INTERVIEW

Midjiyawa Bakari : « Nous encourageons l’ouverture des stations-service pour satisfaire la demande »


Alwihda Info | Par Ahmed Abdoul-Aziz - 13 Septembre 2024


Le gouverneur de la région de l’Extrême-Nord (Cameroun), revient sur les dispositions prises par son pays pour combattre le phénomène de la vente du carburant frelaté.


Suite à la flambée des prix du carburant plus connu par le nom Zoua-Zoua, vous avez pris des mesures pour éviter le pire. Peut-on revenir sur les raisons la rencontre initiée à cet effet ?
Cette rencontre vise à sensibiliser les forces vives à l'utilisation du carburant. Ce n’est un secret pour personne que des pays voisins ont levé les subventions sur le carburant. Ce qui a provoqué la flambée des prix aussi dans notre région de ce carburant. Cette subvention faisait inonder notre région des produits, disons un peu frelatés, dont le coût est différent de celui que nous avons dans nos stations conventionnelles.

Aujourd'hui que cette subvention est élevée, nous nous sommes rendus compte qu’immédiatement ce carburant dit frelaté concurrence déjà les prix qu'affichent nos stations-services, et à coup sûr, ils même vont les dépasser. Il faut noter que le carburant au Cameroun est encore subventionné. Donc, il était question pour nous, de trouver des voies et moyens pour parer au plus pressé. Voilà pourquoi une rencontre a été élargie aux opérateurs économiques, autorités administratives et toutes les forces vives.

Quel est l’objectif recherché à travers cette mobilisation des opérateurs économiques ?
L'idée de base c'est de créer des stations-services partout où besoin est, afin que nous ayons du carburant en temps réel, et à un coût acceptable, et anéantir ainsi de fait l’importation de ce carburant dit frelaté. Je suis satisfait qu’au bout de la rencontre que nous avons eue, des promesses sont venues des opérateurs économiques qui ont avoué ne pas maîtriser les contours de ce secteur du carburant au Cameroun jugé parfois un peu mystique. Mais ils sont disposés à aller vers les services compétents pour avoir la procédure et pouvoir ouvrir les stations.

À notre niveau, nous leur avons donné la garantie de mettre à leur disposition, des espaces pour construire ces stations-services. L’autre chose qui préoccupe, c’est qu’il est question pour nous de prendre les mesures immédiates, et de discriminer ceux qui peuvent l'être pour informer la hiérarchie. Entre autres, il est question de créer un centre de dépôt SCDP ici à Maroua, pour ravitailler toute la région.

Mais les jeunes sont assez impliqués dans cette activité….
Evidemment c’est une forte préoccupation pour les pouvoirs publics qui ne négligent pas cet aspect. Il est question pour nous de voir comment recycler ces jeunes qui font dans la vente de ce carburant frelaté, et on le sait très bien, ils sont très nombreux. Et là je crois que les mairies nous ont donné les garanties. Certainement, le ministère de la Jeunesse et la hiérarchie seront saisis avec des dossiers maturés, pour permettre de les intégrer dans les circuits économiques.
Autre chose, c'est que les mairies et le Conseil régional nous ont signifié leur volonté de se mettre dans la filière carburant, et créer les stations où besoin se trouve pour satisfaire la demande sans cesse croissante.

Qu’en est-il des dommages créés par la manipulation de ce produit par les mains non expertes ?
Il faut également souligner que le carburant frelaté qui nous vient de l'étranger a causé pas mal de torts à la population camerounaise. Nous avons enregistré des pertes en vies humaines, des incendies, des dégâts matériels, des préjudices énormes. En orientant les uns et les autres vers les stations conventionnelles, on se serait mis à l'abri de tous ces fléaux, parce que pour nous, pour le chef de l'État, rien ne vaut une vie.
C'est pour cela que lors de cette réunion, nous sommes tous tombés d'accord pour trouver des solutions à court, moyen et long terme, pour solutionner ce problème.

Cette interview a été réalisée grâce à une subvention accordée par le projet « Investigative Reporting Workshop for Journalists in Cameroon », mis en œuvre par la Cameroon Association of English-Speaking Journalists (CAMASEJ) et financé par l'ambassade des États-Unis à Yaoundé.
 


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