Les flux financiers illicites (FFI) représentent les maux les plus graves et constituent un défi embarrassant pour le développement de l’Afrique en raison des milliards de dollars que les pays africains perdent illicitement chaque année au profit des autres continents. Il va des contrats officieux et des conventions financières signées par les politiques africains, les hommes d’affaire du continent noir et les sociétés multinationales occidentales en particulier celles de l’Europe. Les FFI sont de sommes d’argent qui sont gagnées, transférées ou utilisées irrégulièrement dans un contexte transnational. Ils privent ainsi l’Afrique de moyens financiers dont elle a ardemment besoin pour assurer sa croissance économique, sa transformation structurelle, son développement socio-économique et ses efforts dans la lutte contre la pauvreté. Comme les Flux Financiers illicites en provenance d’Afrique sont entretenus par certains Etats occidentaux comme la France, surtout dans le secteur de l’exploitation des ressources naturelles, les accords occultes s’enchainent au profit des individus.
La conclusion d’une étude sur les flux financiers illicites en provenance d’Afrique, commandé par la Commission Economique des Nations-Unies pour l’Afrique en 2012 est accablante et donne de vertige. De 1970-2008, l’Afrique a perdu des sommes estimées à près de 854 milliards de dollars américains en FFI, une moyenne annuelle de 22
milliard de dollars. A l’heure actuelle, le continent perd près de 50 milliards de dollars par an en flux financiers illicites. Selon le même rapport, les FFI ont augmenté de près de 15,7% entre 1999-2009 en Afrique Subsaharienne. Quels enjeux économiques ? Les éléments constituants des FFI sont nombreux, néanmoins quelques uns sont
régulièrement cités en Afrique. Le vol, le soudoiement et autres formes de corruption ; les activités criminelles comme le trafic de drogue, le blanchissement d’argent, le racket et la contrefaçon ; les transactions commerciales internationales, incluant l’évasion fiscale, les fausses facturations et la surfacturation sont les cas les plus
fréquents en Afrique. Tous ces actes sont dus notamment aux activités des multinationales.
Conscients des effets néfastes des FFI sur l’Afrique et son économie, la 4ème Réunion Annuelle Conjointe des Ministres des Finances, du Plan et du Développement Economique de l’Union Afrique et de la Commission Economique pour l’Afrique a adopté la résolution L8 portant la création du Groupe de personnalités de haut niveau sur les FFI. Ce groupe de personnalités a pour objectif : déterminer la nature et les formes de flux financiers illicites ; établir le niveau des flux financiers illicites qui quittent l’Afrique ; Evaluer les implications complexes et à long terme des FFI sur le développement et de sensibiliser les gouvernements africains sur le phénomène. Le défi est titanesque et le groupe dirigé par le sud-africain Thabo Mbeki à du fil à retordre.