AFRIQUE

Insécurité au Soudan : le Tchad, terre d’accueil des déplacés


Alwihda Info | Par Koffi Dieng - 30 Octobre 2024


En presque 18 mois de conflit, le Soudan est en proie à une crise humanitaire sans précédent, deux factions rivales, s’affrontent. Surnommée la « guerre des généraux », elle entraîne un déplacement massif des populations vers les pays voisins, notamment le Tchad.


Après une guerre de plus de 17 ans, celle du Darfour, le 15 août 2023 à Khartoum débute un nouveau conflit entre deux alliés devenus ennemis. Les troupes de l’armée régulière, Forces Armées Soudanaises (FAS) dirigées par le général Abdel Fattah Al-Burhane affrontent les Forces d’Appui Rapide (FAR), troupes paramilitaires dirigées par le général Mohamed Hamdan Daglo dit « Hemeti ».

Le conflit embrase le pays tout entier et les deux parties se rejettent la faute. Les troupes régulières dénoncent « un coup d’Etat de rebelles soutenus par l’étranger ». Quant aux Forces d’action rapides, elles prétendent lutter « pour une liberté, la justice et la démocratie ».

Depuis 2019, le pays tente d’organiser des élections libres après 30 ans de dictature. Chacune des deux parties désire s’approprier les immenses richesses pétrolières et aurifères du pays. En conséquence, la population subit de nombreuses violences et une insécurité alimentaire aiguë. Selon Human Rights Watch (HRW) « les deux parties belligérantes ont commis des graves violations des droits humains et du droit international humanitaire, équivalant dans certains cas à des crimes de guerre et à d’autres atrocités criminelles ».

Au Soudan, les hôpitaux sont bombardés, l’aide humanitaire bloquée et pillée, les humanitaires assassinés et les femmes sont victimes de violences sexuelles, tout comme les enfants. Dans ce contexte, près de 700 000 Soudanais préfèrent fuir les zones de combats et se réfugier au Tchad.

En première ligne malgré les difficultés économiques
Bien que le Tchad soit l’une des régions les plus pauvres du monde avec 42 % de la population vivant en dessous du seuil de pauvreté, il épargne aujourd’hui de nombreux Soudanais des conséquences d’une guerre non-voulue. « Le Tchad s'est engagé à garder ses frontières ouvertes, malgré la fragilité de cette région.

Cela va mettre le pays sous pression, alors qu'il accueille généreusement depuis près d'un an les réfugiés de la guerre au Soudan ainsi que des réfugiés d'autres pays arrivés dans le pays à la suite de crises antérieures », affirme Kelly Clements, Haut-commissaire adjointe du HCR. Le Tchad joue aujourd’hui un rôle primordial dans l’accueil de ces déplacés de guerre. Il compte au sein de son territoire de nombreux camps comme celui d’Aboutengue dans l'est du pays, qui accueille plus de 45 000 réfugiés soudanais.

Malgré les difficultés économiques du pays, quelques services d’assistance permettent de soulager les déplacés grâce à l’appui d’ONG internationales comme l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR), Médecins sans frontières (MSF) et la Croix-Rouge. Cette assistance comprend la prise en charge médicale des plus vulnérables ainsi que la distribution de denrée de première nécessité.

L’éducation n’est pas non plus en reste avec la construction de salles de classe pour les enfants et la formation de professeurs parmi les déplacés. Avec plus d’un million de réfugiés au sein du territoire, le Tchad est désormais le plus grand pays d'accueil par habitant en Afrique.

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