ANALYSE

La lutte contre l’insécurité passe par la lutte contre la pauvreté et l’émergence des équilibres sociaux


Alwihda Info | Par Erick-Achille Nko’o - 9 Octobre 2014



Erick-Achille Nko’o.
Depuis quelques temps, le Cameroun fait l’objet d’attaques de tout genre de la part des groupes armés qui, de la manière la plus atroce et barbare, commettent des crimes contre le Cameroun et les camerounais. Ce qui est intolérable. Ainsi, la question de la sécurité devient par ce fait prioritaire. C’est donc de bon ton que le chef de l’état ait déployé et redéployé notre armée afin qu’elle protège l’intégrité de notre territoire qui ne se négocie pas. Et les camerounais sont pour l’instant radieux des couronnements et prouesses que cette armée enregistre au front depuis le début de la riposte contre le Boko Haram. Cela est donc la preuve d’un possible triomphe militaire contre cette nébuleuse takfiriste. Mais toutefois, la solution à la question de l’insécurité n’est pas que militaire. Le penser ne permettrait qu’un équilibre à court terme. En réalité, il faut de manière parallèle prendre en considération les dynamiques sociales qui relient l’insécurité sous ses différentes formes aux aspects d’inégalités et de vulnérabilités avancées présentes en Afrique. Le développement endogène statique ou non évolutif entrave pompeusement les aspirations des peuples qui veulent voir leurs environnements exempts de toute frustration. Autrement dit, il existe un lien étroit entre la pauvreté, le chômage et l’insécurité. Parmi les mobil de la conflictualité, l’insécurité et la fragilité des populations en général et la jeunesse en particulier, figurent en bonne place la pauvreté, le chômage et l’analphabétisme. L’émergence des déséquilibres et inégalités sociaux aigues peuvent remettre en cause la paix. La révolution arabe est un exemple patent de conflictualité née d’une situation d’extrême paupérisation de la jeunesse.
 
Les enquêtes empiriques menées sur le terrain montrent que Boko Haram recrute majoritairement parmi les jeunes. Beaucoup de jeunes sans avenir ni perspective cèdent facilement à tout genre de tentations. Il propose généralement à ces jeunes une moto et de l’argent en espèce. Du fait de l’extrême pauvreté dans laquelle la jeunesse est plongée, la seule alternative semble souvent être pour quelques uns l’adhésion à ces groupes de grand banditisme qui finissent souvent par être manipulés à des fins politiques comme tel a été le cas au Nigeria. Et cela pourrait bien être le cas avec Boko Haram. La question de l’insécurité et de la conflictualité se pose de manière accrue du fait qu’elle produit des phénomènes de contagion dans la sous région.
 
Au regard de la vulnérabilité des jeunes exposés à tous les vices, il convient d’apporter au travers des mécanismes institutionnels un certain nombre de solutions notamment la mise sur pied de réelles politiques de lutte contre la pauvreté et le chômage. Il faut passer du simple discours au concret. Les stratégies militaires actuelles de lutte contre l’insécurité ne suffisent pas à elles seules à assurer une stabilité durable. Il faut un enchevêtrement cohérent de dynamiques sociales qui soient capables de barrer la voie à l’insécurité, au grand banditisme ainsi qu’à toute velléité de rébellion. Il est évident que dans un tel contexte d’insécurité, que le président de la république se réapproprie inéluctablement de sa jeunesse au travers d’un certain nombre de mécanismes d’encadrement des jeunes. Dans une certaine mesure l’insécurité renvoie en partie à des intérêts
 
économiques ou au gain facile. Vu sous cet angle, des mécanismes compensatoires s’imposent. A savoir, réduire la possibilité d’adhésion des jeunes aux groupes de banditisme ou à des affiliations démocraticides(rebellions, terroristes etc.) Cela suppose de ce pas qu’ils reçoivent une formation scolaire et\ou professionnalisante qui structure leurs esprits, des activités qui les occupent et des symboles qui les motivent. Les objectifs du millénaire semblent donner un bel élan de lutte contre la pauvreté et de l’insertion socioprofessionnelle des jeunes.
 
C’est vrai, cela est indéniable, le président Paul Biya a mis sur pied des institutions d’encadrement des jeunes tels que le PAJER-U et le Fond national de l’emploi dont les résultats ne sont pas toujours probants. Lors de son discours à la jeunesse le 10 février 2014, le président de la république a promis des perspectives plus favorables par la création de 250.000 emplois aux jeunes. On est là en fin d’année sans suite véritable. Or c’est la jeunesse qui, en première loge, est au front et c’est d’ailleurs grâce à cette jeunesse militaire que l’armée peut se réjouir de ses victoires. De ce point de vue, la jeunesse mérite de meilleures conditions d’éducation ainsi que des meilleures opportunités d’emploi pour un Cameroun qui se veut émergent dans un Horizon proche. Une émergence qui n’est pas possible sans la paix et la stabilité.
 
Erick-Achille Nko’o.

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