Cette année, l'étude a porté sur la thématique de la mère-enfant, phénomène qui touche particulièrement le Maroc.
En effet, en 2011, 49.696 Marocaines, âgées de 15 à 19 ans, ont donné naissance à un enfant.
32%
D'après les derniers chiffres consultables, le taux de fécondité des filles de cette tranche d’âge est de l’ordre de 32%! C'est-à-dire six fois plus que les jeunes Algériennes et Tunisiennes.
Le rapport, qui sera présenté ce samedi, devrait apporter de nouvelles données chiffrées. L'UNFPA a pour objectif, à travers cette étude, d'appeler à prendre des décisions afin de mettre fin, ou tout au moins de ralentir, ce phénomène.
De trop grands risques encourus
La grossesse chez l’adolescente a de graves incidences sur la santé de ces jeunes mamans.
En effet, le risque de décès et de morbidité maternels est plus élevé dans cette tranche d’âge : les risques de décès sont deux fois plus importants pendant la grossesse et l’accouchement chez les adolescentes âgées entre 15 et 19 ans que chez des femmes plus âgées.
Plus grave encore, ce risque est multiplié par quatre ou cinq pour les filles de moins de 15 ans.
12%
Au Maroc, 12% des filles entre 15 et 24 ans, qui ont eu des rapports sexuels, ont eu une grossesse non désirée.
Les grossesses précoces ne constituent pas seulement un danger pour la santé des adolescentes, elles limitent aussi leur choix de vie, restreignant leurs perspectives d'emploi dans le long terme.
Manque d'information
Pourtant, les chiffres élevés de mères-enfants montrent clairement un manque d'information concernant la vie sexuelle et des carences dans notre système éducatif.
“Des filles éduquées et en bonne santé ont la possibilité d’accomplir leur plein potentiel et de revendiquer leurs droits fondamentaux. Elles ont aussi une meilleure chance de se marier plus tard, de différer le moment de leur première grossesse, d’avoir des enfants en meilleure santé et de gagner un revenu plus élevé, contribuant ainsi à la croissance économique du pays.”
M. Abdel-Ahad, directeur régional du bureau de l'UNFPA pour les pays arabes.
Pour cela, l'UNFPA préconise d’ouvrir la voie à l’enseignement et à la formation, de promouvoir l’éducation sexuelle chez les jeunes, mais aussi de limiter ou interdire les exceptions accordées par les juges pour le mariage avant 18 ans.
Le miroir de notre société
Effectivement, parmi ces adolescentes enceintes, nombreuses sont celles qui se sont mariées trop jeunes.
11%
Ainsi au Maroc, environ 11% des mariages concernent encore des mineures. L'UNFPA plaide contre le mariage des mineures, privant ces jeunes Marocaines d'atteindre pleinement leur potentiel.
Le rapport souligne également les actions et mesures à entreprendre pour infléchir la tendance et protéger les droits fondamentaux et le bien-être des adolescentes.
Trop souvent en effet, ces grossesses ne sont pas le fait d'insouciance mais bel et bien d'une absence de choix et les conséquences de circonstances indépendantes de la volonté d'une fille, comme le cas du mariage avant la majorité.
En juillet dernier, la ministre de la Solidarité, de la femme, de la famille et du développement social avait prôné “un vaste plan de sensibilisation et de communication pour prévenir ce fléau et ouvrir des centres d’accueil et de protection au profit de ces adolescentes victimes de grossesses précoces”.
Malheureusement, à part les associations sur le terrain, rien de concret n'est fait au niveau de nos autorités tandis que la gabegie du mariage des mineures perdure.
Projection et animation à Errachidia
Cette journée de rencontre sera l’occasion de projeter le film Malak, qui raconte l’histoire d’une adolescente qui découvre qu’elle est enceinte à 17 ans et se retrouve seule à affronter la vie.
Une exposition photographique sur le mariage d’enfants dans le monde sera également ouverte au public d'Errachidia, durant une semaine.