Redondant mais utile de le rappeler, les Tchadiens sont fatigués de cette incapacité notoire de l’État à définir un vrai projet énergétique, à l’échelle nationale, qui de surcroit, aurait dû être réalisé depuis déjà plusieurs années, quand on sait que la consommation énergétique dans la capitale est passée, en huit ans, de 70 MW à 120 MW, et ne cessera d’augmenter chaque année.
Si la solution énergétique tchadienne tarde à venir, et à combler les besoins primaires des ménages tchadiens, entreprises et structures administratives, elle ne résidera très probablement pas dans l’approvisionnement en fioul ou carburant des groupes électrogènes de la SNE. Cela n’est qu’une solution de court terme qui engage plus de dépenses, et qui ne peut nourrir les ambitions énergétiques que méritent le Tchad.
De plus, N’Djamena connaît une croissance démographique considérable, couplée à l’exode rurale et à la multiplication attendue des entreprises désireuses d’investir au Tchad, même si elles se font pour le moment, timides.
Tout le monde le sait, l’autosuffisance énergétique est interdépendante avec la croissance économique espérée au Tchad, surtout dans un contexte où la création de valeur et de richesse, s’inscrit dans l’industrialisation et la transformation, tous secteurs confondus. Heureusement, la législation nationale, portant sur la production et la distribution de l’énergie, a évolué et permet déjà aux entreprises privées nationales et étrangères d’investir au Tchad pour renforcer le capital énergie dans le réseau de la SNE ou d’investir dans des micro-réseaux (ou « mini-grids »).
Des mesures certes salutaires mais qui restent insuffisantes, compte tenu d’une attractivité économique capricieuse. En s’inspirant des modèles de projets d’investissement énergétique déjà réalisés au Maroc et au Cameroun, le gouvernement tchadien doit urgemment penser à la structuration d’une stratégie nationale énergétique sur les dix prochaines années à venir, en visant l’horizon 2034 et en travaillant de concert, sur l’un des plus gros projets d’investissement post-pétrolier, avec des investisseurs et partenaires techniques et financiers qui ont le profil et l’expérience en la matière.
Le modèle du Royaume du Maroc, le « Complexe Noor Ouarzazate » réunissant quatre phases (Noor Ouarzazate I à Noor Ouarzazate IV) étendu sur 3.000 hectares, a été, non seulement, le premier projet solaire élaboré dans le cadre de la stratégie énergétique marocaine visant surtout à injecter de l’énergie propre dans le réseau de distribution national grâce à une puissance générée maximale de 580 MW, mais surtout le plus grand projet solaire sur le continent africain auquel plusieurs institutions financières dont la Banque Africaine de Développement (BAD), l’Union Européenne et l’Agence Française de Développement (AFD) et partenaires techniques et financiers ont accepté de soutenir la réalisation des travaux.
La première phase avait débuté le 10 mai 2013 et a été inaugurée par le Roi du Royaume du Maroc, Mohammed VI en 2016. Le coût de la première phase du Complexe Noor Ouarzazate, dont la puissance générée était estimée à 160 MW avait coûté 7 milliards de dirhams marocains (MAD), soit approximativement l’équivalent de 420 milliards de Francs CFA, pour une durée de réalisation en trois ans.
Le coût du kilowattheure revenait ainsi aux Marocains à 1,38 dirhams marocains (MAD), soit l’équivalent d’environ 83 Francs CFA avant de redescendre à moins de 30 Francs CFA pour la phase 4 (Noor Ouarzazate IV).
Aussi, quant au modèle d’inspiration camerounais, le projet « Nachtigal Hydro power » consistant en l’aménagement du barrage hydroélectrique sur la Sanaga (70 km au nord-est de la capitale Yaoundé), a pour objectif de livrer en 2024, 420 MW supplémentaires dans le réseau électrique national, pour un coût total de 1,2 milliard de d’euros soit l’équivalent d’environ 785 milliards de Francs CFA.
Cet investissement écologique aura l’ambition de satisfaire 30% de la production électrique du Cameroun. Le Cameroun a fait le choix d’opter pour une « joint-venture » dénommée « Nachtigal Hydro power Company » (NHPC), avec au moins 50% des capitaux de l’État camerounais et 40% du capital social détenu par la société française « Électricité De France » (EDF ou récemment ENGIE).
Fait intéressant, le Cameroun a choisi d’opter pour une implication d’une société étrangère française expérimentée permettant non seulement d’assurer une exécution sérieuse du projet, et une meilleure gouvernance de l’entreprise franco-camerounaise, mais aussi d’attirer les financements « cross- border ».
Quelle structuration pour une stratégie nationale énergétique à l’horizon 2034 au Tchad ?
Il y a tout d’abord lieu de définir les sources d’énergies à fort potentiel tout en identifiant les conditions « climato-géographiques » les plus favorables au Tchad pour maximiser la production énergétique. Si l’entreprise russe, ROSATOM avait tenté, il y a quelques années, une approche au Tchad pour proposer du nucléaire civil, le choix opportun devrait être porté sur un mix énergétique entre les énergies solaire et éolienne au nord du pays avec des installations de mini centrales indépendantes dans les quatre coins névralgiques du Tchad.
Si la facture d’un tel méga projet s’annonce déjà très salée pour que le budget national puisse absorber le financement en totalité, le gouvernement tchadien devra s’appuyer sur de l’investissement en capitaux propres, de la dette et des compétences extérieures.
Mettre en place une syndication bancaire, en faisant appel à un cofinancement provenant de différentes banques et d’institutions de financement locales et internationales, faire appel au marché de la dette régionale par emprunt obligataire sur 5 ans pour lever une partie des fonds.
Enfin, opérationnaliser une joint-venture avec une société étrangère à l’exemple de l’entreprise française EDF, ou en faisant appel au génie marocain ayant dorénavant une expérience en matière d’énergie solaire. Pour réduire la facture, l’État tchadien peut aussi innover en matière de partenariat public privé (PPP) et proposer que les travaux puissent être financés par une société tierce partiellement, et bénéficier en contrepartie des redevances sur une longue durée.
Ce qui modifierait le mode de gouvernance de la SNE. Et pour couronner le tout, le ministère des Finances et du Budget pourrait émettre une proposition de taxe dont le produit couvrirait en partie les emprunts liés à un tel méga projet dont le coût pourrait facilement atteindre la somme colossale du milliard d’euros.
Bien sûr, la SNE de demain, dépouillée ou non au profit d’une nouvelle entreprise performante, aura cette mission quasi-régalienne de résultat et devra faire preuve de rigueur dans la gestion du capital énergétique tchadien.
Si la solution énergétique tchadienne tarde à venir, et à combler les besoins primaires des ménages tchadiens, entreprises et structures administratives, elle ne résidera très probablement pas dans l’approvisionnement en fioul ou carburant des groupes électrogènes de la SNE. Cela n’est qu’une solution de court terme qui engage plus de dépenses, et qui ne peut nourrir les ambitions énergétiques que méritent le Tchad.
De plus, N’Djamena connaît une croissance démographique considérable, couplée à l’exode rurale et à la multiplication attendue des entreprises désireuses d’investir au Tchad, même si elles se font pour le moment, timides.
Tout le monde le sait, l’autosuffisance énergétique est interdépendante avec la croissance économique espérée au Tchad, surtout dans un contexte où la création de valeur et de richesse, s’inscrit dans l’industrialisation et la transformation, tous secteurs confondus. Heureusement, la législation nationale, portant sur la production et la distribution de l’énergie, a évolué et permet déjà aux entreprises privées nationales et étrangères d’investir au Tchad pour renforcer le capital énergie dans le réseau de la SNE ou d’investir dans des micro-réseaux (ou « mini-grids »).
Des mesures certes salutaires mais qui restent insuffisantes, compte tenu d’une attractivité économique capricieuse. En s’inspirant des modèles de projets d’investissement énergétique déjà réalisés au Maroc et au Cameroun, le gouvernement tchadien doit urgemment penser à la structuration d’une stratégie nationale énergétique sur les dix prochaines années à venir, en visant l’horizon 2034 et en travaillant de concert, sur l’un des plus gros projets d’investissement post-pétrolier, avec des investisseurs et partenaires techniques et financiers qui ont le profil et l’expérience en la matière.
Le modèle du Royaume du Maroc, le « Complexe Noor Ouarzazate » réunissant quatre phases (Noor Ouarzazate I à Noor Ouarzazate IV) étendu sur 3.000 hectares, a été, non seulement, le premier projet solaire élaboré dans le cadre de la stratégie énergétique marocaine visant surtout à injecter de l’énergie propre dans le réseau de distribution national grâce à une puissance générée maximale de 580 MW, mais surtout le plus grand projet solaire sur le continent africain auquel plusieurs institutions financières dont la Banque Africaine de Développement (BAD), l’Union Européenne et l’Agence Française de Développement (AFD) et partenaires techniques et financiers ont accepté de soutenir la réalisation des travaux.
La première phase avait débuté le 10 mai 2013 et a été inaugurée par le Roi du Royaume du Maroc, Mohammed VI en 2016. Le coût de la première phase du Complexe Noor Ouarzazate, dont la puissance générée était estimée à 160 MW avait coûté 7 milliards de dirhams marocains (MAD), soit approximativement l’équivalent de 420 milliards de Francs CFA, pour une durée de réalisation en trois ans.
Le coût du kilowattheure revenait ainsi aux Marocains à 1,38 dirhams marocains (MAD), soit l’équivalent d’environ 83 Francs CFA avant de redescendre à moins de 30 Francs CFA pour la phase 4 (Noor Ouarzazate IV).
Aussi, quant au modèle d’inspiration camerounais, le projet « Nachtigal Hydro power » consistant en l’aménagement du barrage hydroélectrique sur la Sanaga (70 km au nord-est de la capitale Yaoundé), a pour objectif de livrer en 2024, 420 MW supplémentaires dans le réseau électrique national, pour un coût total de 1,2 milliard de d’euros soit l’équivalent d’environ 785 milliards de Francs CFA.
Cet investissement écologique aura l’ambition de satisfaire 30% de la production électrique du Cameroun. Le Cameroun a fait le choix d’opter pour une « joint-venture » dénommée « Nachtigal Hydro power Company » (NHPC), avec au moins 50% des capitaux de l’État camerounais et 40% du capital social détenu par la société française « Électricité De France » (EDF ou récemment ENGIE).
Fait intéressant, le Cameroun a choisi d’opter pour une implication d’une société étrangère française expérimentée permettant non seulement d’assurer une exécution sérieuse du projet, et une meilleure gouvernance de l’entreprise franco-camerounaise, mais aussi d’attirer les financements « cross- border ».
Quelle structuration pour une stratégie nationale énergétique à l’horizon 2034 au Tchad ?
Il y a tout d’abord lieu de définir les sources d’énergies à fort potentiel tout en identifiant les conditions « climato-géographiques » les plus favorables au Tchad pour maximiser la production énergétique. Si l’entreprise russe, ROSATOM avait tenté, il y a quelques années, une approche au Tchad pour proposer du nucléaire civil, le choix opportun devrait être porté sur un mix énergétique entre les énergies solaire et éolienne au nord du pays avec des installations de mini centrales indépendantes dans les quatre coins névralgiques du Tchad.
Si la facture d’un tel méga projet s’annonce déjà très salée pour que le budget national puisse absorber le financement en totalité, le gouvernement tchadien devra s’appuyer sur de l’investissement en capitaux propres, de la dette et des compétences extérieures.
Mettre en place une syndication bancaire, en faisant appel à un cofinancement provenant de différentes banques et d’institutions de financement locales et internationales, faire appel au marché de la dette régionale par emprunt obligataire sur 5 ans pour lever une partie des fonds.
Enfin, opérationnaliser une joint-venture avec une société étrangère à l’exemple de l’entreprise française EDF, ou en faisant appel au génie marocain ayant dorénavant une expérience en matière d’énergie solaire. Pour réduire la facture, l’État tchadien peut aussi innover en matière de partenariat public privé (PPP) et proposer que les travaux puissent être financés par une société tierce partiellement, et bénéficier en contrepartie des redevances sur une longue durée.
Ce qui modifierait le mode de gouvernance de la SNE. Et pour couronner le tout, le ministère des Finances et du Budget pourrait émettre une proposition de taxe dont le produit couvrirait en partie les emprunts liés à un tel méga projet dont le coût pourrait facilement atteindre la somme colossale du milliard d’euros.
Bien sûr, la SNE de demain, dépouillée ou non au profit d’une nouvelle entreprise performante, aura cette mission quasi-régalienne de résultat et devra faire preuve de rigueur dans la gestion du capital énergétique tchadien.