L’audience de plaidoirie a commencé depuis le 16 avril entre la défense et la partie civile. Selon le plaignant, Hissein Adamou Camara, "nous avons procédé par assignation c’est-à-dire passer directement devant les juges pour nous départager, mais à notre première audience le représentant de l’État a demandé de procéder par la conciliation, chose que nous n’avons pas refusé. A la sortie de la salle d’audience, personne n’a pris attache à nous. On a dû comprendre que c’était juste pour gagner du temps et se préparer davantage".
Le styliste tchadien Hissein Adamou Camara, dans un long entretien accordé à Alwihda Info, démontre que ce projet venait de lui et qu’il voulait organiser ce Festival des cultures et des arts pour montrer la richesse de la diversité culturelle.
Al-Wihda Info : Pourquoi avez-vous décidé de porter plainte devant la justice contre l’Etat tchadien ?
Hisseine Adamou Camara : Nous, nous sommes juste trouvés devant une situation où la responsabilité du dirigeant engage celle de l’institution, sinon en réalité nous avons des personnes physiques que nous ne pouvons assigner directement vu leurs fonctions. Leurs actions sont engagées au nom de l’Etat. C’est à l’Etat de les rattraper par une action récursoire afin que de tels actes ne se reproduisent plus.
Nous avons initié un événement de très grande envergure, nous avons voulu toucher le peuple, nous avons voulu également prouver au monde que le Tchad, berceau de l’humanité, est aussi riche en couleurs et en diversité. Nous reconnaissons ne pas disposer des industries textiles et des grandes merceries, le marché de la mode tchadienne est inexistant et le tchadien à l’extérieur ne dispose d’aucune identité vestimentaire. Pour réussir cet évènement et lui donner cette connotation nationale, nous avons eu besoin du ministère en charge de la culture au tout début dans la réflexion puis dans l’organisation. Le ministre Djibert Younous en son temps, nous a envoyé deux personnes du ministère dans notre comité de réflexion à travers la direction de la promotion des œuvres artistiques. Après lui, Mme Ardjoune Djalal puis la ministre actuelle Mme. Madeleine Alingué.
Après la présentation du travail de l’équipe organisatrice et des documents à la ministre fraichement nommée, tout le travail en cours fut bousculé : Nos correspondances qui devaient faire l’objet de soit-transmis bloquées, le parrainage du ministère a été refusé et un silence radio s’est installé pendant que les échéances s’approchaient et que nous devons recevoir plus de 50 créateurs de par le monde pour assister au sommet du stylisme et ainsi promouvoir la culture tchadienne.
Désespérés devant cette situation, nous étions obligés de saisir directement la Présidence de la République nous-même afin de sauver cette situation. Insistants après plusieurs correspondances, le Président de la République nous demande de repartir vers le ministère de la culture pour l’atteinte de nos objectifs : chose normale pour une administration qui fonctionne correctement, mais dans notre cas, cela a renforcé le blocage déjà entamé par Madame la ministre. Nous n’avons pas baissé les bras et sommes allés vers la première Dame qui, finalement nous a accordé le parrainage à deux semaines des manifestations.
C'est après la lettre de parrainage de la Première Dame que Madame la ministre sort de son silence, et nous appelle à plusieurs réunions avec ses conseillers dont un certain Abdoulaye Senoussi du cabinet Wedecider qui était membre de notre comité de réflexion et qui s’occupait du volet communication, qui cette fois devient conseiller de la ministre en charge de notre dossier par coup de baguette magique. On a commencé par nous demander toutes nos autorisations comme dans un contrôle policier puis les rapports des sommets précédents organisés dans d’autres pays, comme pour trouver des failles et nous empêcher d’organiser l’évènement. Choses que nous avions fournis.
Après on nous exige de donner toute la documentation sur l’évènement jusqu’aux différents déroulés pour bien faire et aider à l’organisation, puis ensuite nous exiger de tout supprimer et de tout organiser en 4 heures de temps et dans un seul endroit : le Radisson Blu. Puis on nous donne 8 chambres d’hôtels et on nous demande de diminuer nos invités. Puis la ministre en personne nous dit qu’il n’y aura aucun accompagnement financier. Nous étions surpris par la suite de savoir que le Président de la République a fait un geste. Aussi petit soit-il, ça devait compter, mais malheureusement dissimulé dans le but de nous étouffer financièrement.
Après le petit évènement que nous avons organisé par nos fonds propres et qui a eu du succès malgré tout, juste trois semaines plus tard la ministre annonce tambour battant dans un point de presse l’organisation du Festival DAAR qui reprend l’ensemble de nos activités. DAAR qui devient ensuite DARI puis DARY.
Avez-vous cherché à privilégier le règlement à l'amiable pour votre projet qui aurait été récupéré par l’État tchadien ?
Nous, nous avons procédé par assignation c’est-à-dire passer directement devant les juges pour nous départager mais à notre première audience, le représentant de l’État a demandé de procéder par la conciliation, chose que nous n’avons pas refusée. A la sortie de la salle d’audience, personne n’a pris attache avec nous. On a dû comprendre que c’était juste pour gagner du temps et se préparer davantage.
Pouvez-vous nous démontrer que le projet du Festival Dary émanait de vous et que l’Etat l'a récupéré ?
Il n’est pas difficile de pouvoir lire dans les faits de notre première réponse. Après une lecture complète du projet que nous leur avons soumis, de l’architecture provisoire que nous leur avons donné, des images hautes définitions présentant le contraste des peuples que nous avons réalisé après nos voyages d’explorations et de reconstruction dans le Tchad profond, du temps mis pour préparer savamment le projet, vous conviendrez avec nous que le projet n’a pas été préparé par les prédécesseurs de la ministre actuelle.
Elle nous a trouvé déjà fin prêts sauf qu’elle est tombée sous le charme et a voulu que ce soit en son nom et à son actif, car pour elle nous sommes des petits tailleurs et ne méritons pas un tel exploit sous son accompagnement. En cherchant à l’attribuer à un évènement ultérieur à nous, vous allez halluciner : au micro du journal l’Info, elle explique que cet évènement a eu sa première édition à Moundou en 1999, puis quand je les ai eus au téléphone, on me dit que ça vient de la Première Dame. Puis dans leur réplique devant les juges, ils nous ont présenté un vieux décret de 1994 instituant une semaine nationale culturelle pendant les vacances scolaires de Pâques.
Où en êtes-vous avec la justice ? Pensez-vous que justice sera rendue ?
Nous avons fait les plaidoiries le mardi 16 avril 2019 et les délibérés sont prévus pour le 30 avril 2019. Jusqu’ici nous croyons en la justice tchadienne : tant qu’on n’a pas une mauvaise expérience, on ne peut que voir positivement.
Qu pensez-vous des deux décrets sur l’institutionnalisation du festival culturel ?
Tout le monde sait que le Festival national des arts (Dary) n’existait pas avant novembre 2018 et le projet de décret qui l’a institutionnalisé a été adopté le 21 mars 2019 après un conseil des ministres. Curieusement, pour nous prouver que le Festival a été décrété par le chef de l’Etat, le décret n° 0065/PR/MENCJS/94 nous a été versé en réplique devant le juge. Cet ancien décret de 1994 institutionnalisait une semaine nationale culturelle pendant les vacances scolaires de Pâques.
Vous avez l’agrément des plus hautes autorités et leur appui. Malgré tout, vous avez été mis en difficulté. C'est incompréhensible...
La présidence a fait ce qu’il faut mais tout a été dissimulé dans le seul but de nous étouffer et récupérer le concept. La Président de la république a marqué son accord et a ordonné au ministère, via le ministre d’Etat, ministre secrétaire général de la Présidence, de débloquer la somme de 20 millions de Francs CFA pour l’appui financier du projet.
Notre ministre de tutelle nous a dit en personne qu’il n y a aucun accompagnement financier. Son département nous a accordé juste un accompagnement logistique de huit chambres d’hôtel au Radisson Blu et de deux salles pour nos formations. La Première Dame nous a accordé son parrainage et le droit d’utiliser son image.
Propos recueillis par Djimet Wiché
Le styliste tchadien Hissein Adamou Camara, dans un long entretien accordé à Alwihda Info, démontre que ce projet venait de lui et qu’il voulait organiser ce Festival des cultures et des arts pour montrer la richesse de la diversité culturelle.
Al-Wihda Info : Pourquoi avez-vous décidé de porter plainte devant la justice contre l’Etat tchadien ?
Hisseine Adamou Camara : Nous, nous sommes juste trouvés devant une situation où la responsabilité du dirigeant engage celle de l’institution, sinon en réalité nous avons des personnes physiques que nous ne pouvons assigner directement vu leurs fonctions. Leurs actions sont engagées au nom de l’Etat. C’est à l’Etat de les rattraper par une action récursoire afin que de tels actes ne se reproduisent plus.
Nous avons initié un événement de très grande envergure, nous avons voulu toucher le peuple, nous avons voulu également prouver au monde que le Tchad, berceau de l’humanité, est aussi riche en couleurs et en diversité. Nous reconnaissons ne pas disposer des industries textiles et des grandes merceries, le marché de la mode tchadienne est inexistant et le tchadien à l’extérieur ne dispose d’aucune identité vestimentaire. Pour réussir cet évènement et lui donner cette connotation nationale, nous avons eu besoin du ministère en charge de la culture au tout début dans la réflexion puis dans l’organisation. Le ministre Djibert Younous en son temps, nous a envoyé deux personnes du ministère dans notre comité de réflexion à travers la direction de la promotion des œuvres artistiques. Après lui, Mme Ardjoune Djalal puis la ministre actuelle Mme. Madeleine Alingué.
Après la présentation du travail de l’équipe organisatrice et des documents à la ministre fraichement nommée, tout le travail en cours fut bousculé : Nos correspondances qui devaient faire l’objet de soit-transmis bloquées, le parrainage du ministère a été refusé et un silence radio s’est installé pendant que les échéances s’approchaient et que nous devons recevoir plus de 50 créateurs de par le monde pour assister au sommet du stylisme et ainsi promouvoir la culture tchadienne.
Désespérés devant cette situation, nous étions obligés de saisir directement la Présidence de la République nous-même afin de sauver cette situation. Insistants après plusieurs correspondances, le Président de la République nous demande de repartir vers le ministère de la culture pour l’atteinte de nos objectifs : chose normale pour une administration qui fonctionne correctement, mais dans notre cas, cela a renforcé le blocage déjà entamé par Madame la ministre. Nous n’avons pas baissé les bras et sommes allés vers la première Dame qui, finalement nous a accordé le parrainage à deux semaines des manifestations.
C'est après la lettre de parrainage de la Première Dame que Madame la ministre sort de son silence, et nous appelle à plusieurs réunions avec ses conseillers dont un certain Abdoulaye Senoussi du cabinet Wedecider qui était membre de notre comité de réflexion et qui s’occupait du volet communication, qui cette fois devient conseiller de la ministre en charge de notre dossier par coup de baguette magique. On a commencé par nous demander toutes nos autorisations comme dans un contrôle policier puis les rapports des sommets précédents organisés dans d’autres pays, comme pour trouver des failles et nous empêcher d’organiser l’évènement. Choses que nous avions fournis.
Après on nous exige de donner toute la documentation sur l’évènement jusqu’aux différents déroulés pour bien faire et aider à l’organisation, puis ensuite nous exiger de tout supprimer et de tout organiser en 4 heures de temps et dans un seul endroit : le Radisson Blu. Puis on nous donne 8 chambres d’hôtels et on nous demande de diminuer nos invités. Puis la ministre en personne nous dit qu’il n’y aura aucun accompagnement financier. Nous étions surpris par la suite de savoir que le Président de la République a fait un geste. Aussi petit soit-il, ça devait compter, mais malheureusement dissimulé dans le but de nous étouffer financièrement.
Après le petit évènement que nous avons organisé par nos fonds propres et qui a eu du succès malgré tout, juste trois semaines plus tard la ministre annonce tambour battant dans un point de presse l’organisation du Festival DAAR qui reprend l’ensemble de nos activités. DAAR qui devient ensuite DARI puis DARY.
Avez-vous cherché à privilégier le règlement à l'amiable pour votre projet qui aurait été récupéré par l’État tchadien ?
Nous, nous avons procédé par assignation c’est-à-dire passer directement devant les juges pour nous départager mais à notre première audience, le représentant de l’État a demandé de procéder par la conciliation, chose que nous n’avons pas refusée. A la sortie de la salle d’audience, personne n’a pris attache avec nous. On a dû comprendre que c’était juste pour gagner du temps et se préparer davantage.
Pouvez-vous nous démontrer que le projet du Festival Dary émanait de vous et que l’Etat l'a récupéré ?
Il n’est pas difficile de pouvoir lire dans les faits de notre première réponse. Après une lecture complète du projet que nous leur avons soumis, de l’architecture provisoire que nous leur avons donné, des images hautes définitions présentant le contraste des peuples que nous avons réalisé après nos voyages d’explorations et de reconstruction dans le Tchad profond, du temps mis pour préparer savamment le projet, vous conviendrez avec nous que le projet n’a pas été préparé par les prédécesseurs de la ministre actuelle.
Elle nous a trouvé déjà fin prêts sauf qu’elle est tombée sous le charme et a voulu que ce soit en son nom et à son actif, car pour elle nous sommes des petits tailleurs et ne méritons pas un tel exploit sous son accompagnement. En cherchant à l’attribuer à un évènement ultérieur à nous, vous allez halluciner : au micro du journal l’Info, elle explique que cet évènement a eu sa première édition à Moundou en 1999, puis quand je les ai eus au téléphone, on me dit que ça vient de la Première Dame. Puis dans leur réplique devant les juges, ils nous ont présenté un vieux décret de 1994 instituant une semaine nationale culturelle pendant les vacances scolaires de Pâques.
Où en êtes-vous avec la justice ? Pensez-vous que justice sera rendue ?
Nous avons fait les plaidoiries le mardi 16 avril 2019 et les délibérés sont prévus pour le 30 avril 2019. Jusqu’ici nous croyons en la justice tchadienne : tant qu’on n’a pas une mauvaise expérience, on ne peut que voir positivement.
Qu pensez-vous des deux décrets sur l’institutionnalisation du festival culturel ?
Tout le monde sait que le Festival national des arts (Dary) n’existait pas avant novembre 2018 et le projet de décret qui l’a institutionnalisé a été adopté le 21 mars 2019 après un conseil des ministres. Curieusement, pour nous prouver que le Festival a été décrété par le chef de l’Etat, le décret n° 0065/PR/MENCJS/94 nous a été versé en réplique devant le juge. Cet ancien décret de 1994 institutionnalisait une semaine nationale culturelle pendant les vacances scolaires de Pâques.
Vous avez l’agrément des plus hautes autorités et leur appui. Malgré tout, vous avez été mis en difficulté. C'est incompréhensible...
La présidence a fait ce qu’il faut mais tout a été dissimulé dans le seul but de nous étouffer et récupérer le concept. La Président de la république a marqué son accord et a ordonné au ministère, via le ministre d’Etat, ministre secrétaire général de la Présidence, de débloquer la somme de 20 millions de Francs CFA pour l’appui financier du projet.
Notre ministre de tutelle nous a dit en personne qu’il n y a aucun accompagnement financier. Son département nous a accordé juste un accompagnement logistique de huit chambres d’hôtel au Radisson Blu et de deux salles pour nos formations. La Première Dame nous a accordé son parrainage et le droit d’utiliser son image.
Propos recueillis par Djimet Wiché