POINT DE VUE

RCA : Divergence de point de vue certes, mais l'unité d'abord chers compatriotes


Alwihda Info | Par Alexis Clevis SINGA - 20 Mai 2014



Par Alexis Clevis SINGA

C'est dans un esprit relativement optimiste que je m'impose ce devoir : celui d'objecter sur certaines analyses.

Il est avéré que ce pays qu'est le nôtre a, depuis la mort de Barthélémy Boganda, surfer sur la ''néantisation du patriotisme'' des politiques et également de certains membres de la société civile se proclamant apolitiques, ayant côtoyé le pouvoir des différents régimes.

Pour certains observateurs dont je fais partie en l'occurrence, il n'est point question de contextualiser une ''légitimité effective'', mais plutôt d'asseoir des propositions contributives, relatives à la refondation de notre pays. Même si l'''exogénéité'' à tout point de vue, caractérise les contraintes dont certains font allusion, il est de mon avis possible que la convergence des ''forces nouvelles'', pas forcément ''intellectualistes'' oblige la présidente, madame Cathérine Samba Panza à un nouveau calibrage gouvernemental.

Mais est-ce vraiment la panacée ?

La crise actuelle a révélé aux yeux de nos compatriotes, des amis de la Centrafrique et d'ailleurs, des ''analystes critiques'', des opportunistes, des ''calculateurs'', mais aussi des forces de proposition.
Ce qui, en tout état de cause, devrait servir le pouvoir et permettre une orientation satisfaisante de la politique à mener, compte tenu du caractère exceptionnel du moment.

Ici et là, d'aucuns s'exercent à parler, à contester ou même à écrire sur ce qu'ils appellent le ''bilan des cent jours''. Bel exercice de démocratie !

D'autres s'évertuent à espérer un retour éventuel de la paix et de la sécurité, en formulant des propositions et en dénonçant le balbutiement de la gouvernance actuelle. Rien de mal à cela.

Mais là où le bât blesse, c'est d'entendre dire par ceux-là même qui, aux premiers jours de la composition du gouvernement Nzapayeke, tout en dénonçant la pérennité du clanisme et du déshonneur, affirment par ailleurs, que les prises de positions affichées par ''tous'', relèvent de l'anti-patriotisme.

J'exige de nos compatriotes la capacité à mettre en exergue leur talent pour rassembler, plutôt que de stigmatiser certains des leurs dont les opinions divergent. L'intérêt supérieur de la nation centrafricaine doit être une exigence pour tous.

Pour l'heure, je considère à titre personnel qu'il est inconséquent de collaborer avec un pouvoir prompt à poursuivre des journalistes pour injure mais laisse sans inquiétude des auteurs présumés de crimes graves comme Djotodia et sa bande de mercenaires, couler des jours de gloire sous prétexte qu’ils ne sont pas visés par des procédures judiciaires. N'en déplaise aux opportunistes qui pensent qu'être ministre, c'est une fin en soi et qui bobillonnent pourtant à apporter un projet clair à travers leurs analyses de peur de ne pas être nommés.

Il n’y a pas de ''codes universalistes'' en politique, si ce n'est la préservation de l'intérêt d'une nation, d'un clan ou d'une famille. Ce choix, madame Samba Panza l'a fait mais au profit de qui ?

La question reste posée.

Pour autant, la question primordiale de la sécurité, incluse dans la feuille de route ne doit pas être éludée. Des ministres issus de la Séléka sont en poste, mais rien y fait. La Séléka se dit en ''congrès'' dans le nord et les crimes sont toujours érigés en mode d’expression. Les anti-balaka ont des représentants dans le gouvernement et au cabinet du premier ministre, mais des musulmans centrafricains innocents sont assiégés. L'insécurité est de fait entretenue...Bangui, la capitale centrafricaine se trouve ''partitionnée'' comme la portion nord du pays. Les barbares de la Séléka qui ont tué et violé les fils et filles de la Centrafrique bénéficient d'un privilège, celui de conserver leurs armes contrairement aux forces armées centrafricaines ou du moins ce qu'il en reste.

Ne pas en parler, c'est parfaire la thèse de ''l'intelligentsia pourrie'' à la solde d'une bouffonnerie d'un autre temps, complice de la force du mal opérant dans notre pays.

Chers compatriotes, l'heure n'est plus à l'exhibitionnisme de la pensée moralisatrice ou donneuse de leçons, mais à l'unité. La critique ne doit aucunement se substituer à l'insulte et à la suspicion mais permettre de toute évidence à l'opinion, de découvrir les possibilités de solutions autres que ce qui est proposé, même si les centres de décisions sur l'avenir de la Centrafrique se sont déplacés à New-York, Bruxelles, Paris et Addis-Abeba.

Notre Présidente n'a en réalité qu'un infime pouvoir, celui de nommer par décret ou d'animer les jeux de chaises musicales entre politicards, amies et parents. La sécurité de nos compatriotes dépend des forces étrangères notamment Misca et Sangaris. Ces derniers semblent dicter unilatéralement à la présidente la conduite à tenir tout en favorisant le regroupement au nord des éléments de la Séléka.

La convergence de toutes les composantes de la nation centrafricaine devrait à priori, peser sur les échanges éventuels avec les décideurs internationaux. Pour cela, il faut responsabiliser des pacifistes technocrates expérimentés, rompus aux négociations difficiles avec les instances internationales et évincer les protagonistes de cette ''guerre interne'' en attendant d'engager le processus de désarmement. Que de temps perdu !

Je mets en garde tout de même le gouvernement à venir, contre toute tentative d'atermoiement, quant à la poursuite effective des auteurs de crimes déjà identifiés ainsi que leurs complices. Une éventuelle impunité ''orchestrée'' à leur égard, sera considérée comme une déclaration de guerre et le pouvoir en place en prendra l'entière responsabilité. Nous sommes toujours malgré tout, dans l'attente d'une consultation concernant la mise en place d'une ''Commission Justice et Réparation'' dont nous souhaitons qu'elle soit autonome et présidée par nos trois ambassadeurs de paix, à savoir: l’archevêque de Bangui Nzapalainga, l'imam Kobine et le pasteur Grékoyame. A l'issu des travaux de cette entité, sera évoquée in fine, la question de la réconciliation qui ne peut être l'expression d'une haine mais plutôt d'une construction durable de la paix.

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