Khalifa Haftar, le général libyen
Hasni Abidi
Politologue, Hasni Abidi est un spécialiste du monde arabe. Il est par ailleurs directeur du Centre d'études et de recherche sur le monde arabe et méditerranéen à l'Université de Genève
Atlantico: Le mardi 19 janvier, la formation d'un gouvernement libyen d'union nationale a été annoncée à Tunis après des mois de blocages. Pouvez-vous revenir sur le long processus de négociation qui a abouti à la formation de ce gouvernement ?
Hasni Abidi: Ce gouvernement a été accouché dans la douleur. Le processus a été lent, compliqué, sinueux. En tout, les Nations Unies ont dépêché trois envoyés spéciaux en Libye.
Le plan d'accord des Nations Unies a été forcé, arraché aux différentes parties sans consensus au préalable de toutes les parties et notamment des chefs des tribus qui sont de grands notables incontournables dans la construction de la paix en Libye. Il fallait contenter tout le monde, les Libyens bien sûr mais surtout les acteurs étrangers et en premier lieu les acteurs régionaux -Algérie, Maroc, Egypte, Turquie, pays du Golfe-. Trois éléments ont mis la Libye dans une situation très difficile et ont poussé les Nations Unies à accélérer la signature de cet accord : premièrement le fait que les parties libyennes n'ont pas réussi à trouver une solution politique entre elles, deuxièmement l'éruption de Daech qui est devenu un agent perturbateur, troisièmement, la situation économique catastrophique.
Si l'accord est là aujourd'hui c'est parce que plus que jamais la Libye a besoin d'un gouvernement pour stabiliser la situation du pays.
La question de la représentativité du gouvernement est très délicate : aucun des deux parlements, des deux gouvernements n'était prêt à faire de grandes concessions. L'accord actuel est le plus abouti même s'il reste évolutif et souffre de nombreuses anomalies. Il est loin de susciter l'unanimité de tous les Libyens mais c'est un accord par défaut, c’est-à-dire qu'il constitue la seule dynamique de négociation politique qui se présente aujourd'hui.
A peine annoncé, ce nouveau gouvernement laisse de nombreux observateurs sceptiques quant à sa capacité à gouverner de manière effective. Certaines armées et milices du pays ne souhaitent respecter ni l'accord ayant abouti à la formation du gouvernement d'union nationale ni le cessez-feu. Le général Haftar et les militaires qui l'accompagnent risquent de se retirer. Une partie de la population rejette l'accord car elle y voit le fruit d'une ingérence étrangère. Les risques d'une non-application de l'accord est-il avéré? Que peut-on de façon réaliste espérer du nouveau gouvernement libyen ?
Si le gouvernement est accepté, il aura le mérite de mettre fin à une situation surréaliste en Libye. En effet, on est passé du gouvernement d'un seul homme -Kadhafi- à deux gouvernements dont la capacité politique ne dépasse pas la capitale et certaines villes avoisinantes. Le nouveau gouvernement peut représenter pour la communauté internationale un partenaire légal et fiable non seulement pour la levée de l'embargo sur les armes mais aussi parce que beaucoup de pays (France, Italie, Allemagne) sont pressés d'intervenir contre la menace de Daech qui est présente. Mais en l'absence d'un gouvernement reconnu par la communauté internationale et issu d'un processus légal, il est très difficile pour les puissances occidentales d'envisager une intervention.
Politologue, Hasni Abidi est un spécialiste du monde arabe. Il est par ailleurs directeur du Centre d'études et de recherche sur le monde arabe et méditerranéen à l'Université de Genève
Atlantico: Le mardi 19 janvier, la formation d'un gouvernement libyen d'union nationale a été annoncée à Tunis après des mois de blocages. Pouvez-vous revenir sur le long processus de négociation qui a abouti à la formation de ce gouvernement ?
Hasni Abidi: Ce gouvernement a été accouché dans la douleur. Le processus a été lent, compliqué, sinueux. En tout, les Nations Unies ont dépêché trois envoyés spéciaux en Libye.
Le plan d'accord des Nations Unies a été forcé, arraché aux différentes parties sans consensus au préalable de toutes les parties et notamment des chefs des tribus qui sont de grands notables incontournables dans la construction de la paix en Libye. Il fallait contenter tout le monde, les Libyens bien sûr mais surtout les acteurs étrangers et en premier lieu les acteurs régionaux -Algérie, Maroc, Egypte, Turquie, pays du Golfe-. Trois éléments ont mis la Libye dans une situation très difficile et ont poussé les Nations Unies à accélérer la signature de cet accord : premièrement le fait que les parties libyennes n'ont pas réussi à trouver une solution politique entre elles, deuxièmement l'éruption de Daech qui est devenu un agent perturbateur, troisièmement, la situation économique catastrophique.
Si l'accord est là aujourd'hui c'est parce que plus que jamais la Libye a besoin d'un gouvernement pour stabiliser la situation du pays.
La question de la représentativité du gouvernement est très délicate : aucun des deux parlements, des deux gouvernements n'était prêt à faire de grandes concessions. L'accord actuel est le plus abouti même s'il reste évolutif et souffre de nombreuses anomalies. Il est loin de susciter l'unanimité de tous les Libyens mais c'est un accord par défaut, c’est-à-dire qu'il constitue la seule dynamique de négociation politique qui se présente aujourd'hui.
A peine annoncé, ce nouveau gouvernement laisse de nombreux observateurs sceptiques quant à sa capacité à gouverner de manière effective. Certaines armées et milices du pays ne souhaitent respecter ni l'accord ayant abouti à la formation du gouvernement d'union nationale ni le cessez-feu. Le général Haftar et les militaires qui l'accompagnent risquent de se retirer. Une partie de la population rejette l'accord car elle y voit le fruit d'une ingérence étrangère. Les risques d'une non-application de l'accord est-il avéré? Que peut-on de façon réaliste espérer du nouveau gouvernement libyen ?
Si le gouvernement est accepté, il aura le mérite de mettre fin à une situation surréaliste en Libye. En effet, on est passé du gouvernement d'un seul homme -Kadhafi- à deux gouvernements dont la capacité politique ne dépasse pas la capitale et certaines villes avoisinantes. Le nouveau gouvernement peut représenter pour la communauté internationale un partenaire légal et fiable non seulement pour la levée de l'embargo sur les armes mais aussi parce que beaucoup de pays (France, Italie, Allemagne) sont pressés d'intervenir contre la menace de Daech qui est présente. Mais en l'absence d'un gouvernement reconnu par la communauté internationale et issu d'un processus légal, il est très difficile pour les puissances occidentales d'envisager une intervention.