Par Magloire LAMINE
La crise centrafricaine qui perdure depuis plus de deux ans est un véritable paradoxe, une sorte d'inextricable nœud gordien pour tout observateur extérieur, non coutumier des irrationalités centrafricaines.
Car difficile de comprendre qu'un pays tout entier, pour autant qu'il en ait encore l'existence, s'enflamme ainsi sans raison dans une guerre civile, et surtout l'entretient, sans aucune justification cohérente ni apparente.
Des centrafricains tuent des centrafricains, trouvent en eux-mêmes des adversaires à haïr et à massacrer.
De faux prétextes en faux prétextes, la seule certitude, c'est toujours l'incertitude du lendemain, et la culture du "NO FUTURE".
D'autant plus que ceux qui autocratiquement se sont arrogé le droit de diriger le pays ont signé un PACTE FAUSTIEN : par des collusions avec ceux mêmes qu'ils sont censés combattre, au point d'en arriver à les légitimer.
Nul ne sait désormais plus qui est qui, la frontière entre le légal et l'illégal n'existe plus.
Tout dans ce pays n'est plus que RAPPORTS DE FORCE ET DE TERRORISME.
Un pays sans ennemi extérieur qui pourtant se suicide jour après jour, quitte même à agresser les rares tentant de lui tendre la main - les meurtres des humanitaires en sont quelques démonstrations.
Depuis 20 ans, l'ONU a inventé tous les acronymes possibles pour sauver ce pays.
La dernière en date, la MINUSCA, en attendant encore une autre ?
Car l'ONU nonobstant sa force et ses belles intentions, n'a rien changé en Oubangui Chari.
Et ce n'est pas ce qu'elle fait en RDC depuis 15 ans qui va nous rassurer. RIEN.
Si le fond, pour ne s'en tenir qu'à l'humanitaire est atteint, même s'il se creuse toujours, qu'en est-il de ce qu'il convient d'appeler LES AMBIGUÏTÉS CENTRAFRICAINES ?
Nous parlons là de POLITIQUE.
Centrafrique, pays failli depuis des décennies, pays clochard ne survivant que de par l'aumône internationale, ne sait plus à quel saint se vouer, et ne fait que cultiver les paradoxes, les ambiguïtés et les irrationalités décadentes.
Le paradoxe centrafricain veuille que cela soit l'incertain, le transitoire qui donne la mesure du pérenne.
Entendons-nous...
Depuis cette espèce de côte mal taillée dite "les Accords de Libreville", une situation politique inédite de transition depuis, dirige ce qui reste de la Centrafrique, en gros se limitant à sa capitale BANGUI, le reste du pays étant quasiment hors contrôle ou dans le pointillé.
Par définition, ce qui est transitoire est passager, pas prévu pour durer, encore moins pour avoir influence sur les conditions du futur. En principe...
Pourtant, nous assistons aux initiatives d'une Transition s'autorisant à instaurer les cadres du futur de la Centrafrique.
Comme si elle était planifiée pour durer en toute légitimité.
L'exemple de la Cheffe de l'Etat de transition agissant comme si elle était légitime et élue par le peuple est assez cocasse et parlant à cet effet.
Le Conseil National de la Transition (CNT), installé d'autorité comme substitut de l'Assemblée nationale centrafricaine se prépare à soumettre aux nationaux par référendum, une proposition de Constitution.
Ceci soulève une interrogation, Sur quelle légitimité démocratique ?
Cette transition politique est en principe appelée à disparaître.
Elle n'a donc aucun crédit pour influencer le futur politique du pays.
Ainsi, aussi ubuesque que cela soit, le prochain pouvoir centrafricain qui sera élu par le peuple, aura à se plier à une Constitution décidée par des transitoires issus d'un coup d'état.
C'est juridiquement parlant incompatible avec l'idée d'Etat de Droit que l'on veut voir émerger.
A moins de vouloir continuer à entretenir les crétineries d'une république banana avec la complicité des instances onusiennes !
Le C.N.T est disqualifié pour poser la moindre pierre du futur politique de la Centrafrique.
Il n'émane d'aucune légitimité populaire.
Qui l'a élu ?
Au nom de quoi ses "conseillers" vont-ils se mêler de l'écriture de la prochaine Constitution nationale - la loi des lois dans un pays, même si en Afrique centrale, ce n'est que bout de papier que personne ne respecte ?
Cela est d'autant plus prégnant, que toutes les personnalités de la Transition, selon leurs propres règles se sont disqualifiés pour les prochaines échéances politiques.
Aussi, reformulons la question autrement : Comment des individus juridiquement non qualifiés pour demain puissent-ils se permettre d'en dessiner les prochains contours politiques ?
Le bon sens et l'esprit du Droit Constitutionnel veulent qu'il ne peut appartenir qu'au(à) prochain(e) Chef(fe) de l'état, de soumettre une fois élu(e), au peuple une proposition de Constitution pour validation, car il(elle) seul(e) aura la légitimité des urnes pour cela.
Certainement pas aux "conseillers" du CNT ne représentant qu'eux-mêmes, et certainement pas le peuple centrafricain.
NE PEUT PROPOSER UNE CONSTITUTION AU PEUPLE QUE QUI A LEGITIMITE DE CE PEUPLE POUR LE FAIRE.
La situation centrafricaine actuelle est ce que l'on nomme en Droit, UNE DICTATURE.
En conséquence, il ne saurait être question que cela soit une dictature qui puisse décider des règles démocratiques.
La proposition à venir du CNT de Constitution est donc tout simplement illégale au vu de cette argumentation.
Et l'on voit mal le prochain président centrafricain subir des décisions du CNT. La logique voudrait qu'il annule cette Constitution du CNT, si d'aventure ce CNT va au bout de son idée.
Autre paradoxe....
Il est question de la mise en place prochaine d'une espèce de Cour pénale à Bangui pour juger les crimes et autres horreurs dans le pays.
Et dans le détail de la proposition, lit-on le pouvoir accordé à la présidente de la transition pour nommer des juges.
Une fois de plus, sur quelle légitimité ?
Et une fois de plus encore, il n'appartient aucunement aux autorités transitoires en RCA de mettre en place une institution judiciaire devant juger ceux qui les ont mis place.
C'est le serpent qui se mordrait la queue.
La transition en RCA fut mise en place par des chefs de bandes criminelles.
Ne perdons surtout pas ceci de vue, avant de les autoriser à mettre en place un outil judiciaire d'une telle importance, pouvant conditionner l'avenir.
Autant donner les clés du coffre fort d'une banque à ses propres voleurs.
L'absurde de ces choses est évidente, sauf manifestement pour la communauté internationale, notamment l'ONU, soutenant de telles mascarades et dénis de Droit.
Ainsi, s'il y a déjà une sanglante confusion sociale/humanitaire en RCA, celle politique l'est tout autant.
Le paraître, le faire semblant n'est pas être.
L'immaturité politique en RCA n'est plus à démontrer, inutile donc encore d'abonder dans la caricature du ridicule.
LE MANS 17 mars 2015
M.L
La crise centrafricaine qui perdure depuis plus de deux ans est un véritable paradoxe, une sorte d'inextricable nœud gordien pour tout observateur extérieur, non coutumier des irrationalités centrafricaines.
Car difficile de comprendre qu'un pays tout entier, pour autant qu'il en ait encore l'existence, s'enflamme ainsi sans raison dans une guerre civile, et surtout l'entretient, sans aucune justification cohérente ni apparente.
Des centrafricains tuent des centrafricains, trouvent en eux-mêmes des adversaires à haïr et à massacrer.
De faux prétextes en faux prétextes, la seule certitude, c'est toujours l'incertitude du lendemain, et la culture du "NO FUTURE".
D'autant plus que ceux qui autocratiquement se sont arrogé le droit de diriger le pays ont signé un PACTE FAUSTIEN : par des collusions avec ceux mêmes qu'ils sont censés combattre, au point d'en arriver à les légitimer.
Nul ne sait désormais plus qui est qui, la frontière entre le légal et l'illégal n'existe plus.
Tout dans ce pays n'est plus que RAPPORTS DE FORCE ET DE TERRORISME.
Un pays sans ennemi extérieur qui pourtant se suicide jour après jour, quitte même à agresser les rares tentant de lui tendre la main - les meurtres des humanitaires en sont quelques démonstrations.
Depuis 20 ans, l'ONU a inventé tous les acronymes possibles pour sauver ce pays.
La dernière en date, la MINUSCA, en attendant encore une autre ?
Car l'ONU nonobstant sa force et ses belles intentions, n'a rien changé en Oubangui Chari.
Et ce n'est pas ce qu'elle fait en RDC depuis 15 ans qui va nous rassurer. RIEN.
Si le fond, pour ne s'en tenir qu'à l'humanitaire est atteint, même s'il se creuse toujours, qu'en est-il de ce qu'il convient d'appeler LES AMBIGUÏTÉS CENTRAFRICAINES ?
Nous parlons là de POLITIQUE.
Centrafrique, pays failli depuis des décennies, pays clochard ne survivant que de par l'aumône internationale, ne sait plus à quel saint se vouer, et ne fait que cultiver les paradoxes, les ambiguïtés et les irrationalités décadentes.
Le paradoxe centrafricain veuille que cela soit l'incertain, le transitoire qui donne la mesure du pérenne.
Entendons-nous...
Depuis cette espèce de côte mal taillée dite "les Accords de Libreville", une situation politique inédite de transition depuis, dirige ce qui reste de la Centrafrique, en gros se limitant à sa capitale BANGUI, le reste du pays étant quasiment hors contrôle ou dans le pointillé.
Par définition, ce qui est transitoire est passager, pas prévu pour durer, encore moins pour avoir influence sur les conditions du futur. En principe...
Pourtant, nous assistons aux initiatives d'une Transition s'autorisant à instaurer les cadres du futur de la Centrafrique.
Comme si elle était planifiée pour durer en toute légitimité.
L'exemple de la Cheffe de l'Etat de transition agissant comme si elle était légitime et élue par le peuple est assez cocasse et parlant à cet effet.
Le Conseil National de la Transition (CNT), installé d'autorité comme substitut de l'Assemblée nationale centrafricaine se prépare à soumettre aux nationaux par référendum, une proposition de Constitution.
Ceci soulève une interrogation, Sur quelle légitimité démocratique ?
Cette transition politique est en principe appelée à disparaître.
Elle n'a donc aucun crédit pour influencer le futur politique du pays.
Ainsi, aussi ubuesque que cela soit, le prochain pouvoir centrafricain qui sera élu par le peuple, aura à se plier à une Constitution décidée par des transitoires issus d'un coup d'état.
C'est juridiquement parlant incompatible avec l'idée d'Etat de Droit que l'on veut voir émerger.
A moins de vouloir continuer à entretenir les crétineries d'une république banana avec la complicité des instances onusiennes !
Le C.N.T est disqualifié pour poser la moindre pierre du futur politique de la Centrafrique.
Il n'émane d'aucune légitimité populaire.
Qui l'a élu ?
Au nom de quoi ses "conseillers" vont-ils se mêler de l'écriture de la prochaine Constitution nationale - la loi des lois dans un pays, même si en Afrique centrale, ce n'est que bout de papier que personne ne respecte ?
Cela est d'autant plus prégnant, que toutes les personnalités de la Transition, selon leurs propres règles se sont disqualifiés pour les prochaines échéances politiques.
Aussi, reformulons la question autrement : Comment des individus juridiquement non qualifiés pour demain puissent-ils se permettre d'en dessiner les prochains contours politiques ?
Le bon sens et l'esprit du Droit Constitutionnel veulent qu'il ne peut appartenir qu'au(à) prochain(e) Chef(fe) de l'état, de soumettre une fois élu(e), au peuple une proposition de Constitution pour validation, car il(elle) seul(e) aura la légitimité des urnes pour cela.
Certainement pas aux "conseillers" du CNT ne représentant qu'eux-mêmes, et certainement pas le peuple centrafricain.
NE PEUT PROPOSER UNE CONSTITUTION AU PEUPLE QUE QUI A LEGITIMITE DE CE PEUPLE POUR LE FAIRE.
La situation centrafricaine actuelle est ce que l'on nomme en Droit, UNE DICTATURE.
En conséquence, il ne saurait être question que cela soit une dictature qui puisse décider des règles démocratiques.
La proposition à venir du CNT de Constitution est donc tout simplement illégale au vu de cette argumentation.
Et l'on voit mal le prochain président centrafricain subir des décisions du CNT. La logique voudrait qu'il annule cette Constitution du CNT, si d'aventure ce CNT va au bout de son idée.
Autre paradoxe....
Il est question de la mise en place prochaine d'une espèce de Cour pénale à Bangui pour juger les crimes et autres horreurs dans le pays.
Et dans le détail de la proposition, lit-on le pouvoir accordé à la présidente de la transition pour nommer des juges.
Une fois de plus, sur quelle légitimité ?
Et une fois de plus encore, il n'appartient aucunement aux autorités transitoires en RCA de mettre en place une institution judiciaire devant juger ceux qui les ont mis place.
C'est le serpent qui se mordrait la queue.
La transition en RCA fut mise en place par des chefs de bandes criminelles.
Ne perdons surtout pas ceci de vue, avant de les autoriser à mettre en place un outil judiciaire d'une telle importance, pouvant conditionner l'avenir.
Autant donner les clés du coffre fort d'une banque à ses propres voleurs.
L'absurde de ces choses est évidente, sauf manifestement pour la communauté internationale, notamment l'ONU, soutenant de telles mascarades et dénis de Droit.
Ainsi, s'il y a déjà une sanglante confusion sociale/humanitaire en RCA, celle politique l'est tout autant.
Le paraître, le faire semblant n'est pas être.
L'immaturité politique en RCA n'est plus à démontrer, inutile donc encore d'abonder dans la caricature du ridicule.
LE MANS 17 mars 2015
M.L