ANALYSE

N'Djamena, capitale du Tchad : Une erreur monumentale qui doit être rectifiée


Alwihda Info | Par Martin Higdé Ndouba - 19 Juin 2023


N'Djamena, fondée en 1900 par l'armée française sous le nom de Fort Lamy et rebaptisée en 1973, ne parvient toujours pas à répondre aux besoins d'une capitale administrative digne de ce nom, même après 50 ans d'indépendance. Enclavée avec seulement deux ponts, elle souffre d'une circulation difficile entre le centre-ville et les quartiers situés sur la rive. Son climat est également extrême tout au long de l'année, avec des périodes de pluie, de chaleur intense et de froid. Aucune des dix communes de la ville n'a connu de réelle progression en termes d'urbanisation, et des zones construites anarchiquement subsistent encore.


La ville de N'Djamena en début de saison pluvieuse. © Mbaïnaissem Gédéon/Alwihda Info
La ville ne présente aucune attraction en termes d'infrastructures telles que des gratte-ciels, des hôtels, des parcs, des espaces verts ou des routes bien aménagées. En réalité, se repérer dans la capitale tchadienne se fait principalement en utilisant les mosquées, les églises, les établissements d'enseignement, les lieux de restauration, les auberges et les rues portant les noms de personnalités politiques. En un mot, il n'y a pas de bâtiments publics ni de noms de rues secondaires en tant que points de référence.

Bien que N'Djamena reste la deuxième ville économique du pays après Moundou, son activité industrielle se limite principalement aux boissons, aux matériaux de construction et aux abattoirs. Son économie est dominée par les activités commerciales, notamment les échanges de produits de première nécessité avec le Cameroun via Kousseri. Cependant, la ville ne dispose d'aucune route asphaltée reliant les pays voisins pour faciliter les échanges avec N'Djaména.

En raison de la croissance démographique et de l'absence d'un plan d'aménagement urbain adéquat, la capitale tchadienne donne aujourd'hui l'image d'un petit village. Les problèmes d'inondation, d'électrification et de manque de planification des quartiers persistent et semblent insolubles. Malgré le fait que N'Djamena rassemble différentes ethnies du pays, elle souffre d'un taux d'alphabétisation faible. Comment peut-on rendre une ville attrayante avec une mentalité traditionnelle ?

De nombreux pays ont abandonné leur capitale pour diverses raisons. Une solution serait de changer la capitale du Tchad, tout comme d'autres l'ont fait. L'Égypte, par exemple, a construit une nouvelle capitale pour attirer les investisseurs étrangers, car Le Caire, sa capitale précédente, était étouffée par ses 23 millions d'habitants, la crise du logement et les embouteillages quotidiens. Le Nigeria a également déplacé sa capitale administrative de Lagos à Abuja en 1976, car Lagos était menacée par l'érosion côtière et une surpopulation.

Avec la découverte de pétrole, les autorités auraient dû envisager la construction d'une nouvelle capitale, mais malheureusement les fonds ont été utilisés à d'autres fins. Des millions ont été investis dans la construction d'échangeurs inutiles. Comment peut-on attirer les investisseurs étrangers dans une capitale dépourvue d'infrastructures adéquates ? Cette question nécessite une réflexion approfondie. À l'ère moderne, il est nécessaire d'envisager un projet de nouvelle capitale.

Il est indéniablement honteux de constater que N'Djamena est considérée comme une capitale. À moins d'une vision nouvelle, comprenant notamment des infrastructures routières, des logements sociaux, l'électrification et bien d'autres améliorations, la ville restera à la traîne par rapport aux autres capitales modernes. Bien que l'on dise que Paris ne s'est pas construit en un jour, il est possible d'effacer N'Djamena de la carte et d'en construire une nouvelle.

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