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Le Tchad « enquête » sur les démocrates disparus


Alwihda Info | Par - Җ€BIЯ - - 18 Février 2008


Paris a, tardivement, rectifié le tir, et demandé au gouvernement tchadien « des informations précises sur les motifs pour lesquels ils ont été emprisonnés, sur les lieux où ils se trouvent, et sur les procédures judiciaires dont les autorités tchadiennes pensent qu’elles leur sont applicables ». En espérant qu’il ne soit pas trop tard.


N’DJamena . En dépit de tous les témoignages, le ministre de l’Intérieur laisse entendre que les opposants seraient aux mains des rebelles.

Voilà aujourd’hui treize jours que les opposants Lol Mahamat Choua, Ibni Oumar Mahamat Saleh et Ngarlejy Yorongar ont été enlevés à leur domicile de N’Djamena, alors que l’armée loyaliste d’Idriss Déby venait de reprendre le dessus de la plus sévère offensive rebelle de son histoire. Treize jours qu’ils ont été enlevés par l’Armée nationale tchadienne, selon les témoignages concordants de leur famille et de leurs proches. L’inquiétude de ces derniers ne risque pas d’être apaisée par la nouvelle de l’enquête dont l’ouverture a été annoncée mercredi par le ministre de l’Intérieur tchadien Ahmat Mahamat Bashir qui a pris la peine de préciser que la zone des domiciles des opposants « était sous contrôle des mercenaires » au moment de leurs enlèvements, laissant entendre qu’ils seraient entre les mains des rebelles. « Il s’agit d’un enlèvement par une quinzaine de militaires de la garde présidentielle, a donc réaffirmé hier le porte-parole du parti de Lol Mahamat Choua. Il n’a même pas eu le temps de prendre ses chaussures, ils l’ont brutalisé jusque dans le véhicule, et puis ils sont partis vers une destination inconnue. »

Les autorités françaises, qui dès la fin des combats se sont empressées de clamer leur soutien au pouvoir d’Idriss Déby, à qui elles ont admis hier avoir livré des munitions, ont mis une semaine avant de daigner réclamer de ce dernier la libération de ceux qui représentent le seul espoir d’une alternative pacifique au régime de ce dernier.

« Pour tenir sa promesse vantarde d’arracher aux griffes de la justice nègre L’Arche de Zoé, Nicolas Sarkozy a, dans les faits, troqué la grâce de six criminels humanitaires français contre l’arrestation musclée des quatre principaux leaders de l’opposition légale tchadienne, signataires de l’accord politique global visant à renforcer le processus démocratique, paraphé le 14 août sous les auspices de l’Union européenne », s’insurgeait ainsi mardi le chercheur Jean-François Bayart (CNRS) dans une tribune parue dans le Monde.

Depuis, Paris a, tardivement, rectifié le tir, et demandé au gouvernement tchadien « des informations précises sur les motifs pour lesquels ils ont été emprisonnés, sur les lieux où ils se trouvent, et sur les procédures judiciaires dont les autorités tchadiennes pensent qu’elles leur sont applicables ». En espérant qu’il ne soit pas trop tard.

Anne Roy

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