Aristide Briand
L’irrésistible montée, partout en Afrique, de l’empire social et politique des terroristes et autres malades, est sans doute l’un des évènements de notre époque, les plus difficiles à comprendre et à intégrer par nos grands leaders politiques.
Il ébranle nos institutions, nos cultures, nos systèmes de relations et, sans exagérer, nos mœurs mêmes. Nous sommes aux prises, avec ce que Marcel Mauss aurait appelé un phénomène social total.
L’aimable dialectique qui permettait, naguère, à ceux qui ont quelques expériences et à ceux qui ne comprennent rien à la vie, de résoudre leurs désaccords éventuels, s’est en plus d’un lieu, transformée en dialogue de sourds.
Pourtant, tous sont appelés à assumer ensemble un même et identique destin.
Lorsque dans la Grèce antique, le Général Tyrtée, parle à ses élèves, il les appelle « jeunesse citoyenne ! », « enfants de Sparte ! », car il ne s’adresse pas à eux comme une bande à part de la société lacédémonienne.
C’est à la vitalité qu’il parle. Il sait que la vie est une succession de passages, de gués à franchir, où se mêlent, confusément, bonheur ou nostalgie de l’avoir-été, souffrance ou nostalgie de l’être-là, désir ou angoisse de l’à-venir.
Il reçoit donc comme un cadeau, la rencontre avec les générations qui le précèdent comme avec elles qui le suivent. Cela suppose une humilité réciproque et une vue à long terme.
Au centre du continent africain, la Centrafrique est située au point amphidromique d’une porosité de frontières, que lui a imposé une complexe contigüité territoriale.
La continuité socioculturelle des diverses régions limitrophes se fait le vecteur d’un enchevêtrement de trajectoires criminelles, transcendant les limites frontalières des structures étatiques.
Il en résulte l’installation progressive d’une violence structurelle multi-céphale qui prolifère sur la disparition progressive de l’intégrité territoriale.
L’instabilité politique qui en est la source et la conséquence, devient quasi instantanément, instabilité sociale locale et phénomène aux conséquences internationales.
Boko Haram qui dans la région s’impose comme le leader de la violence antiétatique n’est pas éternelle si de la Centrafrique, il lui est imposé une difficulté tactique et opérationnelle, par récupération de la maîtrise d’un territoire et par multiplication des menaces qui lui sont imposées.
Ce livre tend à démontrer que le terrorisme peut trouver son achoppement en Centrafrique, par l’émergence imprévue d’un Etat fort en position centrale du continent.
Il s’agit de prouver que la restauration d’un pivot géostratégique de première classe au milieu de l’Afrique centrale, est une base certaine pour une politique de paix pour le continent tout entier et par là pour le monde.
***
De nombreux conflits traversent de part en part la Centrafrique, créant ici ou là, des zones de turbulence extrêmement dangereuses. Les populations s’y trouvent prises en otage et le nombre des victimes innocentes devient tous les jours plus important.
1. Le conflit centrafricain est régional
Il convient de rappeler que, depuis plus de dix ans, la RCA subit les effets négatifs des guerres qui se déroulent dans sa sous-région.
Celle sévissant dans la région des Grands Lacs, en accueillant des milliers de réfugiés de la RDC, du Burundi et du Rwanda mais également les conflits armés des pays voisins comme le Tchad et le Soudan (le conflit du Darfour).
Il importe donc de ne pas laisser dire que la situation actuelle serait simplement nationale. Elle ne l’est pas géographiquement, elle ne l’est pas historiquement, elle ne l’est pas socialement, elle ne l’est pas militairement, elle ne l’est pas politiquement.
2. Il importe de lutter contre la pénétration de l’islamisme radical dans la région
La disparition de la présence de l’État dans une partie non négligeable du territoire est le fait d’une agitation des islamistes, elle conduit toujours une proportion plus importante de la population à souffrir de la faim, les enfants sont plus nombreux à mourir jeunes, les inscriptions dans l’enseignement primaire reculent, l’espérance de vie décline.
Le conflit armé est la raison principale des migrations en masse vers les pays voisins. Il importe de dénoncer cette dérive et de la combattre. La formation selon l’exemple marocain des Imams modérés est un impératif urgent autant qu’une solution fondamentale.
3. Il faut protéger les acquis de la démocratie
Dans un deuxième temps, chacun admet que l’enjeu de la démocratie est central dans l’établissement des conditions préalables au développement du pays.
Il est alors nécessaire de replacer cette problématique dans une juste perspective.
Il est fondamental, pour éviter les retours en arrière, que la viabilité du système politique repose sur la protection du mandat présidentiel et de la personne qui exerce la magistrature suprême.
La mise en cause de la responsabilité du chef de l’Etat doit se faire selon les logiques juridiques prévues par la constitution, c’est-à-dire par l’élection présidentielle de 2016.
4. Pour encourager le développement, il faut protéger la stabilité politique
Protéger les conditions d’une stabilité politique c’est permettre le développement. Ce défi ne peut se relever que par la condamnation ferme de toute forme de conflictualité, où l’État ne représenterait plus que la parcelle de pouvoir d’un dirigeant sur un territoire réduit, le reste du pays échappant à toute autorité légitime et devenant ainsi des zones de non droit.
Il faut préserver la stabilité politique en Centrafrique en protégeant la continuité de l’État sur tout le territoire.
5. Une politique de paix durable doit être fondée sur le droit et l’éducation
Agir contre les conflits suppose une vigilance globale permanente. Cette vigilance doit se prolonger par un encouragement de la communtauté internationale et de la France aux diverses initiatives africaines tendant à la recherche d’une solution pacifique.
Outre sur l’Union africaine et la CEMAC, il faut s’appuyer juridiquement sur le Pacte Africain de non agression initié par le Président Sassou Nguesso.
Celui vise à l’extinction des foyers de tensions sur le continent en travaillant à la restauration de la sécurité des États, des personnes et des biens.
Ce Pacte prend en compte les dimensions politiques, économiques, sociales, environnementales des questions de sécurité en Afrique.
Il intègre une approche globalisante qui prend en compte dans le champ politique, une vision complète des conflits dans leurs contextes et non de façon isolée.
Pour dénoncer des atteintes aux droits de l’homme, il faut s’appuyer sur la Cour africaine des droits de l'homme et non pas entamer des actions qui elles mêmes passent par la violation des droits de l’homme où confondre opposition politique et instrumentalisation de la Cour Pénale Internationale.
Il importe en Centrafrique d’œuvrer à changer les comportements, à forger des valeurs de tolérance, de dialogue, d’écoute mutuelle, d’acceptation de la différence, de paix et susciter les transformations institutionnelles pour éliminer les racines profondes de la violence, de l’exclusion, de la marginalisation, c’est-à-dire du conflit.
Il s’agit de prendre un chemin culturel contribuant au rejet d’une culture de la guerre.
Ce chemin passe par l’éducation et non par le reflexe des armes.
Nous croyons avec Hölderlin que « là où croit le péril croit aussi ce qui sauve ».
Il ébranle nos institutions, nos cultures, nos systèmes de relations et, sans exagérer, nos mœurs mêmes. Nous sommes aux prises, avec ce que Marcel Mauss aurait appelé un phénomène social total.
L’aimable dialectique qui permettait, naguère, à ceux qui ont quelques expériences et à ceux qui ne comprennent rien à la vie, de résoudre leurs désaccords éventuels, s’est en plus d’un lieu, transformée en dialogue de sourds.
Pourtant, tous sont appelés à assumer ensemble un même et identique destin.
Lorsque dans la Grèce antique, le Général Tyrtée, parle à ses élèves, il les appelle « jeunesse citoyenne ! », « enfants de Sparte ! », car il ne s’adresse pas à eux comme une bande à part de la société lacédémonienne.
C’est à la vitalité qu’il parle. Il sait que la vie est une succession de passages, de gués à franchir, où se mêlent, confusément, bonheur ou nostalgie de l’avoir-été, souffrance ou nostalgie de l’être-là, désir ou angoisse de l’à-venir.
Il reçoit donc comme un cadeau, la rencontre avec les générations qui le précèdent comme avec elles qui le suivent. Cela suppose une humilité réciproque et une vue à long terme.
Au centre du continent africain, la Centrafrique est située au point amphidromique d’une porosité de frontières, que lui a imposé une complexe contigüité territoriale.
La continuité socioculturelle des diverses régions limitrophes se fait le vecteur d’un enchevêtrement de trajectoires criminelles, transcendant les limites frontalières des structures étatiques.
Il en résulte l’installation progressive d’une violence structurelle multi-céphale qui prolifère sur la disparition progressive de l’intégrité territoriale.
L’instabilité politique qui en est la source et la conséquence, devient quasi instantanément, instabilité sociale locale et phénomène aux conséquences internationales.
Boko Haram qui dans la région s’impose comme le leader de la violence antiétatique n’est pas éternelle si de la Centrafrique, il lui est imposé une difficulté tactique et opérationnelle, par récupération de la maîtrise d’un territoire et par multiplication des menaces qui lui sont imposées.
Ce livre tend à démontrer que le terrorisme peut trouver son achoppement en Centrafrique, par l’émergence imprévue d’un Etat fort en position centrale du continent.
Il s’agit de prouver que la restauration d’un pivot géostratégique de première classe au milieu de l’Afrique centrale, est une base certaine pour une politique de paix pour le continent tout entier et par là pour le monde.
***
De nombreux conflits traversent de part en part la Centrafrique, créant ici ou là, des zones de turbulence extrêmement dangereuses. Les populations s’y trouvent prises en otage et le nombre des victimes innocentes devient tous les jours plus important.
1. Le conflit centrafricain est régional
Il convient de rappeler que, depuis plus de dix ans, la RCA subit les effets négatifs des guerres qui se déroulent dans sa sous-région.
Celle sévissant dans la région des Grands Lacs, en accueillant des milliers de réfugiés de la RDC, du Burundi et du Rwanda mais également les conflits armés des pays voisins comme le Tchad et le Soudan (le conflit du Darfour).
Il importe donc de ne pas laisser dire que la situation actuelle serait simplement nationale. Elle ne l’est pas géographiquement, elle ne l’est pas historiquement, elle ne l’est pas socialement, elle ne l’est pas militairement, elle ne l’est pas politiquement.
2. Il importe de lutter contre la pénétration de l’islamisme radical dans la région
La disparition de la présence de l’État dans une partie non négligeable du territoire est le fait d’une agitation des islamistes, elle conduit toujours une proportion plus importante de la population à souffrir de la faim, les enfants sont plus nombreux à mourir jeunes, les inscriptions dans l’enseignement primaire reculent, l’espérance de vie décline.
Le conflit armé est la raison principale des migrations en masse vers les pays voisins. Il importe de dénoncer cette dérive et de la combattre. La formation selon l’exemple marocain des Imams modérés est un impératif urgent autant qu’une solution fondamentale.
3. Il faut protéger les acquis de la démocratie
Dans un deuxième temps, chacun admet que l’enjeu de la démocratie est central dans l’établissement des conditions préalables au développement du pays.
Il est alors nécessaire de replacer cette problématique dans une juste perspective.
Il est fondamental, pour éviter les retours en arrière, que la viabilité du système politique repose sur la protection du mandat présidentiel et de la personne qui exerce la magistrature suprême.
La mise en cause de la responsabilité du chef de l’Etat doit se faire selon les logiques juridiques prévues par la constitution, c’est-à-dire par l’élection présidentielle de 2016.
4. Pour encourager le développement, il faut protéger la stabilité politique
Protéger les conditions d’une stabilité politique c’est permettre le développement. Ce défi ne peut se relever que par la condamnation ferme de toute forme de conflictualité, où l’État ne représenterait plus que la parcelle de pouvoir d’un dirigeant sur un territoire réduit, le reste du pays échappant à toute autorité légitime et devenant ainsi des zones de non droit.
Il faut préserver la stabilité politique en Centrafrique en protégeant la continuité de l’État sur tout le territoire.
5. Une politique de paix durable doit être fondée sur le droit et l’éducation
Agir contre les conflits suppose une vigilance globale permanente. Cette vigilance doit se prolonger par un encouragement de la communtauté internationale et de la France aux diverses initiatives africaines tendant à la recherche d’une solution pacifique.
Outre sur l’Union africaine et la CEMAC, il faut s’appuyer juridiquement sur le Pacte Africain de non agression initié par le Président Sassou Nguesso.
Celui vise à l’extinction des foyers de tensions sur le continent en travaillant à la restauration de la sécurité des États, des personnes et des biens.
Ce Pacte prend en compte les dimensions politiques, économiques, sociales, environnementales des questions de sécurité en Afrique.
Il intègre une approche globalisante qui prend en compte dans le champ politique, une vision complète des conflits dans leurs contextes et non de façon isolée.
Pour dénoncer des atteintes aux droits de l’homme, il faut s’appuyer sur la Cour africaine des droits de l'homme et non pas entamer des actions qui elles mêmes passent par la violation des droits de l’homme où confondre opposition politique et instrumentalisation de la Cour Pénale Internationale.
Il importe en Centrafrique d’œuvrer à changer les comportements, à forger des valeurs de tolérance, de dialogue, d’écoute mutuelle, d’acceptation de la différence, de paix et susciter les transformations institutionnelles pour éliminer les racines profondes de la violence, de l’exclusion, de la marginalisation, c’est-à-dire du conflit.
Il s’agit de prendre un chemin culturel contribuant au rejet d’une culture de la guerre.
Ce chemin passe par l’éducation et non par le reflexe des armes.
Nous croyons avec Hölderlin que « là où croit le péril croit aussi ce qui sauve ».