Une caricature montrant les raisons de la manifestation prévue du 1er au 10 août. Photo : thisdaylive.com
Les manifestations prévues, organisées par le Mouvement Take It Back, visent à attirer l'attention sur l'escalade du coût de la vie, la faim généralisée et l'inefficacité perçue du gouvernement. Dans une lettre adressée à l'Inspecteur général de la police (IGP), Ebun-Olu Adegboruwa, l'avocat des organisateurs, a décrit les lieux spécifiques des manifestations, garantissant ainsi la transparence et un dialogue formel avec les autorités.
La lettre d'Adegboruwa soulignait la reconnaissance par les organisateurs, de l'engagement de l'IGP à défendre les droits des citoyens à la réunion publique. Il disait : « Notre client reconnaît l'engagement de l'Inspecteur général de la police à se conformer aux législations en vigueur accordant aux citoyens le droit de tenir des réunions publiques, des rassemblements publics et des cortèges publics, et à s'acquitter légalement des obligations imposées à la police de fournir des services adéquats, couverture et protection sur les sites.
Les manifestations n’ont pas été simples jusqu’à présent, car le gouvernement a fait tout ce qu’il pouvait pour les empêcher d’avoir lieu. Ces actions incluent une multitude de représentants du gouvernement et de gouverneurs élus, menaçant publiquement les manifestants. Il y a également eu des actions plus ridicules, comme des manifestations contre des manifestations planifiées.
Des manifestants rémunérés ont convergé vers l’île de Lagos, pour exprimer leur soutien au gouvernement dirigé par Tinubu, et ont appelé les autres jeunes à « éviter les manifestations violentes ».
Dans l’État de Bayelsa, des femmes ont été vues en masse avec des pancartes indiquant : « Dites non à manifester à Bayelsa ». Les efforts se sont également déroulés en ligne, avec le hashtag #SayNoToProtest. Les forces de sécurité ont été mises en état d'alerte maximale, la police d'Abuja ayant déployé plus de 4 000 agents en préparation.
L'armée a émis de sévères avertissements contre le fait de permettre à « l'anarchie » de s'installer, et le président Tinubu a mis en garde contre une escalade, déclarant : « Nous parlons de faim, pas d'enterrements. Nous devons être prudents ». Malgré les tentatives du gouvernement pour dissuader le public de participer, citant les efforts en cours pour répondre aux revendications des manifestants, les organisateurs restent déterminés. Le contexte économique dans lequel s’inscrivent ces manifestations ne peut être ignoré.
Les réformes économiques du président Bola Ahmed Tinubu, notamment la suppression des subventions sur les carburants, et le contrôle des changes, ont conduit à un triplement des prix de l'essence et à une flambée de l'inflation. Ces mesures, bien que visant à relancer l'économie du Nigeria, ont mis à rude épreuve les Nigérians ordinaires, avec une inflation alimentaire dépassant les 40 % et une famine se propageant, en particulier dans les régions du nord.
Comparaisons avec le Kenya
Les manifestations imminentes ont établi des parallèles avec les récents troubles au Kenya, où les citoyens sont descendus dans la rue pour s'opposer à de nouvelles taxes.
Les manifestations au Kenya, motivées par des revendications économiques similaires, ont entraîné d’importants revirements politiques. Cette comparaison a alimenté les spéculations sur l'impact potentiel et l'ampleur des manifestations au Nigeria, le pays le plus peuplé d'Afrique. Cependant, la situation au Nigeria présente des défis uniques. Les analystes préviennent qu’une réponse musclée des autorités pourrait aggraver les tensions. Le cabinet nigérian de conseil en risques (SBM) a souligné les risques d’une « confrontation qui pourrait échapper à tout contrôle ».
Le souvenir des manifestations #EndSARS de 2020, qui ont vu une violente répression de la part des forces de sécurité, reste important, renforçant les inquiétudes quant au potentiel de violence.
Voix des rues
Au milieu des préparatifs, les voix dans la rue reflètent un mélange de détermination et d’appréhension. Les militants espèrent une participation massive, notamment dans les grandes villes comme Lagos, Abuja et Kano. Cependant, de nombreux citoyens, bien que sympathiques à la cause, expriment leurs craintes quant à d’éventuelles violences et répercussions économiques.
Patience, une mère de 27 ans et vendeuse en bordure de route à Lagos, résume bien le dilemme auquel beaucoup sont confrontés. « Je voudrais me joindre aux manifestations parce que j'ai besoin d'un changement au Nigeria », a-t-elle déclaré.
Sa préoccupation immédiate est de gagner suffisamment d’argent pour subvenir aux besoins de son fils de neuf mois, dans un contexte de hausse des prix. « Si j'ai assez d'argent avant ce jour, j'irai », a-t-elle ajouté, soulignant les choix difficiles de nombreux Nigérians.
Le sentiment est tout aussi vif dans le nord, où l’impact économique a été particulièrement grave. Mansir, un enseignant de 32 ans à Kano, a exprimé sa détermination à participer. « Nous mourons en silence, et ce n'est que lorsque nous crions que le gouvernement comprendra ce que nous traversons », a-t-il déclaré, malgré les chefs religieux qui ont exhorté le public à éviter les rassemblements. Les manifestations prévues se déroulent dans un contexte de tensions historiques et de répressions antérieures des troubles civils.
En vérité, le pays traverse l’une des périodes les plus difficiles de son histoire. Il semble y avoir une raison constante de protester, et ce qui retient la population de le faire est une capacité profondément forte à endurer. En 2020, la limite a presque été dépassée lorsque les manifestations #EndSARS, qui ont commencé comme un mouvement contre la brutalité policière, se sont rapidement transformées en les plus grandes manifestations antigouvernementales de l'histoire moderne du Nigeria.
Avant que le projet n’ait gagné suffisamment de terrain pour conduire à un réel changement, la réaction violente des forces de sécurité, notamment l’assassinat de manifestants non armés au péage de Lekki, a mis fin au système. Ce souvenir reste un rappel brutal du potentiel de violence d’État.
Les manifestations à venir font également écho au mouvement « Occupy Nigeria » de 2012, qui avait vu des manifestations massives contre la suppression des subventions sur les carburants. La réponse du gouvernement à l'époque, comme aujourd'hui, a été marquée par un mélange de répression et de concessions.
La lettre d'Adegboruwa soulignait la reconnaissance par les organisateurs, de l'engagement de l'IGP à défendre les droits des citoyens à la réunion publique. Il disait : « Notre client reconnaît l'engagement de l'Inspecteur général de la police à se conformer aux législations en vigueur accordant aux citoyens le droit de tenir des réunions publiques, des rassemblements publics et des cortèges publics, et à s'acquitter légalement des obligations imposées à la police de fournir des services adéquats, couverture et protection sur les sites.
Les manifestations n’ont pas été simples jusqu’à présent, car le gouvernement a fait tout ce qu’il pouvait pour les empêcher d’avoir lieu. Ces actions incluent une multitude de représentants du gouvernement et de gouverneurs élus, menaçant publiquement les manifestants. Il y a également eu des actions plus ridicules, comme des manifestations contre des manifestations planifiées.
Des manifestants rémunérés ont convergé vers l’île de Lagos, pour exprimer leur soutien au gouvernement dirigé par Tinubu, et ont appelé les autres jeunes à « éviter les manifestations violentes ».
Dans l’État de Bayelsa, des femmes ont été vues en masse avec des pancartes indiquant : « Dites non à manifester à Bayelsa ». Les efforts se sont également déroulés en ligne, avec le hashtag #SayNoToProtest. Les forces de sécurité ont été mises en état d'alerte maximale, la police d'Abuja ayant déployé plus de 4 000 agents en préparation.
L'armée a émis de sévères avertissements contre le fait de permettre à « l'anarchie » de s'installer, et le président Tinubu a mis en garde contre une escalade, déclarant : « Nous parlons de faim, pas d'enterrements. Nous devons être prudents ». Malgré les tentatives du gouvernement pour dissuader le public de participer, citant les efforts en cours pour répondre aux revendications des manifestants, les organisateurs restent déterminés. Le contexte économique dans lequel s’inscrivent ces manifestations ne peut être ignoré.
Les réformes économiques du président Bola Ahmed Tinubu, notamment la suppression des subventions sur les carburants, et le contrôle des changes, ont conduit à un triplement des prix de l'essence et à une flambée de l'inflation. Ces mesures, bien que visant à relancer l'économie du Nigeria, ont mis à rude épreuve les Nigérians ordinaires, avec une inflation alimentaire dépassant les 40 % et une famine se propageant, en particulier dans les régions du nord.
Comparaisons avec le Kenya
Les manifestations imminentes ont établi des parallèles avec les récents troubles au Kenya, où les citoyens sont descendus dans la rue pour s'opposer à de nouvelles taxes.
Les manifestations au Kenya, motivées par des revendications économiques similaires, ont entraîné d’importants revirements politiques. Cette comparaison a alimenté les spéculations sur l'impact potentiel et l'ampleur des manifestations au Nigeria, le pays le plus peuplé d'Afrique. Cependant, la situation au Nigeria présente des défis uniques. Les analystes préviennent qu’une réponse musclée des autorités pourrait aggraver les tensions. Le cabinet nigérian de conseil en risques (SBM) a souligné les risques d’une « confrontation qui pourrait échapper à tout contrôle ».
Le souvenir des manifestations #EndSARS de 2020, qui ont vu une violente répression de la part des forces de sécurité, reste important, renforçant les inquiétudes quant au potentiel de violence.
Voix des rues
Au milieu des préparatifs, les voix dans la rue reflètent un mélange de détermination et d’appréhension. Les militants espèrent une participation massive, notamment dans les grandes villes comme Lagos, Abuja et Kano. Cependant, de nombreux citoyens, bien que sympathiques à la cause, expriment leurs craintes quant à d’éventuelles violences et répercussions économiques.
Patience, une mère de 27 ans et vendeuse en bordure de route à Lagos, résume bien le dilemme auquel beaucoup sont confrontés. « Je voudrais me joindre aux manifestations parce que j'ai besoin d'un changement au Nigeria », a-t-elle déclaré.
Sa préoccupation immédiate est de gagner suffisamment d’argent pour subvenir aux besoins de son fils de neuf mois, dans un contexte de hausse des prix. « Si j'ai assez d'argent avant ce jour, j'irai », a-t-elle ajouté, soulignant les choix difficiles de nombreux Nigérians.
Le sentiment est tout aussi vif dans le nord, où l’impact économique a été particulièrement grave. Mansir, un enseignant de 32 ans à Kano, a exprimé sa détermination à participer. « Nous mourons en silence, et ce n'est que lorsque nous crions que le gouvernement comprendra ce que nous traversons », a-t-il déclaré, malgré les chefs religieux qui ont exhorté le public à éviter les rassemblements. Les manifestations prévues se déroulent dans un contexte de tensions historiques et de répressions antérieures des troubles civils.
En vérité, le pays traverse l’une des périodes les plus difficiles de son histoire. Il semble y avoir une raison constante de protester, et ce qui retient la population de le faire est une capacité profondément forte à endurer. En 2020, la limite a presque été dépassée lorsque les manifestations #EndSARS, qui ont commencé comme un mouvement contre la brutalité policière, se sont rapidement transformées en les plus grandes manifestations antigouvernementales de l'histoire moderne du Nigeria.
Avant que le projet n’ait gagné suffisamment de terrain pour conduire à un réel changement, la réaction violente des forces de sécurité, notamment l’assassinat de manifestants non armés au péage de Lekki, a mis fin au système. Ce souvenir reste un rappel brutal du potentiel de violence d’État.
Les manifestations à venir font également écho au mouvement « Occupy Nigeria » de 2012, qui avait vu des manifestations massives contre la suppression des subventions sur les carburants. La réponse du gouvernement à l'époque, comme aujourd'hui, a été marquée par un mélange de répression et de concessions.
Des Nigérians protestent contre la manifestation prévue. Photo : Vangaurdngr.com
Des manifestants brandissent un drapeau kenyan lors d’une manifestation à Nairobi, au Kenya, le 23 juillet 2024. Photo : voanews.com