Situé en pleine zone d’influence de Boko Haram, le lac Tchad et ses nombreuses îles ont longtemps servi de base de repli à la secte islamiste. Depuis samedi, l’armée tchadienne a décidé de les en déloger en lançant une vaste opération militaire qui, jusqu’à présent, a fait 13 morts parmi les insurgés et 3 dans les rangs des militaires.
Pour éviter que des hommes de Boko Haram ne se cachent en plein jour parmi les villageois ou dans les maisons, «les autorités ont lancé une opération pour évacuer la population des îles […]. Presque 90% des habitants ont déjà rejoint la terre ferme», a indiqué une source proche de l’enquête à l’AFP. Pourtant, les combattants terroristes seraient parvenus à enlever des femmes et des enfants, 30 personnes en tout, selon Reuters.
Fuite précipitée de la population
C’est que l’évacuation des îles n’est pas si facile. Une action similaire lancée par le Nigeria en mai a eu des répercussions importantes sur les populations des îles. Interviewé par la chaîne allemande DW, le dirigeant de l’ONG nigériane Alternative Citizens Space expliquait : «Le gouvernement a envoyé une sorte de menace, nous faisant comprendre que quiconque n’ayant pas quitté les îles serait considéré comme un membre de Boko Haram.» Les habitants ont quitté précipitamment leurs foyers pour finalement se retrouver sans vraie solution de logement à leur arrivée, pris entre deux eaux.
L’opération a démarré dans le contexte des interventions menées par la Force d’intervention conjointe multinationale (MNJTF), lancées au début de l’année par le Tchad, le Cameroun, le Nigeria et le Niger pour lutter contre Boko Haram. Tandis que le Tchad a été prompt à mettre en marche sa réponse militaire face aux attaques de la secte, ses trois voisins peinent à démarrer la leur. Mercredi, le président nigérian Muhammadu Buhari sera en déplacement au Cameroun, pour évoquer la question de Boko Haram. Son porte-parole a indiqué à l’AFP que les troupes promises par le Nigeria pour la MNJTF seront dépêchées d’ici le 30 juillet.