Makaila Nguebla, le blogueur tchadien expulsé par le Sénégal vers la Guinée.
DR
RFI : Vous avez obtenu un visa longue durée pour la France, quelle est votre première réaction?
Makaïla Nguebla : Je suis très content et heureux. C’est un soulagement et un dénouement en même temps. Vous savez ça fait pratiquement dix ans que je suis à l’étranger, je suis privé de mon passeport tchadien et de ma carte d’identité nationale tchadienne. J’étais également privé au Sénégal, depuis sept ans, de mon statut de réfugié politique. Tous mes droits ont été bafoués. Donc, je remercie la France parce qu’elle a restauré ma dignité, parce que la France une fois de plus a montré son attachement aux valeurs universelles des droits de l’homme, notamment la liberté en général et la liberté d’expression en particulier.
Est-ce que cela vous a surpris ?
Cela ne m’a pas surpris dans la mesure où je connais un peu la France en tant que terre d’asile, qui a toujours accueilli des opposants, des militants des droits de l’homme, des journalistes et toutes autres personnes persécutées dans leur pays respectif.
Il faut dire que dans votre démarche, vous avez été soutenu par plusieurs associations.
J’ai été soutenu par Reporters sans frontières, Amnesty International, de très hautes personnalités françaises, notamment des députés, mais aussi des chercheurs, des journalistes, pour demander à la France de m’accueillir.
Vous êtes Tchadien. Ces dernières années, vous avez donc vécu à Dakar où vous avez animé un blog sur le Tchad. Mais le 7 mai, vous avez été expulsé du Sénégal vers la Guinée-Conakry. Qui était derrière cette expulsion à votre avis ?
Je pense que Jean-Bernard Padaré, le ministre de la Justice tchadienne, en est responsable. Le président Idriss Deby aussi.
Vous avez donc été harcelé ces derniers mois, mais d’autres journalistes tchadiens, eux, à Ndjamena, sont en prison...
C’est un triste constat que des journalistes soient arrêtés. Notamment Eric Topona qui est journaliste à la radio nationale tchadienne et aussi secrétaire général de l’Union des journalistes tchadiens (UJT). Il y a Moussa Avenir Dela Tchiré qui est directeur de publication de l’Abba Garde. Il y a aussi le cas de Jean-Etienne Laokolé qui a été arrêté à Ndjamena. Ces arrestations successives ont été condamnées et déplorées aussi bien au niveau national qu’international. Cela montre l’attention particulière portée sur ces arrestations au Tchad.
Ce qui est reproché à vos confrères aujourd’hui en prison, c’est d’avoir eu des échanges avec vous...
Non, je démens cette information. Je n’ai pas eu d’échanges avec Eric Topona, ni avec Avenir Dela Tchiré, encore moins avec Jean-Etienne Laokolé. J’ai évité d’avoir des contacts avec ces personnes qui sont à Ndjamena. Moi je suis très loin de Ndjamena et nous ne sommes pas en sécurité.
Ce visa que vous accorde la France, est-ce que cela peut être un message pour vos confrères tchadiens ?
C’est un signal fort effectivement que la France envoie en direction de Ndjamena pour je pouvoir libère le plus urgemment possible ces journalistes. Leur place n’est pas en prison, mais plutôt dans une rédaction. Il faut dire que la France, déjà dans un communiqué de presse publié par le ministère des Affaires étrangères, avait condamné ces arrestations. Ça montre l’inquiétude de la France ou son attachement à la question de la liberté de la presse au Tchad.
Ce dimanche 14 juillet, des troupes africaines et notamment tchadiennes ont défilé sur les Champs-Elysées à Paris. Votre visa vous a été accordé quelques jours plus tôt, est-ce une simple coïncidence ?
C’est une coïncidence, mais une coïncidence heureuse. La démarche de la France est une démarche humanitaire. Cela n’a rien à voir avec la présence de troupes africaines sur les Champs-Elysées.
Votre blog connaît un certain succès, mais beaucoup disent que vos informations ne sont pas toujours fiables et que vous colportez plus de rumeurs que d’informations ?
Si, aujourd’hui, mon blog a une telle influence, ça veut dire qu’il y a du sérieux dedans. Je tiens compte des condamnations et des propos de mes détracteurs. Cela peut venir du pouvoir en place, mais le fait que ce blog soit aujourd’hui sur TV5, trié parmi les blogs francophones et au niveau mondial, ça montre une attention particulière portée à ce blog par une large opinion internationale.
Mais quand on est loin du Tchad, est-ce qu’on n’a pas tendance à se sentir à l’abri de toute poursuite judiciaire et donc à déraper éventuellement ?
Je n’ai pas dérapé parce que tout ce que nous disons sur le Tchad reflète la stricte réalité du pays. Donc je ne vois aucun dérapage.
Mais franchement quelques fois, il n’y a pas de calomnies contre le régime tchadien sur votre blog ?
Parler de calomnies, ça n’a rien à voir avec les actes que posent aujourd’hui le régime d’Idriss Déby à l’encontre du peuple tchadien qui, effectivement, depuis 23 ans, est opprimé.
Makaïla Nguebla : Je suis très content et heureux. C’est un soulagement et un dénouement en même temps. Vous savez ça fait pratiquement dix ans que je suis à l’étranger, je suis privé de mon passeport tchadien et de ma carte d’identité nationale tchadienne. J’étais également privé au Sénégal, depuis sept ans, de mon statut de réfugié politique. Tous mes droits ont été bafoués. Donc, je remercie la France parce qu’elle a restauré ma dignité, parce que la France une fois de plus a montré son attachement aux valeurs universelles des droits de l’homme, notamment la liberté en général et la liberté d’expression en particulier.
Est-ce que cela vous a surpris ?
Cela ne m’a pas surpris dans la mesure où je connais un peu la France en tant que terre d’asile, qui a toujours accueilli des opposants, des militants des droits de l’homme, des journalistes et toutes autres personnes persécutées dans leur pays respectif.
Il faut dire que dans votre démarche, vous avez été soutenu par plusieurs associations.
J’ai été soutenu par Reporters sans frontières, Amnesty International, de très hautes personnalités françaises, notamment des députés, mais aussi des chercheurs, des journalistes, pour demander à la France de m’accueillir.
Vous êtes Tchadien. Ces dernières années, vous avez donc vécu à Dakar où vous avez animé un blog sur le Tchad. Mais le 7 mai, vous avez été expulsé du Sénégal vers la Guinée-Conakry. Qui était derrière cette expulsion à votre avis ?
Je pense que Jean-Bernard Padaré, le ministre de la Justice tchadienne, en est responsable. Le président Idriss Deby aussi.
Vous avez donc été harcelé ces derniers mois, mais d’autres journalistes tchadiens, eux, à Ndjamena, sont en prison...
C’est un triste constat que des journalistes soient arrêtés. Notamment Eric Topona qui est journaliste à la radio nationale tchadienne et aussi secrétaire général de l’Union des journalistes tchadiens (UJT). Il y a Moussa Avenir Dela Tchiré qui est directeur de publication de l’Abba Garde. Il y a aussi le cas de Jean-Etienne Laokolé qui a été arrêté à Ndjamena. Ces arrestations successives ont été condamnées et déplorées aussi bien au niveau national qu’international. Cela montre l’attention particulière portée sur ces arrestations au Tchad.
Ce qui est reproché à vos confrères aujourd’hui en prison, c’est d’avoir eu des échanges avec vous...
Non, je démens cette information. Je n’ai pas eu d’échanges avec Eric Topona, ni avec Avenir Dela Tchiré, encore moins avec Jean-Etienne Laokolé. J’ai évité d’avoir des contacts avec ces personnes qui sont à Ndjamena. Moi je suis très loin de Ndjamena et nous ne sommes pas en sécurité.
Ce visa que vous accorde la France, est-ce que cela peut être un message pour vos confrères tchadiens ?
C’est un signal fort effectivement que la France envoie en direction de Ndjamena pour je pouvoir libère le plus urgemment possible ces journalistes. Leur place n’est pas en prison, mais plutôt dans une rédaction. Il faut dire que la France, déjà dans un communiqué de presse publié par le ministère des Affaires étrangères, avait condamné ces arrestations. Ça montre l’inquiétude de la France ou son attachement à la question de la liberté de la presse au Tchad.
Ce dimanche 14 juillet, des troupes africaines et notamment tchadiennes ont défilé sur les Champs-Elysées à Paris. Votre visa vous a été accordé quelques jours plus tôt, est-ce une simple coïncidence ?
C’est une coïncidence, mais une coïncidence heureuse. La démarche de la France est une démarche humanitaire. Cela n’a rien à voir avec la présence de troupes africaines sur les Champs-Elysées.
Votre blog connaît un certain succès, mais beaucoup disent que vos informations ne sont pas toujours fiables et que vous colportez plus de rumeurs que d’informations ?
Si, aujourd’hui, mon blog a une telle influence, ça veut dire qu’il y a du sérieux dedans. Je tiens compte des condamnations et des propos de mes détracteurs. Cela peut venir du pouvoir en place, mais le fait que ce blog soit aujourd’hui sur TV5, trié parmi les blogs francophones et au niveau mondial, ça montre une attention particulière portée à ce blog par une large opinion internationale.
Mais quand on est loin du Tchad, est-ce qu’on n’a pas tendance à se sentir à l’abri de toute poursuite judiciaire et donc à déraper éventuellement ?
Je n’ai pas dérapé parce que tout ce que nous disons sur le Tchad reflète la stricte réalité du pays. Donc je ne vois aucun dérapage.
Mais franchement quelques fois, il n’y a pas de calomnies contre le régime tchadien sur votre blog ?
Parler de calomnies, ça n’a rien à voir avec les actes que posent aujourd’hui le régime d’Idriss Déby à l’encontre du peuple tchadien qui, effectivement, depuis 23 ans, est opprimé.