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INTERNATIONAL

Guinée : Halte à la gestion opaque de la fortune publique


Alwihda Info | Par UFDG - 27 Août 2014



REPUBLIQUE DE GUINEE
UNION DES FORCES DEMOCRATIQUES (UFD)
Membre de la Coordination de l’Opposition Démocratiques (COEP)

COMMUNIQUE
AFFAIRE DES 8 MILLIONS DOLLARS EN ESPECES SAISIS A DAKAR
HALTE A LA GESTION OPAQUE DE LA FORTUNE PUBLIQUE EN GUINEE

La presse internationale vient de révéler, une fois de plus, un énorme scandale financier impliquant l’Etat guinéen. En effet, c’est le journal sénégalais le « Quotidien » qui, dans sa livraison du 23 août 2014, nous apprend qu’une cargaison de billets de banque a été saisie à l’aéroport de Dakar-Yoff, sur un vol spécial en provenance de la Guinée. La cargaison était en route pour Dubai, capitale des Emirats Arabes Unis. Apparemment, pour toute explication, les convoyeurs auraient affirmé que cet argent appartiendrait au Président de la République de Guinée. Par la suite, lorsque l’affaire a pris une tournure diplomatique, la Banque Centrale de la République de Guinée s’est empressée de revendiquer avec véhémence la propriété de ces fonds, en produisant des documents antidatés.
Mais la tentative maladroite de la BCRG de couvrir après coup une opération de transport d’argent sale, produit de détournements de deniers publics en Guinée, ne peut tromper que ses auteurs. Cette affaire met en lumière la situation dramatique de la gestion de la fortune publique en Guinée. Continuant des pratiques antérieures, le nouveau pouvoir installé en 2011 gère le pays dans une totale opacité sans en rendre compte à personne. Il n’existe aucune institution, même de pure forme pour contrôler la gestion de l’argent public. Malgré les élections législatives de septembre 2013, le pouvoir a tout fait pour retarder au maximum la mise en place de l’assemblée, afin de permettre au Conseil National de Transition (CNT), institution décriée et aplatie devant le pouvoir exécutif, de « voter » haut les mains, sans aucun contrôle, le budget 2014. La Cour des Comptes n’est toujours pas installée.
De nombreux scandales financiers ont éclaboussé le régime. Nous avons le pactole de 700 millions de Dollars US versé par le Conglomérat minier Rio Tinto en avril 2011 et dont le gouvernement n’a jamais justifié l’utilisation réelle. Nous avons eu l’emprunt fantôme de 25 millions de Dollars contracté auprès d’un fonds-vautour sud-africain, Palladino révélé par un journal anglais. Pour toute explication sur cet « emprunt » secret, le gouvernement a fait dire qu’il dormait jusque là dans un coffre et qu’il a été remboursé depuis ! Nous avons eu ensuite la révélation d’un emprunt de 150 millions de Dollars contracté, on ne sait pour quel objet, auprès d’une compagnie sino-angolaise dont on connait les pratiques mafieuses et prédatrices. Personne ne sait où est passé cet argent. S’agissant des relations du gouvernement guinéen avec les Emirats Arabes Unis, il est important de rappeler qu’un moment, il avait été question de céder la participation de l’Etat guinéen dans la CBG à la Mubadala Development Compay appartenant à la famille régnante des E.A.U. Mais l’affaire avait fait tellement de bruit que le projet avait été mis en veilleuse, sans qu’on ne sache à ce jour s’il n’a pas été conclu en secret. Depuis quelque temps, on remarque l’étroitesse des relations antre le pouvoir guinéen et Dubai. Quand on sait que cette place financière est classée en zone grise des places financières assimilées à des paradis fiscaux, on commence à comprendre, pourquoi il a été mis en place une liaison aérienne entre Conakry et Dubai par la compagnie Emirates, alors que les seuls clients connus sont de petits vendeurs de téléphones portables au marché de Madina…L’Etat guinéen a beau être sans le sous, il existe depuis 2012 une ambassade à Dubai. On le comprend bien, cette destination n’est pas du tout regardante sur l’origine des fonds et des métaux précieux qui atterrissent sur son sol. En dehors de Dakar, d’autres mouvements suspects de pierres précieuses et de fonds originaires de Guinée sont signalés à partir de Freetown en Sierra Leone. Dubai est donc une plaque tournante rêvée pour les mouvements d’argent sale sinon on se demande bien quel courant d’affaires sérieux peut-t-il justifier que la BCRG y ouvre des comptes généreusement fournis. Seulement, Ebola est venu déranger ce beau ballet qui aurait dû continuer tranquillement à partir de Conakry. Mais il n’ ya pas de crime parfait.
Au plan intérieur, le gouvernement avait fait grand bruit sur l’institution de l’unicité de caisse de l’Etat et des entreprises paraétatiques. Mais il a soigneusement évité d’y inclure des entreprises aussi juteuses que l’Agence de Régulation des Télécommunications et la Direction du patrimoine bâti. Ces entreprises fonctionnent donc comme sa caisse noire. Depuis 2011, de nombreux scandales ont éclaté à propos de détournements au Trésor. Des ministères sont régulièrement cités pour des détournements, avec force détails. Mais à chaque fois, c’est un silence méprisant qui répond aux interpellations pour que lumière soit faite. Plus grave, des serviteurs de l’Etat comme l’ancienne directrice du Trésor, Madame Aissatou Boiro, ont payé de leur vie, d’avoir refusé de marcher dans les combines mafieuses en vogue. Ces assassinats n’ont jamais été sérieusement élucidés, et pour cause !

Le plus étonnant pour un pouvoir qui se targue d’avoir le satisfecit du FMI et d’avoir changé la gouvernance des régimes précédents, c’est son refus obstiné de respecter la Constitution qui oblige tous les dirigeants à déclarer leur patrimoine, à commencer par le Chef de l’Etat. Tout se passe comme si pour le nouveau pouvoir, amasser des fortunes pour se constituer un trésor de guerre prime sur toute autre considération. Ceci explique sans doute pourquoi aucun audit sérieux n’a été réalisé et encore moins exploité par la justice, autrement que pour tenter de régler des comptes à des adversaires politiques. Mais au-delà de cette propagande, n’importe quel observateur sait que peuple de Guinée, dans son immense majorité n’a jamais connu une vie aussi misérable et difficile qu’aujourd’hui.
Dans les faits, nous sommes hélas, donc dans la continuité de la politique prédatrice et corrompue des pouvoirs précédents qui a achevé de ruiner la Guinée. On peut l’affirmer : la corruption en Guinée dépasse aujourd’hui le pire qu’on ait connu précédemment.

Pour conclure, nous le disons depuis très longtemps et le répétons avec force: si rien n’est fait pour arrêter cette véritable culture de la prévarication et du pillage à ciel ouvert de la fortune publique, la misère indescriptible du peuple de Guinée et son sous-développement ne pourront que s’approfondir. Les dirigeants politiques doivent accepter de soumettre leur patrimoine et celui de leurs ayants droit à un contrôle citoyen. Personne ne doit bénéficier de l’impunité, que ce soit pour des crimes politiques ou des crimes économiques. Les audits indépendants du Trésor et de tous les démembrements de l’Etat doivent couvrir également toute la période du mandat actuel du Président de la République. La Guinée, pour progresser et sortir de cette spirale de décadence économique et morale inexorable, doit combattre l’enrichissement illicite et la corruption.

Fait à Conakry, le 26 août 2014
Pour l’UFD, le Président
Mamadou BAH Baadiko

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