Ce qui a été annoncé par les rebelles tchadiens début décembre 2007 comme pouvant être la phase imminente et décisive de « l'assaut » contre le régime de N'Djamena s'est limité finalement, un mois après, à la mise sur pied d'un « commandement unifié » des forces des trois principaux mouvements, l'UFDD, l'UFDD/Fondamentale et le RFC. Pas une fusion totale de toutes les rebellions. Un simple « commandement unifié.» Encore à quel prix ! Á la suite des combats acharnés qui ont opposé l'armée gouvernementale aux rebelles de l'UFDD et du RFC fin novembre début décembre à l'est du Tchad et qui se sont soldés par la victoire de l'ANT sur les rebelles, les insurgés ont pris conscience d'« unifier » leurs forces.
Les rebellions tchadiennes qui se sont prêtées depuis de longs mois pour la conquête du pouvoir se sont heurtées à l'obstination sans faille d'une armée, dirigée par le président tchadien en personne, déterminée à sauvegarder le régime. L'issue des combats a été fatale pour toutes les parties belligérantes qui ont déploré plusieurs centaines de pertes en vies humaines de part et d'autre.
Après l'annonce faite par Idriss Deby Itno le 1er décembre 2007 à l'occasion des festivités marquant le dix-septième anniversaire de son arrivée au pouvoir, avoir « anéanti totalement » les rebelles de l'UFDD, une accalmie précaire règne à l'est du Tchad. Moins d'une semaine plus tard, l'opinion publique apprend également que les forces du RFC ont été à leur tour « totalement anéanties » par les forces gouvernementales.
Depuis, les rebelles se sont livrés à une guerre médiatique en promettant de revenir à la charge mais aussi qu'ils n'hésiteraient pas à « tirer contre l'aviation française » qui survole leur position. De tradition rebelle tchadienne, il faut subir d'abord un revers cuisant avant de chercher à palabrer pour se mettre d'accord, du bout des lèvres du moins. La cessation d'attaque constatée depuis près d'un mois sur le théâtre des opérations confirme l'annonce faite par le pouvoir d'avoir défait les rebelles. Ces derniers ont laissé entendre, début décembre, qu'ils allaient devoir mettre sur pied un « commandement unifié.»
Un front dans le front
Chacun des dirigeants des trois mouvements rebelles veut devenir le « commandant des forces unifiées ». Les palabres autour de cette question vont dresser les rebelles les uns contre les autres. Une véritable campagne se fait battre avec des alliances et contre-alliances et va durer un mois. Abakar Tolli, secrétaire général de l'UFDD, se verrait bien le favoris pour être à la tête des « forces unifiées » mais n'obtient pas le soutien du général Nouri qui, contre toute attente, va apporter son appui à la candidature du colonel Fizani Mahadjir. Tolli ne cache pas sa déception et ses frustrations face à ce qu'il a ressenti comme une « trahison » de la part de son chef hiérarchique.
Au même moment, l'UFDD/Fondamentale étale ses problèmes de leadership au vu et au su de tous. Après une absence remarquée de plusieurs mois passés en Europe, Acheikh Ibn Oumar débarque pour réclamer la présidence « tournante » du mouvement assurée actuellement par Abdelwahid Aboud. Ce qui ne se passe pas sans heurts d'autant que ce dernier oppose un refus catégorique et accuse le premier d'« inactif » et de s'être mis volontairement en retrait des activités du mouvement « pendant les moments chauds.»
L'annonce de la nomination du colonel Fizani Mahadjir à la tête du commandement des forces rebelles unifiées ne fait pas que des heureux. Aucun communiqué prompt émanant des intéressés eux-mêmes n'a été constaté dans les heures qui ont suivi cette promotion. Il aura fallu attendre trois jours pour rendre publique la nouvelle. Ce qui explique que ce n'est pas de gaieté de cœur que les rebelles tchadiens se retrouvent toujours pour « se mettre d'accord » sur un projet. Ils n'en manifestent l'imparfaite volonté que lorsqu'ils subissent une débâcle.
L'idée de penser à un « commandement unifié » maintenant est liée au résultat défaitiste des combats récents à l'est du pays. Chaque faction a tendance à vouloir prendre le pouvoir pour le pouvoir donc à mener des opérations en son nom propre. Jusqu'ici aucun rebelle n'a prouvé qu'il a pris les armes pour une cause nationale. Tous ou presque, les rebelles qui agissent aux confins du Tchad, ont collaboré pendant longtemps avec le régime qu'ils feignent de combattre actuellement pour des raisons de biens matériels. Beaucoup ont pris les armes parce qu'ils ont été soit muté soit ont perdu un poste.
Pour prouver réellement aux Tchadiens qu'ils ont la ferme conviction d'apporter un changement, puisque c'est le leitmotiv de tous, les rebelles qui sévissent dans les no man's lands du Soudan et du Tchad n'ont pas besoin se constituer autour des clans. Si tous ces hommes sont animés d'une volonté parfaite d'agir pour le changement au Tchad, nul n'est besoin de voir une prolifération de mouvements armés dénommés « politico-militaires » d'autant qu'ils savent parfaitement que les attaques disparates et sporadiques qu'ils lancent une fois par an contre les positions de l'armée gouvernementale n'aboutissent à rien. Un seul mouvement regroupant tous les rebelles aurait suffit. Or le but du jeu n'étant pas de trouver des solutions aux problèmes du Tchad mais l'enjeu tourne autour de l'appât du gain. C'est pourquoi tous ces belligérants ne pourront jamais s'entendre pour se rassembler, tous ensemble, au sein d'un mouvement singleton. Cet état de faits s'explique par l'incapacité des rebelles à s'entendre sur un nom unique pour les représenter, d'où, la mise sur pied d'un bureau collégial à la mi-décembre dirigé conjointement et de manière tournante par Mahamat Nouri, Abdelwahid Aboud et Timan Erdimi. La désignation du colonel Fizani à la tête d'une coordination militaire le 1er janvier intervient de justesse après la composition dudit bureau.
Pourquoi un simple commandement unifié et non une fusion générale de tous les rebelles
Une volonté réelle d'apporter un changement radical au Tchad ne se traduit pas par des velléités de « commandement unifié » de rebelles. Tous ces agissements ont leur limite et finissent par rester à la lisière d'un simple communiqué de presse. Pour constituer un simple commandement unifié, il a fallu mettre un mois. En dépit de sa création et de l'annonce faite à propos, cet organe reste très fragile et peut voler en éclats d'un moment à l'autre. Car des divergences notoires ont été perceptibles de prime à bord et ont émaillé à longueur de journées les palabres qui ont débouché sur ledit « accord ». Pourquoi un simple commandement unifié et non une fusion générale de tous les rebelles ? Une telle hypothèse ne serait possible que si tout le monde se bat pour l'intérêt national. Dans la situation actuelle, quelle que soit l'« unification » du « commandement » des forces rebelles, rien ne garantit que les acteurs de cette initiative soient aptes à surmonter les querelles de clocher et les épreuves à venir. Avant de s'atteler à renverser un régime et en instaurer un autre, il aurait mieux valu pour les rebelles d'être d'abord à même de transcender les petites divergences qui les divisent, voire qui les opposent.
Kébir
Les rebellions tchadiennes qui se sont prêtées depuis de longs mois pour la conquête du pouvoir se sont heurtées à l'obstination sans faille d'une armée, dirigée par le président tchadien en personne, déterminée à sauvegarder le régime. L'issue des combats a été fatale pour toutes les parties belligérantes qui ont déploré plusieurs centaines de pertes en vies humaines de part et d'autre.
Après l'annonce faite par Idriss Deby Itno le 1er décembre 2007 à l'occasion des festivités marquant le dix-septième anniversaire de son arrivée au pouvoir, avoir « anéanti totalement » les rebelles de l'UFDD, une accalmie précaire règne à l'est du Tchad. Moins d'une semaine plus tard, l'opinion publique apprend également que les forces du RFC ont été à leur tour « totalement anéanties » par les forces gouvernementales.
Depuis, les rebelles se sont livrés à une guerre médiatique en promettant de revenir à la charge mais aussi qu'ils n'hésiteraient pas à « tirer contre l'aviation française » qui survole leur position. De tradition rebelle tchadienne, il faut subir d'abord un revers cuisant avant de chercher à palabrer pour se mettre d'accord, du bout des lèvres du moins. La cessation d'attaque constatée depuis près d'un mois sur le théâtre des opérations confirme l'annonce faite par le pouvoir d'avoir défait les rebelles. Ces derniers ont laissé entendre, début décembre, qu'ils allaient devoir mettre sur pied un « commandement unifié.»
Un front dans le front
Chacun des dirigeants des trois mouvements rebelles veut devenir le « commandant des forces unifiées ». Les palabres autour de cette question vont dresser les rebelles les uns contre les autres. Une véritable campagne se fait battre avec des alliances et contre-alliances et va durer un mois. Abakar Tolli, secrétaire général de l'UFDD, se verrait bien le favoris pour être à la tête des « forces unifiées » mais n'obtient pas le soutien du général Nouri qui, contre toute attente, va apporter son appui à la candidature du colonel Fizani Mahadjir. Tolli ne cache pas sa déception et ses frustrations face à ce qu'il a ressenti comme une « trahison » de la part de son chef hiérarchique.
Au même moment, l'UFDD/Fondamentale étale ses problèmes de leadership au vu et au su de tous. Après une absence remarquée de plusieurs mois passés en Europe, Acheikh Ibn Oumar débarque pour réclamer la présidence « tournante » du mouvement assurée actuellement par Abdelwahid Aboud. Ce qui ne se passe pas sans heurts d'autant que ce dernier oppose un refus catégorique et accuse le premier d'« inactif » et de s'être mis volontairement en retrait des activités du mouvement « pendant les moments chauds.»
L'annonce de la nomination du colonel Fizani Mahadjir à la tête du commandement des forces rebelles unifiées ne fait pas que des heureux. Aucun communiqué prompt émanant des intéressés eux-mêmes n'a été constaté dans les heures qui ont suivi cette promotion. Il aura fallu attendre trois jours pour rendre publique la nouvelle. Ce qui explique que ce n'est pas de gaieté de cœur que les rebelles tchadiens se retrouvent toujours pour « se mettre d'accord » sur un projet. Ils n'en manifestent l'imparfaite volonté que lorsqu'ils subissent une débâcle.
L'idée de penser à un « commandement unifié » maintenant est liée au résultat défaitiste des combats récents à l'est du pays. Chaque faction a tendance à vouloir prendre le pouvoir pour le pouvoir donc à mener des opérations en son nom propre. Jusqu'ici aucun rebelle n'a prouvé qu'il a pris les armes pour une cause nationale. Tous ou presque, les rebelles qui agissent aux confins du Tchad, ont collaboré pendant longtemps avec le régime qu'ils feignent de combattre actuellement pour des raisons de biens matériels. Beaucoup ont pris les armes parce qu'ils ont été soit muté soit ont perdu un poste.
Pour prouver réellement aux Tchadiens qu'ils ont la ferme conviction d'apporter un changement, puisque c'est le leitmotiv de tous, les rebelles qui sévissent dans les no man's lands du Soudan et du Tchad n'ont pas besoin se constituer autour des clans. Si tous ces hommes sont animés d'une volonté parfaite d'agir pour le changement au Tchad, nul n'est besoin de voir une prolifération de mouvements armés dénommés « politico-militaires » d'autant qu'ils savent parfaitement que les attaques disparates et sporadiques qu'ils lancent une fois par an contre les positions de l'armée gouvernementale n'aboutissent à rien. Un seul mouvement regroupant tous les rebelles aurait suffit. Or le but du jeu n'étant pas de trouver des solutions aux problèmes du Tchad mais l'enjeu tourne autour de l'appât du gain. C'est pourquoi tous ces belligérants ne pourront jamais s'entendre pour se rassembler, tous ensemble, au sein d'un mouvement singleton. Cet état de faits s'explique par l'incapacité des rebelles à s'entendre sur un nom unique pour les représenter, d'où, la mise sur pied d'un bureau collégial à la mi-décembre dirigé conjointement et de manière tournante par Mahamat Nouri, Abdelwahid Aboud et Timan Erdimi. La désignation du colonel Fizani à la tête d'une coordination militaire le 1er janvier intervient de justesse après la composition dudit bureau.
Pourquoi un simple commandement unifié et non une fusion générale de tous les rebelles
Une volonté réelle d'apporter un changement radical au Tchad ne se traduit pas par des velléités de « commandement unifié » de rebelles. Tous ces agissements ont leur limite et finissent par rester à la lisière d'un simple communiqué de presse. Pour constituer un simple commandement unifié, il a fallu mettre un mois. En dépit de sa création et de l'annonce faite à propos, cet organe reste très fragile et peut voler en éclats d'un moment à l'autre. Car des divergences notoires ont été perceptibles de prime à bord et ont émaillé à longueur de journées les palabres qui ont débouché sur ledit « accord ». Pourquoi un simple commandement unifié et non une fusion générale de tous les rebelles ? Une telle hypothèse ne serait possible que si tout le monde se bat pour l'intérêt national. Dans la situation actuelle, quelle que soit l'« unification » du « commandement » des forces rebelles, rien ne garantit que les acteurs de cette initiative soient aptes à surmonter les querelles de clocher et les épreuves à venir. Avant de s'atteler à renverser un régime et en instaurer un autre, il aurait mieux valu pour les rebelles d'être d'abord à même de transcender les petites divergences qui les divisent, voire qui les opposent.
Kébir