ANALYSE

Le Franc CFA, du "papier pur chiffon"


Alwihda Info | Par - 16 Juillet 2013


La France a de fait deux monnaies: avec l'Euro, les pouvoirs publics doivent respecter l'indépendance de la BCE. Avec le Franc CFA, elle est "souveraine". Elle peut dévaluer (ou déprécier) quand ça l'arrange et ne pas réévaluer quand ses affaires (et rien que ses affaires) ne s'en trouveront pas plus arrangées.


 
La France rêve de croissance et devrait aller chercher en Afrique la réalisation de ses rêves. Car là-bas, il y a de la croissance.
A moins que, cette fois, ses déficits, la récession, la contraction de son économie soient tels que la croissance dans les PAZF (pays de la zone franc) ne peut plus résorber toutes les fuites d'une économie qui perd tous ses "A".
L'Afrique est un "pays" de ressources, de potentiels, mais la richesse aujourd'hui ce sont les nations développées et émergentes qui l'ont. Nous notre principal patrimoine immatériel c'est l'espoir. Nous avons du cacao, mais le meilleur chocolat est suisse. Nous avons du bois, mais sommes aussi mal logés que le cordonnier de l'adage était mal chaussé. Nous avons des minerais, des diamants, et de l'or, mais c'est ailleurs qu'ils sont exploités. Nous avons tout l'uranium qu'il faut, mais s'il-vous-plait messieurs, comment fabrique-t-on une bombe atomique (artisanale) sans faire exploser trois fois notre continent? Nous avons des intelligences, mais c'est ailleurs qu'elles sont sollicitées, valorisées, et exploitées.

Aujourd'hui donc, enfin, nous avons la croissance. Parce que, enfin, nous travaillons. Mais c'est pour la France que nous travaillons, partout dans la zone franc(ophone). Et nous alimentons le Trésor public français de notre sueur et de notre sang. Selon la Banque de France elle-même la France est membre de la zone franc.
La France a de fait deux monnaies: avec l'Euro, les pouvoirs publics doivent respecter l'indépendance de la BCE. Avec le Franc CFA, elle est "souveraine". Elle peut dévaluer (ou déprécier) quand ça l'arrange et ne pas réévaluer quand ses affaires (et rien que ses affaires) ne s'en trouveront pas plus arrangées.

Le droit de tutelle de la France est révoltant
Le capital des banques centrales de la zone franc doit entièrement être transféré aux États africains, au pire. Au mieux, ces États pantoches doivent en sortir en courant. Toutes les décisions importantes du conseil d'administration sont prises à l'unanimité ce qui revient à donner à la France un droit de vie et de mort sur toute décision mettant en jeu ses intérêts d'actionnaire.
La France est juge et partie de cette monnaie, c'est la Banque de France qui a le privilège exclusif de conception et de production de cette monnaie, c'est donc abusivement si la BEAC, la BCEAO ou la Banque Centrale Comorienne sont considérées comme des instituts d'émission, ils ne font que distribuer du papier.
Mais c'est l'Afrique ça : savez-vous que nous avons une communauté économique en Afrique centrale ? Elle s'appelle CEMAC. Et elle fait mieux que l'Europe avec son Schengen, elle a un passeport commun ("unique"). Pas mal hein! Et le passeport CEMAC, version camerounaise, est fabriqué à.... Johannesburg? Non. Alger? Non. Ndjamena? Non!
C'est en Europe que se trouve le lieu du crime, dans la City, où un opérateur londonien confectionne nos passeports.
Nos chers passeports, tout verts, qui nous causent tant d'humiliations en Europe sont sans doute émis et délivrés par des autorités nationales, reste qu'ils sont fabriqués par ces mêmes Européens qui nous battent notre monnaie, fabriquent nos cartes d'identité (en l'occurence une société française appelée Sacel Cameroun)!
Le Franc CFA et ses mécanismes d'assujettissement (compte d'opération, réserves, etc.) a une filiation coloniale, néocoloniale, postcoloniale, et doit, par respect des peuples africains et par simple bon sens international, avoir cours légal en France: la preuve serait alors faite que c'est pas une monnaie pour rire, pour de faux, pour des cons. La France doit en assurer l'acceptabilité ou, dans tous les cas, la convertibilité sur toute l'étendue du territoire français.
Or il n'en est rien. Si vous quittez Nsimalen sans avoir changé vos Francs CFA, si vous n'avez que ces CFA sur vous, sachez que vous n'avez pas un sou. En Suisse, en Italie, partout, on vous regardera comme un malade mental si vous montrez ce qui dans les bureaux de change s'apparente à du chiffon de papier. Il faut arriver en France pour que les vrais propriétaires de cette monnaie la reconnaissent et vous la changent.
Rédaction d'Alwihda Info. En savoir plus sur cet auteur

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