prédateur de haramous. En effet, par décret présidentiel n°2006-0022/PR/MEFPCP du 1 février 2006 portant autorisation de vente immobilière de l’état, ce couple s’est accaparé de tous les biens immobiliers du CDE à Djibouti.
Après avoir volé le patrimoine du CDE, le pouvoir prédateur entreprend la seconde phase du plan de liquidation du chemin de fer : IOG licencie du jour au lendemain des milliers de cheminots djiboutiens. Et lorsque ces derniers ont voulu contesté cette décision inique, le régime de Guelleh a réprimé sauvagement les pauvres cheminots.
Aujourd’hui, le CDE est mort, il ne reste plus que des gares désaffectées, des wagons rouillés et des voies usées. Un spectacle triste et désolant !
Même les archives du CDE sont dans un état de décrépitude comme en témoigne le reportage des archivistes sans frontières ; « Continuant notre visite prospective, après avoir traversé des hangars fantômes où des rayonnages supportent des caisses de boulons rouillés par les années, nous pouvons au passage examiner quelques armoires concernant la gestion des stocks, ou encore un fichier des entrées et sorties de matériel. De retour devant le hangar en bois, la bonne clé est enfin trouvée et ce sont au bas mot 12 m3 de vrac, dans des caisses en bois et des sacs de riz, qui se révèlent devant nos yeux rougis (non par l’émotion, mais bien plutôt par la poussière) et néanmoins ravis. Des documents de gestion technique, comme des plans, mais aussi de personnel peuvent être discernés au milieu de l’effroyable désordre qui règne ici, l’autre moitié du hangar servant de remise aux matelas et sommiers des employés. Arrivés dans une pièce de 4 mètres sur 4, dans une atmosphère saturée par la poussière et les odeurs pestilentielles (le vasistas ayant visiblement servi d’urinoir pendant plusieurs années…), où reposent sur 50 cm d’épaisseur à même le sol des archives dans le désordre le plus complet. Sur les murs, 10 mètres linéaires environs de documents attirent en particulier notre attention : ce sont des archives anciennes, antérieures à la 2nde Guerre Mondiale pour certaines, concernant tant les navires et le transbordement des marchandises arrivées par voie maritime que le personnel et la gestion logistique de la compagnie. » (Source extraite de la mission des archivistes sans frontières à Djibouti en avril 2011).
Voilà comment le pouvoir prédateur de haramous a sacrifié une compagnie centenaire qu’était le CDE au profit d’un chemin de fer appartenant à un pays étranger.
Contrairement à la propagande du régime de Guelleh/Khadra, la nouvelle ligne ferroviaire n’aura aucun impact sur le développement économique et social de notre pays. La population djiboutienne ne tirera aucun bénéfice de ce train éthiopien, elle est plutôt laissée sur le bord de la route... pardon des rails. Le nouveau chemin de fer ne sifflera pas dans les localités desservies auparavant par le CDE tels que Chebelley, Goubetto ou Dasbio. Ces villages sont abandonnés à leur propre sort, il y règne une pauvreté indescriptible. Bref, ce train éthiopien ne traversera pas le pays réel pour reprendre une expression de notre grand écrivain Wabéri.
Cette ligne ferroviaire reliant la capitale éthiopienne et Djibouti-ville a remplacé l’ancienne liaison héritée de la colonisation française. Distante de 752 kilomètres (652 km sont situés en Éthiopie), la nouvelle ligne a nécessité quatre ans de travaux et a coûté la bagatelle de 3,4 milliards de dollars. Elle a été largement financée par des capitaux chinois, en l’occurrence la banque chinoise « Exim Bank of China » qui a participé à hauteur de 70 %. Les 30 % restants étant pris en charge par l’état éthiopien. Quant à la réalisation de cette ligne, elle a été l’œuvre des sociétés China Railways Engineering Corporation (CREC) et China Civil Engineering Construction Corporation (CCECC). Pour faire court, il s’agit en fait d’un train chinois construit par des chinois pour l’Éthiopie voisine. Et notre pays dans tout ça ?
Exit Djibouti, il apparaît clairement que la nouvelle ligne ferroviaire appartient exclusivement à nos voisins éthiopiens comme l’atteste l’habillage des 41 locomotives et des 1 171 voitures ou wagons aux couleurs rouge, jaune et verte du pays et de l’opérateur du service, l’Ethiopian Railways Corporation. Le patron de l’Ethiopian Railways corporation, Getatchew Betru, n’a d’ailleurs pas fait mystère de la propriété exclusive de ce nouveau train par son pays. Dans une interview accordée à la presse étrangère le jour de l'inauguration, ce Betru a fait savoir que la ligne ferroviaire a été un projet éthiopien, de sa conception à la réalisation effective. Et il n’a pas tout à fait tort. Le nouveau chemin de fer baptisé « train de la renaissance » s’inscrit effectivement dans le cadre du plan quinquennal du gouvernement éthiopien intitulé « Growth and transformation plan », notamment dans le volet développement des infrastructures.
Dès 2009, l’Éthiopie décide unilatéralement d’abandonner définitivement le projet de réhabilitation de l’ancienne liaison avant de se lancer dans la construction d’un nouveau tracé. Ensuite, elle lance dans la foulée un appel d’offres. Seule la Chine y a répondu favorablement. En abandonnant le chemin de fer hérité de la colonisation française, l’Éthiopie a entériné du coup la mort du chemin de fer djibouto-éthiopien, plus connu sous l’acronyme du CDE. Le gouvernement abyssin a-t-il enterré la mythique ligne avec l’accord tacite du despote IOG ? Ou les dirigeants éthiopiens ne voulaient plus se coltiner ce partenaire peu fiable et défaillant qu'est le prédateur Guelleh ?
Le tyran Guelleh tient un tout autre discours : il se gargarise d’être l’initiateur du projet de cette nouvelle ligne ferroviaire reliant notre pays à l’Éthiopie après avoir « constaté la banqueroute de la société du chemin de fer djibouto-éthiopien, le CDE ». Il a déclaré cela lors d’un discours qu’il a prononcé en juin 2015 à l’occasion de la cérémonie de fin de construction de l’avant-dernier tronçon du nouveau chemin de fer éthiopien. Ce jour-là, Guelleh a également affirmé que « le nouveau chemin de fer, dès qu’il entrera en circulation, va impacter la vie des villes, des villages et des hameaux qu’il traverse. De la création d’emplois en passant par la circulation des biens et des personnes, il contribuera à irriguer les tissus économiques des localités et des communautés. De la sorte, il donnera une nouvelle impulsion au développement des territoires. ». Il a enfin indiqué que « Djibouti a investit massivement dans les infrastructures pour faire aboutir son ambition de devenir un hub pour la région ».
Nous avons ici la confirmation de l’abandon de notre chemin de fer par le président prédateur Guelleh au profit d’une autre liaison appartenant à un pays étranger, l’Éthiopie pour ne pas la citer. IOG a tout simplement enterré une compagnie centenaire héritée de la colonisation française tout en permettant à nos voisins éthiopiens de tirer leur épingle du jeu dans cette histoire de nouveau tracé. Avec la complicité d’un être honni par son peuple, l’Éthiopie a nationalisé la nouvelle ligne ferroviaire reliant Addis-abeba et Djibouti-ville sans tenir compte de l’avis de la population djiboutienne. Désormais, le chemin de fer New look est la propriété exclusive de l’état éthiopien. Avec cette nationalisation, L’Éthiopie a renoué avec son passé impérial et a ressuscité le train du Négus géré jadis par la compagnie impériale d’Éthiopie (CIE). L’éthiopien IOG a offert ce cadeau à sa terre natale. Ethiopia tikdem !
Retour vers le passé : il faut savoir que le chemin de fer reliant notre pays à l’Éthiopie s’appelait au début de l’aventure ferroviaire « la compagnie impériale d’Éthiopie » (CIE). Et il appartenait à l’empereur abyssin Ménélik II. Il convient de faire une brève présentation de l’histoire de la compagnie du chemin de fer djibouto-éthiopienne.
Tout débute un jour du 11 février 1893 quand un jeune ingénieur de nationalité suisse , un certain Alfred Ilg, obtint de l’empereur abyssin Ménélik II la concession de la construction de tous les chemins de fer en Éthiopie. Une année plus tard, Alfred Ilg fonde avec un négociant français, M. Chefneux, la compagnie impériale d’Éthiopie (CIE) afin de se lancer dans un projet de construction d’un chemin de fer reliant Addis-abeba à Djibouti. Les premiers coups de pioche sont donnés en octobre 1897 à Djibouti. Dix ans après le début des travaux, la CIE dépose le bilan avant d’être remplacée en mai 1909 par la compagnie du chemin de fer franco-éthiopien (CFE). Cette nouvelle compagnie va bénéficier de la garantie de l’état français. Ce qui a permis l’achèvement de la ligne ferroviaire interrompue faute des capitaux suffisants. Le 7 juin 1917, la ligne du CFE est officiellement ouverte au commerce.
Plusieurs traités sont signés entre les deux parties co-propriétaires de la ligne de chemin de fer. A titre d’exemple, citons l’accord paraphé en 1959 par la France et l’Éthiopie qui codifie le mode de fonctionnement de l’établissement ferroviaire. Le 12 novembre 1959, la France coloniale et l’Éthiopie signe un traité qui réaffirme « la garantie de l’utilisation du port de Djibouti par l’Éthiopie en temps de paix comme ne temps de guerre » et précise « qu’aucune mesure de restriction ne pourra être prise par le gouvernement français ou les autorités de la CFS à l’égard des passagers et des marchandises transitant par la CFS à destination ou en provenance de l’Éthiopie ». Cet accord est applicable jusqu’au 31 décembre 2016. Aussi étonnant que cela puisse paraître, la compagnie du chemin de fer continuera de porter l’appellation « chemin de fer franco-éthiopien » jusqu’à l’année 1981. En effet, il faut attendre quatre années après l’indépendance nationale pour que l’autocrate Gouled songe au changement de l’appellation de la ligne du chemin de fer. Un changement finalement acté le 21 mars 1981 dans le cadre d’un traité signé entre notre pays et l’Éthiopie de Mengistu. Le chemin de fer franco-éthiopien (CFE) devient le « Chemin de fer djibouto-éthiopien » (CDE). Le nouveau traité entérine donc la nouvelle appellation. Il est dorénavant institué « un établissement public bi-national à caractère industriel et commercial chargé de l’exploitation du chemin d fer ». Les deux pays deviennent co-propriétaires de la nouvelle compagnie et renouvellent la concession pour une durée de 50 ans.
Dès l’avènement du prédateur Guelleh à la tête de notre pays, on observe une mort lente du chemin de fer du fait de la gestion délibérément erratique et calamiteuse du pouvoir en place. Sur ordre de son ami Meles Zenawi, Guelleh a décidé de liquider la compagnie ferroviaire. Il commence par brader le patrimoine du CDE, une entreprise bi-nationale. C’est ainsi que les locaux sis au plateau du Serpent et les terrains appartenant à cette entreprise sont tout simplement tombés dans l’escarcelle du couple prédateur de haramous. En effet, par décret présidentiel n°2006-0022/PR/MEFPCP du 1 février 2006 portant autorisation de vente immobilière de l’état, ce couple s’est accaparé de tous les biens immobiliers du CDE à Djibouti.
Après avoir volé le patrimoine du CDE, le pouvoir prédateur entreprend la seconde phase du plan de liquidation du chemin de fer : IOG licencie du jour au lendemain des milliers de cheminots djiboutiens. Et lorsque ces derniers ont voulu contesté cette décision inique, le régime de Guelleh a réprimé sauvagement les pauvres cheminots.
Aujourd’hui, le CDE est mort, il ne reste plus que des gares désaffectées, des wagons rouillés et des voies usées. Un spectacle triste et désolant !
Même les archives du CDE sont dans un état de décrépitude comme en témoigne le reportage des archivistes sans frontières ; « Continuant notre visite prospective, après avoir traversé des hangars fantômes où des rayonnages supportent des caisses de boulons rouillés par les années, nous pouvons au passage examiner quelques armoires concernant la gestion des stocks, ou encore un fichier des entrées et sorties de matériel. De retour devant le hangar en bois, la bonne clé est enfin trouvée et ce sont au bas mot 12 m3 de vrac, dans des caisses en bois et des sacs de riz, qui se révèlent devant nos yeux rougis (non par l’émotion, mais bien plutôt par la poussière) et néanmoins ravis. Des documents de gestion technique, comme des plans, mais aussi de personnel peuvent être discernés au milieu de l’effroyable désordre qui règne ici, l’autre moitié du hangar servant de remise aux matelas et sommiers des employés. Arrivés dans une pièce de 4 mètres sur 4, dans une atmosphère saturée par la poussière et les odeurs pestilentielles (le vasistas ayant visiblement servi d’urinoir pendant plusieurs années…), où reposent sur 50 cm d’épaisseur à même le sol des archives dans le désordre le plus complet. Sur les murs, 10 mètres linéaires environs de documents attirent en particulier notre attention : ce sont des archives anciennes, antérieures à la 2nde Guerre Mondiale pour certaines, concernant tant les navires et le transbordement des marchandises arrivées par voie maritime que le personnel et la gestion logistique de la compagnie. » (Source extraite de la mission des archivistes sans frontières à Djibouti en avril 2011).
Voilà comment le pouvoir prédateur de haramous a sacrifié une compagnie centenaire qu’était le CDE au profit d’un chemin de fer appartenant à un pays étranger.
Contrairement à la propagande du régime de Guelleh/Khadra, la nouvelle ligne ferroviaire n’aura aucun impact sur le développement économique et social de notre pays. La population djiboutienne ne tirera aucun bénéfice de ce train éthiopien, elle est plutôt laissée sur le bord de la route... pardon des rails. Le nouveau chemin de fer ne sifflera pas dans les localités desservies auparavant par le CDE tels que Chebelley, Goubetto ou Dasbio. Ces villages sont abandonnés à leur propre sort, il y règne une pauvreté indescriptible. Bref, ce train éthiopien ne traversera pas le pays réel pour reprendre une expression de notre grand écrivain Wabéri.