Oustaz Mahamat Yacoub est décédé le 24 octobre 1994.
http://www.alwihdainfo.com/Reportage-Lycee-Mahamat-Yacoub-Dabio_v1445901.html
Oustaz Mahamat Yacoub Dobio
Mahamat Yacoub Dabio est né vers 1933 au Tchad, dans le village de Adouksi non loin de la ville d'Abéché (dans le Ouaddaï), son père Yacoub est originaire du village de Gamara à 12 km de la ville de Biltine et sa mère est de Gozbeida (DarSila). Ci-dessous l’itinéraire de celui qui fût probablement un des premiers sans papiers d’Afrique et du Tchad. En ces temps pas si lointains, l’immigration était culturelle. Nos anciens, voulaient connaître le monde et recherchaient la connaissance.
Après avoir apprit le coran dans le village, Mahamat Yacoub rentre à pieds au Soudan avant d'arriver en Egypte avec un seul objectif celui de s'inscrire à l'Université d'Al-Azhar. Quand il se présente à Al-Azhar, une pièce d'identité lui est exigée mais lui, il est sans papier et ne sait même pas ce qu’est une pièce d'identité.
Le Tchad était sous colonisation française, il se dirige vers le consulat de France au Caire pour demander une carte consulaire. Peine perdu! Sa famille est pauvre et peu connu et le consulat n'a pas réussi à l'identifier au vu des informations fournies sur la fiche.
C'est là où un ami lui demande de donner le nom de Dabio, un chef de village très connu. C'est à partir de Dabio, que le consulat l'a reconnu et lui a délivré une carte consulaire.
Mahamat Yacoub Abdelwahit dit désormais Dabio commence son parcours à l'université. Lui qui n’est jamais allé à l'école, s'est retrouvé inscrit à l'institut d'Al-Azhar et c’est grâce à ses études coraniques qu'il a faites à Gamara puis à Adouksi, Marfa Chechane.
Après avoir décroché le baccalauréat, il s'inscrit à la faculté théologique d'Al-Azhar. Il se marie à une égyptienne en 1954. Revenu en 1960 pour des vacances au Tchad, il réalise qu'il a un devoir celui d'aider les villageois à scolariser leurs enfants. Il refuse de retourner en Egypte, intègre la fonction publique et s'installe à Abéché.
Mahamat Yacoub était polygame; il se marie à une Maba (ouaddaienne) de Marfa Chechane, là où il a fini ses études coraniques et à une troisième arabe d'Abéché. Au total il a eu 18 enfants dont six de l'égyptienne, quatre de son épouse ouaddaënne et huit de son épouse arabe. Que son âme repose en paix, Mahamat Yacoub qui a laissé un bon souvenir à Abéché, a réussi à fonder une grande famille, lui donnant une éducation dont la base est la religion musulmane. Il a imposé à tous ses enfants, garçons comme filles d’apprendre le Coran, une priorité dans sa manière de former et d'éduquer.
Aujourd'hui, la progéniture du Dabio se compose de 148 personnes (octobre 2009).
Mahamat Yacoub qu'on appelle communément dans le Ouaddaï Oustaz, était Imam d'une Mosquée à Abéché. « Cheikh » du quartier, il passe son temps à réconcilier les uns et les autres, à résoudre des problèmes, à donner des cours de théologie. Mahamat Yacoub sillonnait des villages pour inciter des villageois à inscrire leurs enfants à l’école. Il était à l’origine de la création de plusieurs «écoles de paille» dans des villages. Il n'a pas manqué de conseiller à ses enfants d'éviter la politique qu’il déteste la qualifiant d'une activité sans issue, de mensonge et d'hypocrisie. Malgré cela, il a subi les effets de la politique.
En effet, en avril 1968, lors d'une attaque dans la ville de Gozbeida par la première armée du Frolinat, il fut brutalement blessé et perdit une main. Un mois plus tard, il reçoit une lettre d'excuse du bureau du Frolinat de Nyala (Soudan). Les rebelles avaient attaqué le quartier des fonctionnaires et tout fonctionnaire de l'état à cette époque est considéré de "mécréant" qu’il faut abattre.
Mahamat Yacoub en état de comas a été sauvé grâce à une intervention rapide du gouvernement de Tombalbaye qui l'a transporté de Gozbeida à Abéché en avion (Broussard).
Le 12 février 1979, lors des affrontements militaires entre les forces gouvernementales et celles du premier ministre Hissène Habré, un obus perdu frappe sa maison, son épouse égyptienne et une de ses filles décèdent, Mahamat Yacoub- Dabio est grièvement blessé. Il a passé plus de six mois sans pouvoir se lever.
En janvier 1994, Mahamat Yacoub est arrêté par les forces gouvernementales, torturé et humilié. Il a passé deux semaines, pour la première fois, en prison, avant d'être libéré, grâce à l'intervention du préfet d'Abéché, à l'époque, Youssouf Togoïmi, qui a jugé anormal d'accuser cette personnalité qui n'a rien avoir avec la politique. En effet, Mahamat Yacoub Dabio a été accusé de soutenir les rebelles du Front National du Tchad (FNT) qui avaient attaqué et occupé la veille la ville d'Abéché.
En effet, le vice président du FNT, le colonel Ibrahim Zahab Libiss qui est son proche, résidait chez Mahamat Yacoub. Pour l'histoire, Ibrahim Zahab Libiss a été sommairement exécuté et à présent son corps n'a pas été trouvé.
Quant à Mahamat Yacoub, il a été arrêté chez lui avec un de ses neveux, Ali âgé de 14 ans. Ils ont été conduits sur la route de Biltine où l'enfant Ali a été sauvagement abattu et Mahamat Yacoub n'a eu la vie sauve que grâce à un combattant qui s'est opposé à son exécution.
Son humiliation devant ses enfants, la mort sous ses yeux de son neveu et la disparition de son proche Ibrahim Zahab Libiss l'a sérieusement affecté. Il ne s'est jamais remis de cet événement. Il est tombé malade pendant plusieurs mois jusqu'à ce qu'il rende l'âme le 24 octobre 1994.
C'est après son décès que les parents des élèves et certains dignitaires ont demandé au gouvernement de donner le nom de Mahamat Yacoub Dabio au collège d'Abéché.
La décision a été facilitée par le ministre de l'éducation de l'époque Mahamat Ahmat Alhabo. La famille Mahamat Yacoub Dabio lui en est reconnaissante.
Groupe © Alwihda
Après avoir apprit le coran dans le village, Mahamat Yacoub rentre à pieds au Soudan avant d'arriver en Egypte avec un seul objectif celui de s'inscrire à l'Université d'Al-Azhar. Quand il se présente à Al-Azhar, une pièce d'identité lui est exigée mais lui, il est sans papier et ne sait même pas ce qu’est une pièce d'identité.
Le Tchad était sous colonisation française, il se dirige vers le consulat de France au Caire pour demander une carte consulaire. Peine perdu! Sa famille est pauvre et peu connu et le consulat n'a pas réussi à l'identifier au vu des informations fournies sur la fiche.
C'est là où un ami lui demande de donner le nom de Dabio, un chef de village très connu. C'est à partir de Dabio, que le consulat l'a reconnu et lui a délivré une carte consulaire.
Mahamat Yacoub Abdelwahit dit désormais Dabio commence son parcours à l'université. Lui qui n’est jamais allé à l'école, s'est retrouvé inscrit à l'institut d'Al-Azhar et c’est grâce à ses études coraniques qu'il a faites à Gamara puis à Adouksi, Marfa Chechane.
Après avoir décroché le baccalauréat, il s'inscrit à la faculté théologique d'Al-Azhar. Il se marie à une égyptienne en 1954. Revenu en 1960 pour des vacances au Tchad, il réalise qu'il a un devoir celui d'aider les villageois à scolariser leurs enfants. Il refuse de retourner en Egypte, intègre la fonction publique et s'installe à Abéché.
Mahamat Yacoub était polygame; il se marie à une Maba (ouaddaienne) de Marfa Chechane, là où il a fini ses études coraniques et à une troisième arabe d'Abéché. Au total il a eu 18 enfants dont six de l'égyptienne, quatre de son épouse ouaddaënne et huit de son épouse arabe. Que son âme repose en paix, Mahamat Yacoub qui a laissé un bon souvenir à Abéché, a réussi à fonder une grande famille, lui donnant une éducation dont la base est la religion musulmane. Il a imposé à tous ses enfants, garçons comme filles d’apprendre le Coran, une priorité dans sa manière de former et d'éduquer.
Aujourd'hui, la progéniture du Dabio se compose de 148 personnes (octobre 2009).
Mahamat Yacoub qu'on appelle communément dans le Ouaddaï Oustaz, était Imam d'une Mosquée à Abéché. « Cheikh » du quartier, il passe son temps à réconcilier les uns et les autres, à résoudre des problèmes, à donner des cours de théologie. Mahamat Yacoub sillonnait des villages pour inciter des villageois à inscrire leurs enfants à l’école. Il était à l’origine de la création de plusieurs «écoles de paille» dans des villages. Il n'a pas manqué de conseiller à ses enfants d'éviter la politique qu’il déteste la qualifiant d'une activité sans issue, de mensonge et d'hypocrisie. Malgré cela, il a subi les effets de la politique.
En effet, en avril 1968, lors d'une attaque dans la ville de Gozbeida par la première armée du Frolinat, il fut brutalement blessé et perdit une main. Un mois plus tard, il reçoit une lettre d'excuse du bureau du Frolinat de Nyala (Soudan). Les rebelles avaient attaqué le quartier des fonctionnaires et tout fonctionnaire de l'état à cette époque est considéré de "mécréant" qu’il faut abattre.
Mahamat Yacoub en état de comas a été sauvé grâce à une intervention rapide du gouvernement de Tombalbaye qui l'a transporté de Gozbeida à Abéché en avion (Broussard).
Le 12 février 1979, lors des affrontements militaires entre les forces gouvernementales et celles du premier ministre Hissène Habré, un obus perdu frappe sa maison, son épouse égyptienne et une de ses filles décèdent, Mahamat Yacoub- Dabio est grièvement blessé. Il a passé plus de six mois sans pouvoir se lever.
En janvier 1994, Mahamat Yacoub est arrêté par les forces gouvernementales, torturé et humilié. Il a passé deux semaines, pour la première fois, en prison, avant d'être libéré, grâce à l'intervention du préfet d'Abéché, à l'époque, Youssouf Togoïmi, qui a jugé anormal d'accuser cette personnalité qui n'a rien avoir avec la politique. En effet, Mahamat Yacoub Dabio a été accusé de soutenir les rebelles du Front National du Tchad (FNT) qui avaient attaqué et occupé la veille la ville d'Abéché.
En effet, le vice président du FNT, le colonel Ibrahim Zahab Libiss qui est son proche, résidait chez Mahamat Yacoub. Pour l'histoire, Ibrahim Zahab Libiss a été sommairement exécuté et à présent son corps n'a pas été trouvé.
Quant à Mahamat Yacoub, il a été arrêté chez lui avec un de ses neveux, Ali âgé de 14 ans. Ils ont été conduits sur la route de Biltine où l'enfant Ali a été sauvagement abattu et Mahamat Yacoub n'a eu la vie sauve que grâce à un combattant qui s'est opposé à son exécution.
Son humiliation devant ses enfants, la mort sous ses yeux de son neveu et la disparition de son proche Ibrahim Zahab Libiss l'a sérieusement affecté. Il ne s'est jamais remis de cet événement. Il est tombé malade pendant plusieurs mois jusqu'à ce qu'il rende l'âme le 24 octobre 1994.
C'est après son décès que les parents des élèves et certains dignitaires ont demandé au gouvernement de donner le nom de Mahamat Yacoub Dabio au collège d'Abéché.
La décision a été facilitée par le ministre de l'éducation de l'époque Mahamat Ahmat Alhabo. La famille Mahamat Yacoub Dabio lui en est reconnaissante.
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