Elmor : Bonjour Makaila , depuis votre expulsion du S égal , comment vous vous portez? Êtes vous en sécurité en République de Guinée?
-Makaila Nguebla : Merci beaucoup de me donner l’opportunité de m’exprimer au sujet de ma situation en Guinée .En effet, comme vous le savez, depuis mon expulsion, je suis à Conakry où je bénéficie du soutien d’une famille guinéenne qui m’a accueilli et celui du Conseil National des Organisations de la Société Civile Guinéenne (CNOSCG), mobilisé à mes côtés depuis mon arrivée. Dieu merci ! je me porte bien en terme de santé, mais, pas sur le plan sécuritaire dans la mesure où le régime d’Idriss Deby ne cédera jamais à poursuivre toute personne qui accable son pouvoir des violation des droits humains et de confiscation des libertés à travers des moyens de lutte pacifique. Car, il est animé de la volonté de nuire, d’éliminer et de liquider ses adversaires à l’intérieur et au delà des frontières tchadiennes. Donc, je suis vigilant et prudent non seulement en Guinée mais en Afrique de façon générale où rien ne peut garantir ma sécurité.
Elmor : Depuis notre derniere interview en 2007, y a t il des évolutions par rapport à la situation politico-militaire au Tchad? Etes vous actuellement affilié à une structure politique ou non?
-Makaila Nguebla : de 2007 à nos jours, tous les tchadiens de l’intérieur ou de l’extérieur soutiennent le changement politique du régime au Tchad. Moi, j’étais à l’époque avec le site d’informations Alwihda, basé en exil à Paris. Il est vrai qu’à l’époque, les membres de ce site, étaient tous considérés par le régime Deby comme étant des gens proches des mouvements politico-militaires de l’est. Je suis toujours un militant pour la liberté, les droits de l’homme et la paix. Ce qui m’a coûté l’exil continue aujourd’hui.
Elmor : Que pensez vous du procès d'Hissene Habré par la justice Sénégalaise?
-Makaila Nguebla : je pense que le procès pourrait se tenir sans histoire, si Idriss Deby actuel président n’était impliqué à divers niveaux du processus pour soit influencer les plus hautes autorités politiques et judiciaires sénégalaises qui ont cédé à ses injonctions à cause de son aura internationale suite à l’intervention de ses troupes au Mali. J’ai l’impression que ce procès réclamé par les ONGs de défense des droits de l’homme et la communauté internationale, aidera à légitimer Idriss Deby dans sa répression aveugle contre le peuple tchadien. Ce qui est déplorable ! De mon point de vue ,le combat contre l’impunité doit être impartial.
Elmor : Il y a beaucoup d'organisations de défense des Droits de l'Homme qui s'activent pour votre retour au Sénégal, on peut citer la Raddho, Amnesty, Human Rights Watch, etc...Pourquoi ça tarde actuellement?
-Makaila Nguebla : Vous savez ! j’ai fais sept (7) ans, sans histoire ni mêler de prés ou de loin à la politique intérieure du Sénégal. Depuis 2005, j’organisais avec l’aide de la RADDHO et d’autres amis du Tchad, des points de presse sans être interpellé par la police. Pourquoi, subitement, le 07 mai 2013, on m’interpelle et m’expulse sans motif valable par les autorités sénégalaises. Cela prouve que ces autorités sénégalaises ont subi et reçu des fortes pressions de Déby pour exécuter cet ordre. Donc, les mêmes pressions empêchent les mêmes autorités de répondre concrètement aux appels des ONGs sénégalaises mobilisées au sein de la Coordination Droit d’Asile et Liberté d’Expression (DALE), qui réclament mon retour dans le pays. Vous savez en Afrique, la marge de la société civile est réduite par nos gouvernants ce qui pose le problème de plaidoyer pour défendre les droits des personnes vulnérables et persécutées.
Elmor : Vous êtes apatride actuellement , mais sous la protection du droit humanitaire international , comment vivez vous cette situation?
-Makaila NGuebla : je déplore cette situation inadmissible. Car, figurez-vous, je suis privé de mon passeport et de ma carte d’identité nationale tchadien à cause de mon activisme virtuel contre le régime d’Idriss Deby. En plus, malgré l’adoption d’une résolution de l'ONU autorisant le droit à la liberté d’information sur Internet, aucune mesure n’est concrètement prise pour sécuriser les personnes qui militent en faveur de la démocratie et des libertés d’expression. Je me demande si le Droit humanitaire international est-t-il pour tous ou bien sélectif ? Je pense sincèrement que le Droit humanitaire international sera appliqué à ma situation, c’est lorsque Idriss Deby aura remis en cause les intérêts de certaines puissances et partenaires du Tchad. Sinon, pour l’instant, je me réserve le droit de dire ce que je pense sur les principes qui régissent le Droit Humanitaire International. C’est mon point de vue ! Merci
Propos recueillis par Elhadji Mor ND. Diop
source:Blog Makaila