ANALYSE

HABITAT ET URBANISATION


Alwihda Info | Par - 13 Février 2013


Dans les grandes villes comme Brazzaville, pointe Noire, Dolisie, Nkayi ; Owando, Oyo, Makoua, Ouesso et Impfondo, les autorités locales pour répondre à l’épineux problème des transports pourraient envisager d’ouvrir avec l’appui du Ministère de l’Aménagement du territoire, de la planification régionale et des grands travaux ouvrir les lignes de tramway, des trolleybus et bus urbain pour nos populations.


Le social a un coût, les gouvernements africains négligent l’aspect habitationnel. L’industrie du bâtiment est l’une de filière où nos pays ont la chance de consolider notre indépendance et d’en faire un gisement d’emploi en faveur de notre jeunesse. L’aspect social de tout projet de développement est une garantie de réussite : disposer d’un logement décent, organiser les villes pour y vivre, et faciliter l’accès aux transports en commun ; c’est assumer de main de maître la libération de nos pays par l’amélioration de la qualité de vie de nos sœurs et frères etc... Dans le présent article, nous abordons trois points, à savoir : la politique de logement, la revalorisation de l’usage de la brique en terre et de l’urbanisation. 1/ La politique de logement : les constructions de logements sociaux à bon marché pour améliorer les conditions de vie des citoyens moyens représentent une forme de modernisation qu’on doit introduire dès que le gouvernement est préparé à l’organiser et à la diriger en la dotant d’une subvention destinée à couvrir une partie des frais. L’objet de l’opération qui s’adresse à des gens extrêmement pauvres, consiste à leur montrer qu’ils peuvent habiter des logements bien supérieurs à leurs taudis ou habitation de fortune, sans être écrasés par les emprunts ruineux lorsque cela est possible, qu’ils pourraient contracter pour les améliorer. Conformément à ses missions, l’Etat doit construire les routes, organiser l’éducation, veiller à l’accès de soins pour tous, il se doit de contribuer à l’habitation sociale pour permettre à ses citoyens de revenus modestes d’être propriétaires d’un logement. La puissance publique doit prendre une grande part dans la mise en œuvre de l’habitat social qui ne devrait pas être laissés aux seules initiatives des structures paraétatiques chargées de l’immobilier. L’Etat doit subventionner l’habitat pour favoriser toutes les couches sociales à l’habitat collectif ou individuel par un loyer modéré capable d’être supporté même par les plus démunis grâce à sa contribution effective à l’accès au logement sera possible. Il s’agit d’une ferme volonté politique pour permettre à tous les citoyens d’avoir un logement décent. La conception d’un programme de construction avec les matériaux locaux devrait préoccuper les gouvernements dans la mesure du possible, on rechercherait l’intégration des futurs propriétaires aux projets de construction pour réduire les coûts de revient. La construction de logement est source d’accumulation de capital. Les maisons sont vendues contre un versement minimum à l’achat et une hypothèque dont le remboursement s’effectue sur un certain nombre d’années. L’acheteur étant obligé d’épargner pour effectuer ses paiements échelonnés. Le capital initial étant remboursé servira pour d’autres investissements. Dans nos pays les banques peuvent prêter pour acquérir ou améliorer une ferme puisqu’elle crée une nouvelle richesse ; par contre s’endetter pour s’acheter une voiture touristique est parfois préjudiciable pour le pays. L’Etat garantirait un habitat social au loyer modeste, sinon il doit permettre à chacun d’avoir un chez soi en ville ou en campagne suivant un plan et des modèles préalablement élaborés évitant ainsi des constructions anarchiques ou la prolifération des taudis ne disposant même pas un minimum d’infrastructure pour l’alimentation en eau potable et d’électricité. Jourdain Edmé chargé de la qualité de vie et de l’assainissement environnemental du Mouvement Africain de la renaissance démocratique institutionnalisée (MARDI) relève que "Le bien être d’une population passe par l’appropriation d’un logement, avoir son propre toit tel est le but de la vie de nombreux citoyens qui n’arrivent pas après tant d’années de dur labeur à l’atteindre". Dans sa politique d’habitat social et d’aménagement urbain, la construction des habitations individuelles et des immeubles où les appartements seront à loyer modéré en vente ou en location prise en charge par les employeurs (sociétés privées, mixtes ou Etat). La construction nécessite d’importants capitaux. Son financement doit regrouper l’Etat et ses partenaires privés. La création d’institutions appropriées pour répondre aux besoins de l’habitat social est indispensable dans le cadre de la politique de l’habitat. Les sociétés immobilières de construction (SIC) pour le financement et la mise en œuvre des projets de construction, le crédit foncier pour l’achat des terrains et le crédit mobilier pour financer l’industrie de transformation et des équipements de maisons. Il arrive que nous ignorions souvent que nous n’avons pas attendus l’arrivée des occidentaux pour bâtir en pierre (Zimbabwé), alors pourquoi sommes-nous aujourd’hui incapable de valoriser ou de développer notre industrie de matériaux de construction pour le bonheur de nos populations ? LA REVALORISATION ET L’USAGE DE LA BRIQUE EN TERRE La terre source inépuisable demeure un matériau de construction accessible à tous. La technologie de fabrication est facile à maîtriser, on peut obtenir carreau, briques tuiles et verres etc... à des coûts modérés. Il est vrai que l’industrialisation du bâtiment et les grandes mutations dans les sociétés industrielles ont rendues désuètes les techniques ancestrales basées sur l’emploi des matériaux et des savoir faire locaux. La construction en terre apparaît comme un moyen efficace de production à court terme d’un habitat et d’équipements communautaires (écoles, hôpital et centres sociaux etc...) économique et de qualité (adaptation culturelle et climatique). Sachant que nous avons toujours su utiliser intelligemment les matériaux de construction en notre possession, l’exemple du Zimbabwe illustre bien mon propos puisqu’avant l’arrivée des Hollandais, les Zimbabwéens construisirent déjà avec la pierre. Qu’est ce qui fait que l’Afrique qui dispose de tant des ressources naturelles pour soutenir et disposer d’une industrie florissante de matériaux de construction dépense d’énormes sommes pour importer ces matériaux ? En Ndébélé Zimbabwe signifie la maison en pierre ! Que l’occident ne nous trompe pas pour nous orienter aveuglement sur les matériaux onéreux souvent importés fabriqués par une technologie de pointe. Si nous voulons réellement résorber le chômage des jeunes en cette période de crise, nous devons investir méthodiquement dans le développement de cette industrie, produire, acheter africain, c’est créer plus d’emploi et de revenu pour nos compatriotes et consolider notre indépendance économique. En France la quasi-totalité des maisons individuelles sont construites avec du parpaing, des briques en terre cuite et la toiture est en tuile. D’où vient-il qu’en Afrique centrale où il y a des chaleurs torrides nous puissions importer les tôles ondulées ? Voilà une survivance de la colonisation. La terre comme matériau de construction et ces techniques sont forts utilisées et peuvent garantir une réalité architecturale qui permette aux communautés africaines de bâtir leur cadre de vie et d’intégrer les réalisation bâties dans une problématique cohérente de développement autocentré et dynamique tirant le meilleur parti des ressources disponibles au plan matériel comme humain. Les développements de la recherche scientifique et architecturale sur la terre et les techniques de construction au cours de décennies précédentes convergent vers la revalorisation de l’usage de la terre par la mise à disposition d’un ensemble de procédés de production et de solutions techniques parfaitement maîtrisées et d’une grande variétés offrant une grande souplesse d’adaptation aux multiples applications possibles. En France, on bâtit de plus en plus avec le torchis. Cela peut nous inspirer. Les gouvernements doivent promouvoir les matériaux de construction locaux et préconiser un retour à la terre comme solution à la crise du logement, puisque les coûts sont minorés. L’on devrait arriver rapidement à la construction des maisons à faibles coûts. L’Etat dans sa lutte contre le chômage massif des jeunes et dans le soucis d’économiser les devises rares doit encourager la création des unités de fabrication de matériaux de construction, donc une vraie maîtrise de la céramique (tuiles, briques, carreaux et verres etc...) en permettant à chacun d’avoir un chez soi. En valorisant et en soutenant l’émergence d’une industrie de matériaux de construction dans nos pays nous contribuons à consolider notre indépendance et participons à la résorption du chômage. URBANISATION : la croissance démographique urbaine s’effectue dans la grande indifférence des autorités municipales probablement en raison d’une insuffisance de moyens financiers, mais faute de volonté politique à l’encontre de ce problème. La situation précaire est à l’origine de la dégradation de l’environnement : décharges sauvages sur les bords de routes et à proximité des habitations, construction dans les zones marécageuses, décharges des matières fécales dans les cours d’eau ou des latrines ne respectant aucune règle d’hygiène. A cela s’ajoute la quasi inexistence des infrastructures de base comme les égouts, le ramassage des ordures ménagères, d’électricité et d’eau potable. En cette première décennie du vingt et unième siècle, une telle situation ne peut perdurer ; c’est pourquoi Chany MAYAMOU, secrétaire, chargé de l’éducation environnementale du Club Prospective et Alternative (.CP.A.) : pense qu’il faille porter un effort sur l’aménagement du territoire sur une distribution équilibrée des ressources naturelles, humaines et l’on doit faire respecter les schémas directeurs définissant les zones foncières constructibles, agricoles et les réserves foncière tout en contribuant sans cesse à l’amélioration du cadre de vie. Force est de constater que la plupart des villes Africaines ont une évolution tentaculaire ; d’où il faut délimiter, redécouper nos villes en distinguant la ville et sa banlieue au lieu de créer sans cesse les arrondissements supplémentaires. Dans le cadre de sa politique d’aménagement du territoire, les autorités mettraient l’accent sur le développement des campagnes qui sont toujours au cœur de la croissance économique. Il faut alors décentraliser le pouvoir pour que les ruraux organisent leur destin, pour que les populations se fixent chez elles et relèvent les défis locaux. On investirait massivement dans les équipements physiques, on favoriserait l’accès à l’électricité, aux transports en commun et l’adduction d’eau potable sans omettre de relancer les grandes plantations que nous avons connu dans les années cinquante, soixante et soixante dix du vingtième siècle. Il s’agit de conduire des bonnes politiques agricoles sur lesquelles les industries locales s’appuieraient pour consolider l’autonomie de gestion des collectivités territoriales. On accroitrait les investissements dans les services sociaux de base comme la santé, l’éducation, l’alimentation en eau potable et l’accession à l’électricité, aux transports et ramassage des déchets en favorisant la participation des forces vives locales. Il faut donc une ferme volonté politique pour engager et approfondir la décentralisation en donnant plus de pouvoir aux collectivités territoriales puisque l’Etat central ne peut pas tout faire. Il serait même sage qu’autour des activités minières, agricoles et industrielles nous puissions envisager la création des villes moyennes en jouant sur la planification et l’aménagement du territoire, en cherchant à assurer un développement national équilibré de l’armature urbaine. On connait l’importance de la flore et de la faune dans la préservation de l’environnement ainsi les villes seraient loties d’arbres, des plantes, fleuries, décorées d’arbres fruitiers. Dans les grandes villes comme Brazzaville, pointe Noire, Dolisie, Nkayi ; Owando, Oyo, Makoua, Ouesso et Impfondo, les autorités locales pour répondre à l’épineux problème des transports pourraient envisager d’ouvrir avec l’appui du Ministère de l’Aménagement du territoire, de la planification régionale et des grands travaux ouvrir les lignes de tramway, des trolleybus et bus urbain pour nos populations. Il est donc logique pour que cette politique donne les résultats escomptés, que la puissance publique donne aux collectivités territoriales la maîtrise de la fiscalité locale, en contrepartie l’Etat doit renforcer son contrôle en réorganisant la gestion budgétaire et en renforçant les capacités financières des collectivités décentralisées. Nous Sommes le Congo Cessons d'Avoir Peur Pour Construire un Etat de Droit.
 Ange Marie MALANDA, économiste – juriste Secrétaire général du Club Prospective et Alternative (CPA)

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