ANALYSE

Le baccalauréat tchadien de nos jours !


Alwihda Info | Par Valery Lorangue Djimé - 12 Aout 2021


Le baccalauréat, diplôme qui donne accès aux études supérieures, a-t-il encore de valeur de nos jours ? Eu égard à toutes les difficultés que rencontre le système éducatif tchadien ces derniers temps, l’on se demande si le bac tchadien n’a pas perdu sa crédibilité et son efficacité d’antan.


Le baccalauréat est un examen de fin d’études secondaires qui porte en lui une responsabilité de validité de niveau des connaissances aux aspirants qui veulent devenir des futures cadres et acteurs de développement de la nation. C’est aussi un passeport pour des études supérieures, une balance permettant de mesurer le poids du système éducatif tchadien qui se nourrit de beaux discours et de reformes qui le crédibilisent à peine. 

De l’addition des échoués à la multiplication des aventuriers audacieux par manque d’orientation à la base, le pléthore des candidats a été au rendez-vous pour la session d’août 2021 avec plus de 97.000 candidats contre 84.000 à la composition précédente qui n’a enregistré qu’un pourcentage de succès de 38,32%. Un taux de réussite au bac qui ne décolle pas de 30% depuis plus de quatre ans.

Loin de prédire un déluge pour ne pas dire un cataclysme de même nature, les indicateurs ne permettent pas de décliner avec précision à quand doit-on remonter de la descente aux enfers. Cette maigre destinée illumine un chemin difficile dont l’important pour les candidats est avant tout de ne pas aborder le roc en aveugle afin d’éviter de tomber du sommet de la montagne dans un fossé à feu. Pire, des responsables de l’éducation qui apprécient l’inconcevable pour plaire à la hiérarchie. Un autre coup de pioche non négligeable porté dans la creusée de ce fossé dans lequel s’achève toujours la chute libre des candidats au baccalauréat ces dernières années vient des crises socio-sanitaires ayant donné à l’école un nouveau rythme de fonctionnement avec une nouvelle naissance des enseignants cousins de la paresse.

Des programmes scolaires charcutés à volonté, des journées pédagogiques multipliées à dessein, pour ne pas parler des enseignants fantômes qui désertent les cours sans crainte de représailles et qui sortent de la pénombre aux moments des paies des salaires, sont non plus négligeables. À ces misérables professionnels, s’ajoute l’impressionnante naissance des écoles privées qui ne sont que de nom. Des établissements commerciaux dans lesquels la médiocrité et la nullité sont cultivées et entretenues au même titre que l’excellence sous d’autres cieux. Passages complaisants et orientations fantaisistes qui englobent des élèves fantasmés ; grossissant le nombre des candidats afin d’alimenter le taux d’échec.

Quand arrive le bac, sortent du lot des candidats mercenaires, des va-t’en guerre armés de sujets traités jusqu’aux dents, et des balistiques vendus à la criée qu’ils rangent soigneusement de côté partout et nulle part, des sujets placés en mode furtif loin des radars des surveillants. C’est un aveu d’un système fébrile qui reste incertain.

Autant de merveille pronostiquée à l’École tchadienne, le baccalauréat demeure un véritable scanner qui met à nu son état de santé. Nul besoin des états généraux ou des ateliers de réflexion sur l’éducation avec des coupés collés des recommandations et résolutions pour diagnostiquer le mal. Qui sait si demain sera un autre jour, même si tous les jours sont les mêmes sous le ciel tchadien. En attendant ces nouveaux jours, que tous les acteurs concernés y réfléchissent profondément.

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