Par DAMANA Paul
Des experts de l'ONU en Syrie. © PHOTO ARCHIVES AFP
Le secrétaire général des Nations Unies vient de mettre en place une commission d’enquête internationale sur les crimes commis en République Centrafricaine depuis le 24 mars 2013. Une belle initiative qui dénote que notre pays n’est plus dans l’oubli de l’histoire. Mais nous faisons observer que cette présupposé démarche doit obéir à un critère rigide qui tient compte à la fois, des causes ayant produit cette déflagration meurtrière aveugle. Car sans les causes, la démarche serait vouée à l’échec et le mal reviendra toujours.
Primo, il faut partir du postulat que la rébellion séléka a bénéficié d’appui tacite de certains pays du golf comme le Qatar qui finançait à coup de dollars les armes et équipement avec un rapport de force qui dépasse l’armature des forces de défense et de sécurité nationale avec au bout du compte le projet expansionniste de l’islam. A ce titre, Djotodia a d’une part reçu en argent liquide un montant colossal chiffré à de centaine de milliards de dollars pour lui permettre de réparer les préjudices et d’apaiser le climat social une fois au pouvoir. D’autre part, il y’a les pays aux confins de la RCA comme le Tchad, le Soudan qui ont fourni le gros des équipements et arsenaux militaires mais également des éléments combattants. Sur ce volet précis, il faut faire un appel à témoigne permettant aux centrafricains d’aller faire de dépositions par preuve testimoniales ou en apportant les preuves matérielles qui pourraient étayer les allégations. L’équipe devrait aussi sillonner toutes les provinces de la RCA pour constater de visu l’étendu des dégâts d’en constater s’ils émanent des Sélékas ou des antis balaka sous réserve que l’équipe comprenne en terme chronologique que la milice anti balaka commençait à sévir il y’a peu de temps et que leur rayon d’action ne couvre pas l’ensemble du territoire national. L’enquête doit aussi pour chaque cas de figure, saisir le mobile réel de leur lutte armée.
Secondo, il faut également que l’équipe d’enquête ait le courage de fouiner plus profondément dans le « input » de l’histoire de la RCA depuis des siècles, qui est synonyme d’un désastre continu. Le pays est un « terrain de jeu de prédilection, de la France écrasant toute tentative de rébellion et assurant, (…) une gestion quasi directe du pouvoir politique. Cette souveraineté de fait a permis à la France d’entretenir soigneusement la déliquescence de la RCA, pour mieux servir ses visées stratégiques et livrer le territoire au pillage de ses affairistes. Le seul objectif des subventions françaises depuis l’indépendance (…) est d’assurer la continuité de l’exploitation des matières premières et l’accès aux aéroports1». La RCA continue de subir les conséquences d’une guerre qui lui a été imposée. Les crimes et exactions qui en découlent sont les mêmes causes qui produisent les mêmes effets. Les autorités françaises doivent aussi s’expliquer pour leur implications à l’origine de cette tragédie au nom du principe d’égalité de tous devant la loi.
Tertio, s’agissant du Tchad, les nombreuses récriminations faites par les centrafricains ne s’adressent non au peuple tchadien mais plutôt au régime d’Idriss Deby le vassal et exécuteur d’ordre du président Hollande. Le président Idriss Deby est accusé d’être de mèche avec la funeste rébellion séléka par suite de son implication avérée. A travers quelques
faisceaux d’indices dont nous disposons, nous pourrions à bon droit réitérer qu’il est bel et bien trempé comme complice dans ce chaos. Des preuves que nous aurions le cas échéant soumettre à l’attention de cette commission d’enquête onusienne si jamais un appel à témoigne serait lancé. Puisque l’accusé a récemment lancé un défi à quiconque de montrer les preuves des accusations avancées.
Quarto, nous savons que la commission d’enquête onusienne serait appelée à s’atteler rien que sur l’aspect pénal. On se contentera d’une simple condamnation de présumés coupables sujets centrafricains sans trancher le nœud gordien du problème. Or, l’écrasante majorité de la population centrafricaine frappée de plein fouet par cette tragédie a subi beau coup de dommages au prix du sang versé, des biens publics et privés spoliés et transités vers le Tchad et le Soudan. En cela, les Centrafricains ne sont plus les dindons de la farce. Ils font les frais de toutes les turpitudes de l’histoire et ne baisseront plus les bras. C’est désormais un peuple en plein éveil de conscience. Cette population s’organise activement pour ester devant des instances compétentes pour demander réparation des préjudices subits.
Cette dimension du problème peut valablement s’adhérer au principe de biens mal acquis. Au lieu de s’apitoyer exclusivement que sur les biens des Chefs d’Etats africains accusés de détournement de l’argent public au détriment de leur peuples pour des investissements immobilières en Europe, l’usage aurait voulu que désormais la puissance coloniale qui pille les ressources naturelles des Etats africains à force de traiter de dictateurs ceux qui leurs tiennent la dragée haute, puisse rendre compte des biens spoliés au détriment des peuples africains. Ce n’est qu’à ce prix qu’on parlera de la vraie justice, des droits de l’homme et du principe du droit d’auto détermination des peuples. Car, « on ne peut pas prétendre être la solution quand on fait à ce point partie du problème2. »
Enfin, la cristallisation de la tension intercommunautaire entre chrétiens et musulmans n’est qu’une instrumentalisation et la conséquence logique d’un certain obscurantisme dans l’analyse d’un plan de coup d’état qui a tourné au vinaigre. Raison, parceque les ingrédients réunis pour assaisonner la sauce n’ont pas obéit aux principes culinaires. Des personnes ont été utilisées comme pions sur l’échiquier, une partie d’une communauté s’adonnait à cœur joie à faire le jeu des forces occultes. Bref ! La vraie réconciliation commence d’abord par un pardon pour faire amende honorable. C’est le meilleur sédatif contre la gangrène qui ronge au-delà de tous mécanismes conventionnels de pacification.
DAMANA Paul.